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NOUVEAU GOUVERNEMENT DE BOUBEYE MAIGA


 Le pouvoir du pagne face aux grands défis du Mali

Cinq jours après la prestation de serment du président réélu, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga qui a, lui-aussi, été reconduit à son poste sitôt sa démission remise au nouvel ancien chef de l’Etat, a fait connaître son gouvernement. Il s’agit d’une équipe de trente-deux membres, essentiellement composée de membres de la majorité présidentielle, de la société civile et d’une personnalité que l’on dit proche des groupes armés. Relativement à cette dernière, on remarquera, de la part du président IBK, un effort d’inclusion qui ne saurait passer inaperçu. Car, cela pourrait avoir son pesant de paix dans ce Mali où l’accord d’Alger peine encore à connaître un véritable début d’application et où le défi sécuritaire reste entier.

Une première qui participe de la politique de promotion du genre

Surtout en ce qui concerne le centre et le septentrion du pays où les Forces armées maliennes (FAMA) et autres forces internationales ont fort à faire devant des insurgés dont les motivations ne sont pas toujours connues.

Mais le fait le plus remarquable dans ce nouveau gouvernement de Boubeye Maïga, outre le départ de l’ex-ministre de la diplomatie qui était pourtant connu pour être un proche du chef de l’Etat, c’est la forte représentativité de la gent féminine qui s’est vu confier presque le tiers des portefeuilles ministériels. Ainsi, onze amazones sont promues à des postes de hautes responsabilités comme le ministère des Affaires étrangères qui sera tenu par Kamissa Camara, ou encore celui de la Réforme de l’administration chargé aussi de la Transparence de la vie publique qui a échu à Safia Boly.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette forte représentativité des femmes dans ce nouveau gouvernement malien, est, sur les rives du fleuve Djoliba, une première qui participe de la politique de promotion du genre. Et l’on peut dire qu’au-delà des mots, IBK a su traduire en actes ce que nombre de ses pairs hésitent encore à faire en Afrique, en accordant à l’autre moitié du Ciel toute la confiance qu’il faut pour conduire les affaires de l’Etat. Du reste, sur le continent africain, à part le Rwanda de Paul Kagame qui s’essaye au jeu de la parité, ils se comptent sur le bout des doigts, les gouvernements où les femmes connaissent un si fort taux de représentativité. C’est donc un véritable challenge qu’IBK s’est lancé, avec ce pouvoir du pagne qui se retrouve aujourd’hui face aux grands défis du Mali. Quoiqu’il en soit, le sentiment que l’on peut avoir à la vue de ce nouveau gouvernement, est que le président IBK a voulu innover et marquer les esprits en se tournant vers le vivier féminin. Et cela, personne ne peut le lui reprocher. Surtout qu’au terme du dernier recensement démographique, les femmes représentent un peu plus de la moitié de la population malienne et que dans les faits, les hommes ne se sont pas toujours montrés à la hauteur des défis qui étaient les siens. Du reste, avec le refus du chef de file de l’opposition de saisir la main tendue du président IBK au lendemain de la présidentielle, l’on peut dire que c’est à son corps défendant et surtout sans surprise que le président IBK a été amené à composer uniquement avec des membres de la majorité présidentielle. Peut-être est-ce mieux ainsi. Car, au moins, cela aura l’avantage que chacun reste dans son rôle, les gouvernements d’union ayant aussi, par moments et par endroits, montré leurs limites.

C’est aux résultats que les nouveaux ministres seront jugés par leurs compatriotes

L’autre fait notable de cette nouvelle équipe gouvernementale qui, au-delà du jeu de chaises musicales qui a vu certains ministres changer de portefeuille, est son resserrement de 36 à 32 membres. Cela peut être vu comme autant d’efforts ou de volonté de diminution du train de vie de l’Etat, quand on sait que nos républiques bananières se laissent souvent aller au piège des gouvernements pléthoriques avec tout ce que cela peut avoir comme impact sur le budget de fonctionnement de l’Etat. Pour toutes ces raisons, il ne serait pas exagéré de dire qu’IBK a frappé un grand coup, même si l’opposition ne fait pas partie du nouveau gouvernement.

En tout état de cause, Soumeylou Boubeye Maïga et son équipe peuvent, d’ores et déjà, se convaincre qu’ils sont attendus au tournant. Il appartient donc aux heureux élus de se montrer à la hauteur des défis qui sont les leurs car, comme le dit l’adage, « c’est au pied du mur que l’on connaît le bon maçon ». Et ces femmes ont une occasion en or de faire mentir tous ces hommes qui, gagnés par un certain machisme, tendent à les confiner dans des rôles de subalternes quand ils ne les renvoient pas tout simplement à leurs fourneaux. En tout cas, c’est peu de dire que c’est aux résultats que les nouveaux ministres seront jugés par leurs compatriotes. Alors, place donc maintenant à l’action !

« Le Pays » 


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