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NAFONA DANS LA COMMUNE DE SOUBAKANIEDOUGOU : Deux policiers et une dame tués au cours d’une interpellation


Deux officiers de police et une dame ont trouvé la mort au cours d’une interpellation le 12 janvier 2019 dans le village de Nafona, sis dans la commune rurale de Soubakaniédougou. Le choc que ce malheureux incident a produit sur les gens a fait de Nafona, cette bourgade située à quelques 15 kilomètres de Niangoloko, une destination à éviter durant toute la journée du 12 janvier. Même notre équipe de reportage a dû faire demi-tour à quelque 3 kilomètres du village, suite aux recommandations de quelqu’un qui a assisté à l’enlèvement des corps des deux policiers.

 

Wolé Gilbert Sangaré, du nom de l’officier de police par ailleurs commandant du corps urbain du commissariat de police de Banfora, ainsi que son collègue Kyélem Télesphore Marie Anaclet qui, lui, était en poste à Soubakaniédougou depuis 2014 comme commissaire du district de police, ont trouvé la mort le 12 janvier 2019 à Nafona, une localité située à une quinzaine de kilomètres de Niangoloko, non loin de Dangouindougou, dernier village frontalier de la Côte d’Ivoire. Les deux officiers de police se trouvaient à la tête d’une équipe, en mission d’interpellation de quelques habitants dudit village qui refusent de répondre à une convocation du procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Banfora. En route pour se faire l’écho de la situation qui y prévalait, notre équipe de reportage a, entre Yendéré situé à 7 kilomètres de Niangoloko et Dangouindougou, rencontré le cortège de policiers qui ramenaît les deux corps à Banfora. Il était 14 h et demie environ. Chemin faisant vers Nafona, le lieu du drame, l’équipe est tombée sur quelqu’un qui lui dira qu’il n’était pas prudent de poursuivre la route tant la situation était tendue dans le village. Et cette personne de préciser qu’« aucun agent de sécurité ne s’y trouve. Ils ont tous replié. C’est dire qu’en cas de besoin, il n’y aura personne pour vous venir en aide. D’ailleurs, les villageois, comme s’ils étaient en rébellion, sont organisés de sorte que certains sont perchés sur des arbres et jouent le rôle de sentinelles. Même l’enlèvement des corps des deux policiers a obéi à une diplomatie savamment menée par des frères d’arme de la police », confie notre interlocuteur pour dire à quel point il était risqué de s’aventurer ce même jour à Nafona. Il fallait donc rebrousser chemin. De retour à Niangoloko, il était aisé de constater que la ville a accueilli plusieurs équipes de CRS. Une source qui a requis l’anonymat, indique que c’est au petit matin qu’il a vu l’équipe de policiers que conduisaient les deux officiers traverser la ville de Niangoloko en direction de la frontière ivoirienne à bord d’un pick-up. Il a estimé leur nombre à 10 éléments. Et selon une version un peu plus officielle, cette équipe se rendait à Nafona aux fins d’interpeller des habitants qui refusaient de répondre à une convocation de justice. Face à leur refus, une première interpellation aurait été tentée le 8 janvier 2019, uniquement par les éléments du commissariat de police du district de Soubakaniédougou. Bien que facile d’accès par Niangoloko, il faut préciser que Nafona relève de la commune de Soubakaniédougou. Cette interpellation, selon notre source, a fait face à une opposition vigoureuse des habitants, contraignant les policiers de Soubakaniédougou à repartir bredouille. Ainsi donc, pour plus d’efficacité, le commandant du corps urbain de la Police nationale de Banfora, l’officier Gilbert Sangaré, connu comme un homme au contact facile, accompagné de ses éléments, est allé prêter main forte à ses collègues de Soubakaniédougou. Mais, le commandant Sangaré ignorait que c’était sa dernière mission ; lui dont l’une des dernières interventions a tiré d’affaire, le 5 décembre 2018, des forestiers qui avaient été pris en otage à Banfora par des menuisiers, pour avoir arraisonné un camion transportant du bois. En arrivant donc à Nafona ce 12 janvier 2019, les policiers, une fois de plus, feront face à une opposition farouche des villageois, les obligeant à faire des tirs de sommation. Malheureusement, confie notre source, une dame est mortellement atteinte par une balle, au cours de ces tirs. Ce qui mettra les villageois en furie. Ils décident alors de s’en prendre aux policiers dont certains étaient obligés de battre en retraite. Dans leur repli, relate une source non officielle, une arme des policiers serait tombée. L’officier Gilbert Sangaré saute du véhicule pour la récupérer. Son collègue en fait autant. Le temps de se relever et de regagner le véhicule, ils sont alpagués par la population qui, remontée par la mort d’une des leurs, poursuit toujours notre interlocuteur, a sauvagement battu les deux policiers à mort.

