HomeA la uneMUTINERIE DE SOLDATS AU NIGERIA :Boko Haram se frotte les mains

MUTINERIE DE SOLDATS AU NIGERIA :Boko Haram se frotte les mains


Les soldats nigérians ne veulent plus affronter la secte islamiste Boko Haram à armes inégales. C’est du moins, ce qu’a laissé entendre un groupe de soldats qui a refusé de participer à une opération contre cette nébuleuse, dans le Nord-Est du pays. Ils réclament donc de leurs supérieurs, de meilleures armes pour éviter de se faire canarder comme des lapins. Mais cette revendication semble avoir été prise à la légère par la hiérarchie militaire, car son porte-parole, le général Chris Olokulade, a plutôt menacé d’infliger la sanction suprême, la décapitation, à tout soldat qui refuserait de combattre le mouvement terroriste.

 

La réalité commande d’être prudent

 

Face à la recrudescence des violences meurtrières et aveugles perpétrées par Boko Haram, on pourrait, tout comme l’a dit le porte-parole de l’armée nigériane, traiter les soldats mutins d’apatrides, de couards, bref, de tous les noms d’oiseaux. Mais la réalité commande d’être prudent. Car il est établi que Boko Haram dispose d’un armement puissant et quelque fois supérieur à celui de l’armée nigériane. Pour preuve, le président Goodluck Jonathan lui-même s’en était rendu compte, et avait demandé le quitus du Parlement pour contracter un prêt d’un milliard de dollar à l’étranger, pour renforcer l’équipement de l’armée. Des épouses de militaires de Maiduguri, épicentre de l’insurrection islamiste, avaient également battu récemment le macadam pour dénoncer le sous équipement de leurs maris. Il ne faut pas se bercer d’illusions ; la guerre ne se mène plus, en ce XXIe siècle, comme au XVe ou au XVIe siècle. On ne peut être équipé de kalachnikov et vouloir combattre efficacement un ennemi qui dispose de lance-roquettes et d’armes anti-char. Certes, le courage et la détermination sont les premières vraies armes d’un soldat. Toutes choses qui semblent manquer en ce moment à l’armée nigériane. Mais cette situation que l’on pourrait qualifier de manque d’engagement, n’est-elle pas liée au traitement très inégal des militaires? En effet, d’un côté, on a des généraux dont le nombre dépasse l’effectif de toute l’armée de certains pays et qui bénéficient de tous les privilèges sans le moindre effort. Et de l’autre, des soldats du rang qui manquent de tout.

 

Le régime de Goodluck Jonathan doit examiner avec sérieux la préoccupation des mutins

 

Et ce sont à ces derniers, très mal équipés, que la hiérarchie demande d’aller au casse-pipe. Peuvent-ils, dans un tel cas de figure, accepter de s’offrir en chair à canon à un ennemi? En réalité, le véritable mal de l’armée nigériane réside plus dans son organisation que dans la disponibilité des moyens. Peut-on imaginer un seul instant que la première puissance économique d’Afrique puisse manquer de moyens militaires pour combattre une secte, fût-elle bien armée ? En tout cas, les autorités nigérianes ont tout intérêt à travailler à éviter une crise au sein de l’armée. On se rappelle que c’est la mutinerie des soldats de Kati qui avait abouti à un putsch militaire contre le pouvoir de Amadou Toumani Touré et avait permis aux groupes djihadistes d’occuper en un temps record les 2/3 du territoire malien. C’est donc dire que cette mutinerie des soldats est à prendre au sérieux, car Boko Haram qui s’en frotte les mains, pourrait en profiter pour causer des dégâts énormes. En tout état de cause, si le régime de Goodluck Jonathan, déjà affaibli par des démissions en cascades, ne veut pas de surprise désagréable, il doit examiner avec sérieux la préoccupation des mutins.

 

Dabadi ZOUMBARA


No Comments

Leave A Comment