HomeA la uneMOUSSA OUATTARA, RESPONSABLE DE L’ASC DE NIANGOLOKO A PROPOS DE LA CRISE: « Nous demandons l’arrêt pur et simple des intimidations et agressions »

MOUSSA OUATTARA, RESPONSABLE DE L’ASC DE NIANGOLOKO A PROPOS DE LA CRISE: « Nous demandons l’arrêt pur et simple des intimidations et agressions »


« Même le CDP qui a été suspendu sous la Transition, a repris ses activités quelques mois après ». Fort de ce constat, Moussa Ouattara, le responsable de l’Association des scolaires du lycée municipal de Niangoloko,  estime que les élèves de sa localité ont bel et bien le droit de remettre l’association des scolaires de la Comoé (ASC) en place à Niangoloko. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le 21 décembre 2016 alors qu’il séjournait à Banfora dans le cadre, a-t-il dit, d’une plainte contre certains parents d’élèves, il pense que la crise peut trouver une issue favorable si et seulement si les parents et l’administration acceptent d’ouvrir un dialogue franc et fructueux avec les élèves.

Le Pays : La crise scolaire qui sévit à Niangoloko a tourné au pugilat entre vous, élèves, et vos parents. Avec le recul, comment réagissez-vous à cet incident ?

Moussa Ouattara : Pour ce qui concerne les événements qui se sont produits le vendredi 17 décembre 2016, nous disons que c’est regrettable. Nous n’avions pas l’intention d’agresser un seul parent. Ce sont nos parents et je me rappelle que lorsqu’ils venaient vers nous ce jour-là, nous avons levé les mains pour dire que nous ne sommes pas armés et que nous n’étions pas là pour un affrontement. Nous avons même entonné le Ditanyè pour le montrer. Parmi eux, certains avaient des fouets, des machettes et subitement, ils ont foncé sur moi et d’autres camarades pour nous agresser. Mais, le lundi qui a suivi, les parents sont encore venus à l’école avec des fouets et d’autres armes blanches pour nous agresser. Là, nous nous sommes dits trop, c’est trop. Nous n’allons pas accepter que les parents viennent chaque fois nous frapper à l’école. C’est donc en légitime défense que les élèves ont pris leurs responsabilités. Ce jour-là, l’ensemble des élèves de Niangoloko devaient se croiser au lycée municipal pour aller ensemble dire au préfet qu’ils ne veulent plus des sévices des parents dans les écoles. Lorsque les parents ont vu nos camarades du lycée Santa qui venaient pour notre marche vers la préfecture, ils ont commencé à les lapider et à les frapper. Face à cela, les élèves du municipal sont allés au secours de leurs camarades et on a vu la suite. Il y a des motos qui ont été saccagées. Donc, pour ce qui s’est passé le 17 décembre, les élèves regrettent mais pour la journée du lundi, nous ne regrettons pas parce que nous ne pouvons pas laisser des parents nous agresser sans fin.

Qu’est-ce que vous revendiquez concrètement ?                                                       

Notre plateforme est suffisamment claire. Nous demandons l’arrêt pur et simple des intimidations et agressions et toute atteinte aux libertés individuelles d’association et d’opinion des militants de l’Association des scolaires de la Comoé (ASC). Nous demandons aussi la reconnaissance de l’ASC qui a été mise en place par les élèves. De plus, nous exigeons l’organisation d’un dialogue franc, fructueux et correct entre parents et élèves. Si les parents et l’administration veulent une sortie de crise, ils n’ont qu’à satisfaire ces points en premier.

Vous réclamez la reconnaissance de l’ASC alors que pour les parents et même pour l’administration, aucune mesure n’a mis fin à la suspension des activités de l’ASC à Niangoloko ; laquelle suspension a été décidée lors de la rencontre avec le SG du MESS au temps de la Transition.

J’ai personnellement vu le document. Ce sont des propositions qui avaient été faites en 2014. Dans tous les cas, le bureau de l’ASC est autonome tout comme celui des parents d’élèves. Et tout comme les élèves ne se mêlent pas des problèmes de l’APE, que l’APE aussi ne se mêle pas des problèmes des élèves. L’administration nous considère comme ses ennemis. Voilà pourquoi elle refuse de reconnaître notre structure. Pourtant, nous devons travailler ensemble pour l’amélioration des conditions de travail et d’apprentissage. En outre, peut-on suspendre indéfiniment une association d’élèves ? Même le CDP qui a été suspendu sous la Transition est revenu en activité au bout de quelques mois.

