HomeA la uneNKURUNZIZA ET LA PRESIDENTIELLE BURUNDAISE : Vers un triomphe nauséeux

NKURUNZIZA ET LA PRESIDENTIELLE BURUNDAISE : Vers un triomphe nauséeux


Le régime de Nkurunziza continue de foncer tête baissée dans ses turpitudes. Après les élections législatives contestées par l’opposition et la communauté internationale, place maintenant à la présidentielle. Cet aveuglement prouve que le maître de Bujumbura n’a qu’une seule idée en tête : rester au pouvoir. Et cela, quel qu’en soit le prix. Peu importe si l’opposition politique ne participe pas aux élections. Peu importe si la société civile et la communauté internationale font grise mine. Pierre Nkurunziza emprunte une voie ensanglantée, marche sur les cadavres de ses concitoyens vers un triomphe nauséeux.

 

Ce serait une erreur monumentale si la communauté internationale venait à prendre acte de la forfaiture de Nkurunziza

La peur de représailles de toutes natures, va certainement contraindre bien des Burundais à se rendre aux urnes pour satisfaire les lubies de « l’illuminé » de Bujumbura. Puis après, les officines du pouvoir burundais se feront le devoir de brandir un taux de participation élevé, avec peut-être à la clé un score stalinien, pour légitimer la victoire de ce Néron des temps modernes. Les autorités burundaises n’ont aucun scrupule à se donner en triste spectacle. Il y a bien longtemps que le sens de l’honneur, de la dignité et de la vertu a quitté les rangs du pouvoir burundais.

La mauvaise foi des autorités de Bujumbura n’a d’égal que leur aveuglement. Elles se disent certainement qu’il vaut mieux persister dans l’entêtement et mettre la communauté internationale devant le fait accompli. Leur rêve secret est que, lassé, tout le monde finira par se dire que la forfaiture étant consommée, il faudra faire avec. Ce serait une erreur monumentale si la communauté internationale venait à en prendre acte. Une telle capitulation donnerait, à n’en pas douter, un nouvel élan à tous les tripatouilleurs des textes fondamentaux sur le continent. Il faudra donc éviter de verser dans la compromission qui ne manquera pas de faire jurisprudence sur le continent africain. Si, par faiblesse ou résignation, la communauté internationale venait à absoudre le dictateur Nkurunziza de ses horribles péchés, c’en serait fini pour la démocratie en Afrique. Tous les satrapes du continent jubileraient. Les principes démocratiques doivent prévaloir et des sanctions appropriées doivent être prises contre le régime de Nkurunziza. Il urge que l’étau se resserre autour du régime, que les antidémocrates soient à l’étroit, qu’ils étouffent au point de négocier leur reddition.

Il convient de ne pas tomber dans une sorte de naïveté qui consisterait à se dire qu’il faut concéder à l’ancien professeur de gymnastique, ce nouveau mandat de 5 ans, après lequel il s’en irait. Car, comme le dit l’adage : « qui vole un œuf volera un bœuf ». Si cette manœuvre réussit, pourquoi l’actuel président burundais se priverait-il d’une autre la prochaine fois ? Seulement voilà, on sait que les longs règnes sont dangereux pour la paix. En effet, plus un président dure au pouvoir, plus ses placards sont susceptibles de se remplir de cadavres et plus il lui est donc difficile de quitter le fauteuil présidentiel, de son propre gré. La peur de devoir rendre compte le pousse à s’arcbouter au pouvoir. Le règne à vie devient la solution pour éviter de répondre de ses actes. Nkurunziza qui aura marché sur des dizaines de cadavres de ses compatriotes pour prolonger son bail à la tête de l’Etat, est déjà face à la même réalité. Ses soutiens aussi. Et, il serait illusoire de penser qu’ils se plieront de gaieté de cœur.

A la communauté internationale d’affirmer son option pour la démocratie et l’Etat de droit

Comme on le sait, Nkurunziza n’obtiendra cette victoire qu’au prix d’une légalité boiteuse. Avec un Conseil constitutionnel et une Commission électorale indépendante dont des membres éminents se sont vus dans l’obligation de fuir le pays, le chef de l’Etat burundais a dû raccommoder les choses comme il peut. Pour ce qui est de sa légitimité, il y a bien longtemps que le satrape de Bujumbura l’a perdue. Quand un dirigeant se fait le plaisir de tirer sur ses concitoyens qui manifestent les mains nues, ce dirigeant-là n’a plus de légitimité. En tout cas, la communauté internationale a intérêt à faire preuve de fermeté à l’égard de Nkurunziza. Car le peuple burundais a besoin d’être secouru. Des sanctions ciblées peuvent produire leurs effets. L’Union africaine serait bien inspirée de mettre en branle une batterie de sanctions. Les gels des avoirs des autorités burundaises et de leurs proches, les interdictions de voyager et la suspension de l’aide internationale, entre autres, pourront faire mal au régime de Nkurunziza. C’est dire que la capacité de résistance de Nkurunziza est tributaire de la vigueur de la réaction de la communauté africaine, de la communauté internationale face à son aveuglement. A cette communauté d’affirmer, en toute responsabilité et sans délai, son option pour la démocratie et l’Etat de droit.

« Le Pays »


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