Quid de la convocation à laquelle les villageois de Nafona ont refusé de répondre ?

 

Selon des propos recueillis à Niangoloko et confirmés par des éléments de la police, un conflit foncier vieux de plus trois ans oppose les autochtones de Nafona aux halogènes, des Sénoufo, dit-on, venus de Kankalaba dans la Léraba. La plupart des halogènes qui s’y trouvent aujourd’hui, auraient vu le jour dans ce village puisqu’à ce qu’on dit, ce sont leurs grands-parents qui sont venus s’installer à Nafona. Voilà qu’en 2015, les autochtones, pris de jalousie selon nos informations, leur demandent de déguerpir. Des autochtones qui ajoutent d’ailleurs que les halogènes semblent dans les bonnes grâces des autorités puisque l’école du village a été implantée dans leur quartier. Pour montrer que leur mise en demeure de déguerpissement devrait être prise au sérieux, les autochtones seraient allés incendier les domiciles des halogènes en cette année 2018, tuer leurs moutons et emporter la viande dans leur quartier. Suite à cette descente musclée, et à une plainte des halogènes en justice, quelques autochtones de Nafona séjourneront en prison. Libérés après quelques mois de détention, ce séjour en prison ne suffira pas à leur faire changer de position. Voilà que le 12 janvier 2019, après la tentative d’interpellation ratée du 8 janvier 2019, ils ont ôté la vie à ces deux officiers de police. Gilbert Sangaré, pour sa part, était à son premier poste d’affectation à Banfora où il sert depuis près de 8 ans. Joint au téléphone, le maire de Soubakaniédougou, Drissa Héma, a confié que l’inhumation de la dame décédée suite aux tirs de sommation, est intervenue dans la soirée du 12 janvier 2019. Au même moment, d’autres sources nous ont confié que certains habitants, ayant pris conscience de la gravité de leur forfait, ont commencé à traverser la rivière qui sert de frontière entre cette localité du Burkina et la Côte d’Ivoire. Selon le DR des Cascades de la Police nationale, qui attendait toujours les instructions de la hiérarchie,  l’inhumation des deux officiers de police aura lieu le 14 janvier 2019 à Banfora, à partir de 10 h.

Mamoudou TRAORE

 

 

*Cette interpellation ne pouvait-elle pas attendre ?

 

C’est la question que s’est posée plus d’un habitant de la cité du Paysan noir en apprenant ce qui est arrivé aux deux officiers. Pour eux, cette interpellation pouvait bien attendre 2 ou 3 mois, le temps que la mobilisation de la population s’estompe. Surtout, soutiennent-ils, que la première tentative du 8 janvier dernier, s’est confrontée à une réaction vigoureuse des villageois.

 

*Le samedi noir de Niangoloko ?

 

Ce samedi 12 janvier 2019 pourrait être qualifié de samedi noir pour Niangoloko. Alors que la population visiblement était sous le choc de la tuerie de Nafona, voilà que dans un débit de liqueur situé tout juste en face de la gendarmerie de la cité de Santa, un client tombe raide mort après avoir ingurgité quelques verres. Toute chose qui a provoqué un soudain regroupement autour de la zone.


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  • PAIX A LEUR AMES

    24 janvier 2019

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