Y a-t-il d’autres points que vous revendiquez?

Absolument ! Nous avons demandé la réfection du terrain des sports avec une augmentation du nombre de sautoirs. Au lycée municipal de Niangoloko, nous avons un seul sautoir pour plus de 1 500 élèves. Le terrain des sports a été raviné et n’est plus praticable. Nous demandons aussi des tables-bancs, la résolution des problèmes d’électricité, le remboursement des cotisations initiées pour le véhicule incendié en 2014 du proviseur du lycée Santa. Nous demandons l’arrêt de l’absentéisme à l’administration. Le proviseur est le premier adjoint au maire. Pendant ce temps, le censeur est préoccupé par ses vacations et Ali Soulama, éducateur, est lui responsable des activités générales de la mairie. Ils ne sont pas toujours à l’école et lorsque nous avons besoin de les voir, ils n’ont pas le temps. De plus, certains responsables de l’administration fument au sein de  l’établissement. Nous sommes opposés à cela aussi. Nous demandons aussi que les reçus de la scolarisation portent les détails pour que les parents sachent exactement ce à quoi leurs enfants ont droit lorsqu’ils payent de l’argent. Nous exigeons la mise en marche de salles d’informatique au lycée Santa et au lycée municipal. En ce 21e siècle, l’outil informatique est très important et nous voulons l’ouverture de ces salles avec des professeurs à l’appui. Au niveau de la bibliothèque, il n’y a que des ouvrages d’auteurs blancs. Nous voulons des documents qui sont au programme d’enseignement. A côté de tout cela il y a la connexion WIFI que nous avons obtenue à l’issue de plusieurs grèves. De nos jours, l’administration a isolé le modem dans ses locaux et seuls quelques élèves ont accès au code. Nous demandons que le WIFI soit libéré pour tous les élèves. Nous demandons le fonctionnement du laboratoire du lycée municipal et la construction de celui promis par le gouvernement en 2014. Nous voulons aussi que la cantine commence à temps. Chaque année, l’administration attend vers la fin pour commencer à préparer. J’ai personnellement vu des agents venir à moto enlever les vivres à la fin de l’année pour leur propre consommation. Cela, nous ne l’acceptons pas.

Pour vos parents, votre mouvement est téléguidé. Que répondez-vous ?

Les parents qui soutiennent cette thèse insultent la conscience des élèves. Nous sommes suffisamment matures pour porter nos revendications. Sinon, aucun homme politique, aucun professeur ne nous pousse à quoi que ce soit. La preuve, nos revendications sont toutes d’ordre scolaire. S’ils sont convaincus de cela, qu’ils tentent à leur tour de nous utiliser. Aucun parent, aucun professeur ne nous utilise. Notre force, ce sont les élèves qui la font.

Il nous revient que vous entendez porter plainte contre certains parents. Est-ce exact ?

C’est exact. Nous allons nous plaindre contre le proviseur du lycée municipal, Siaka Baïkoro, Fayama Badaye et bien d’autres parents d’élèves pour violation des franchises scolaires et universitaires et pour agression d’élèves dans la cour du lycée municipal de Niangoloko.

Un mot de fin ?

En guise de dernier mot, je vais demander aux parents d’écouter les élèves. Les revendications que nous faisons les concernent même en premier chef. Ce sont les problèmes de leurs enfants. Alors il ne faut pas qu’ils nous regardent comme des voyous ou des délinquants qui ne savent pas ce qu’ils veulent. Je leur demande d’engager un dialogue franc avec nous et ils verront que nous allons parvenir à résoudre la crise scolaire qui sévit présentement à Niangoloko. Ce n’est pas dans la violence que cela va se faire.

Mamoudou TRAORE

 


Comments
  • Pauvre Burkina . Des enfants qui affrontent physiquement leurs géniteurs et ne le regrette même pas!!!!! Quelle malédictions !!! Ces “Eleves sont des voyous ” et doivent être traités comme tels.

    27 décembre 2016

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