MORTS ET BLESSES DES 30 ET 31 OCTOBRE : Attention aux vampires !

Depuis qu’ils ont chassé Blaise Compaoré du pouvoir, les Burkinabè se montrent de plus en plus solidaires. Des dons en nature et en espèces ont été faits aux blessés de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre derniers. Plus de 60 millions de F CFA ont été collectés, si j’en crois les autorités médicales. Certains Burkinabè, n’ayant pas suffisamment d’argent pour voler au secours des blessés, ont décidé de s’organiser pour nettoyer certains centres de santé afin d’offrir aux malades un cadre sain et approprié pour les soins. Que c’est beau tout cela. Même moi, fou, j’avais décidé, la semaine dernière, de rendre visite à certains blessés, mais, malheureusement, on m’a refusé l’accès. Peut-être croyait-on que j’allais déranger les malades si on me laissait entrer. Non, c’est aussi ma contribution comme ça, étant donné que je n’ai rien à donner à un blessé. Mais je comprends et je n’en veux à personne. Parce qu’il est difficile de faire confiance à un fou. Il est capable de tout. Du meilleur comme du pire. Cela dit, je me réjouis du souci de transparence exprimé par les autorités médicales qui, au cours d’une conférence de presse, ont fait l’état des lieux des dépenses faites dans le cadre de la prise en charge des blessés du soulèvement populaire. Cette rigueur dans la gestion doit s’accompagner d’une communication permanente, jusqu’à épuisement total des fonds collectés. Car la morale a tellement foutu le camp dans ce pays que certaines personnes sans vergogne seraient prêtes à se construire une fortune sur le dos des blessés. On se connait bien ici au Faso. Comme disait quelqu’un, le Burkina est une savane où même de loin, on voit ce que fait l’autre. Rien n’est caché. Et toutes les occasions sont bonnes pour se faire plein les poches. La preuve est que chaque drame dans ce pays-là, est perçu comme une rente viagère pour certains. Certains construisent des immeubles dans ça, d’autres poussent de gros ventres bien entretenus par des maîtresses bien gérées comme on dit. On est où là ? C’est au Burkina Faso, pays dit des hommes intègres. En tout cas, moi je veux que tous les fonds collectés servent réellement aux blessés et non à une minorité de personnes qui aiment profiter du malheur des autres.

On doit faire un geste pour les familles des martyrs

Du reste, je souhaite que l’on n’oublie pas que, des blessés, il y en a eu un peu partout à travers le pays, les 30 et 31 octobre derniers. Ce qui veut dire qu’il faut penser à ceux-là qui, dans les villes comme Koudougou et Ouahigouya, pour ne citer que ces deux villes, ont subi la furie des forces de défense et de sécurité. La même solidarité qui a existé lors de l’insurrection, doit prévaloir dans la gestion des dons faits aux blessés. C’est à ce prix que l’on travaillera à construire un Burkina uni, où plus rien ne sera comme avant. C’est pourquoi, en plus des blessés, je voudrais que l’on ait une pensée pour tous ceux-là qui ont été fauchés par les balles assassines de la soldatesque. Le président du Faso, Michel Kafando, a déjà annoncé la couleur en promettant d’ériger un monument en leur nom. C’est beau, je dirais même que c’est magnifique. Mais je souhaite que dans la mesure du possible, on n’oublie pas leurs proches. Car certains de ces martyrs, il faut le dire, étaient des piliers de leur famille. C’est grâce à eux que la pitance quotidienne était assurée. Et que faire, maintenant qu’ils ne sont plus de ce monde ? Leurs familles respectives ont besoin d’assistance de tous ordres. Autant quelque chose a été fait pour les blessés, autant on doit faire un geste pour les familles des martyrs. Sinon, on risque de faire la politique du deux poids deux mesures. Ce qui serait regrettable pour ce Burkina nouveau auquel nous aspirons tous.

« Le Fou »