HomeA la uneNOUVELLE ATTAQUE TERRORISTE A OUAGADOUGOU : Tel le roseau, le Burkina ne doit pas rompre

NOUVELLE ATTAQUE TERRORISTE A OUAGADOUGOU : Tel le roseau, le Burkina ne doit pas rompre


Dans la nuit du 13 août 2017, c’est un remake du film d’horreur du 15 janvier 2016 qu’il a été donné de voir aux Burkinabè. En effet, utilisant le même mode opératoire que lors de l’attaque terroriste du 15 Janvier 2016, des assaillants, lourdement armés, ont ouvert le feu sur des clients attablés à la terrasse du Café Aziz Istanbul, à un jet de pierre de cet autre café attaqué par les affidés de Lucifer en 2016. Le bilan est des plus macabres : 18 morts de différentes nationalités et de nombreux blessés, toutes d’innocentes victimes dont le seul tort a été de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. La promptitude et le professionnalisme des Forces de défense et de sécurité (FDS) ont permis de mettre hors d’état de nuire les deux  ingénieurs du mal.

Alors que jusque-là, ces attentats n’ont encore fait l’objet d’aucune revendication, les  Burkinabè pointent un regard accusateur, en raison de la similitude du mode opératoire, sur Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) qui avait revendiqué la paternité de la première attaque.  

 

Il faut désormais apprendre à vivre avec le mal

 

Car les motifs de cet acharnement barbare contre le Burkina, ne trompent personne. Sous le couvert d’un islam débridé, ce déluge de feu sur l’avenue Kwame N’Krumah sonne comme des représailles à l’engagement du pays dans la coalition internationale contre la nébuleuse terroriste dans la bande sahélo-saharienne et à son refus, depuis la chute du régime Blaise Compaoré, de servir d’arrière-cour aux mouvements islamistes. Au passage, il s’agit de plomber l’envol économique du pays et de fragiliser l’Etat dans le but de l’ankyloser. Il n’est pas non plus exclu que ce soit le modèle de coexistence religieuse au Burkina, qui ne plaise pas à certains. Mais si tel était le cas, l’on pourrait dire que le tir est raté, au regard de la déclaration de la Fédération des associations islamiques du Burkina Faso (FAIB) qui s’est démarquée de tout amalgame entre cette furie meurtrière et l’Islam.

Cela dit, cette nouvelle attaque, au cœur même de la capitale, vient définitivement convaincre les Burkinabè que le pays est bien installé dans l’œil du cyclone, alors que pour beaucoup, les attaques régulières dans le Nord du pays paraissaient encore lointaines. Il faut donc désormais apprendre à vivre avec le mal. Et il faut déjà se féliciter que les Burkinabè aient déjà beaucoup appris de la précédente attaque. En témoignent la réactivité et le professionnalisme des FDS qui ont permis de circonscrire les champs de l’attaque et de limiter l’ampleur des dégâts. Et cela vient rappeler l’urgente nécessité de renforcer les moyens opérationnels de ces forces qui veillent sur le sommeil des Burkinabè. Il faut aussi se féliciter de la communication gouvernementale qui, très tôt, a permis à l’opinion nationale d’avoir l’information, et aux populations de prendre les dispositions utiles. Cela dit, il faut toutefois déplorer cette attitude de nombreux jeunes qui, enfreignant l’appel du gouvernement à éviter la zone des opérations, se sont amassés dans certaines zones riveraines au risque même de gêner les FDS dans leur intervention. Plus regrettable encore est le climat social délétère qui a prévalu avant l’attaque et qui, sans doute aucun, a favorisé l’action des terroristes qui agissent en pêcheurs en eaux troubles. Car, faut-il le rappeler, c’est lorsque la bâtisse présente des lézardes que les cancrelats et autres vipères peuvent y trouver des niches. Or, il faut l’admettre, ces derniers temps, les Burkinabè ont plus mis l’accent sur ce qui les divise que sur ce qui les unit. En témoignent les grèves à répétition et autres bisbilles entre forces de l’ordre chargées de la sécurité du chef de l’Etat. Il est donc temps, face au péril collectif, de se remettre ensemble dans le sens de la marche, en ayant bien à l’esprit que seules la solidarité et l’entente pourront nous permettre de vaincre l’ennemi.

 

Kwame N’krumah ne doit pas mourir

 

Maintenant que la seconde attaque que tous redoutaient  a eu lieu, que réserve l’avenir à l’avenue Kwame N’Krumah qui servait de vitrine à la Nation tout entière ? En tout cas, il faut craindre que cette artère autrefois achalandée de la capitale, qui éprouvait déjà des difficultés à se remettre de la première attaque, ne devienne une rue fantôme au cœur même de Ouagadougou. Au-delà de la capitale, les conséquences de cette attaque du 13 août peuvent s’avérer des plus redoutables pour l’économie, puisqu’elle constitue un sérieux coup de frein aux investissements, et pour la cohésion sociale si les Burkinabè venaient à mettre fin à leur légendaire hospitalité. Et c’est là tout le défi qui se pose à la Nation. Tel le roseau, le pays ne doit pas rompre. Pour ce faire, le Burkina doit faire preuve d’imagination et de pro-activité en gardant bien dans la tête qu’on ne lutte pas contre les ténèbres en répandant les ténèbres, mais en y apportant la lumière. Kwame N’krumah ne doit pas mourir. Il faut y renforcer la sécurité en la transformant, par exemple, en une rue piétonne hautement surveillée et en y augmentant le nombre de caméras de surveillance. Et au-delà de Kwame N’Krumah, il faudrait doter les artères stratégiques de la capitale de ce genre de caméras, comme c’est le cas dans la capitale ivoirienne, Abidjan. Pour ce qui est du cadre global, on ne le dira jamais assez, il faut renforcer le renseignement et mieux équiper les FDS.

Pour clore cette nuit cauchemardesque à Ouagadougou, l’on est tenté de dire qu’ « à quelque chose, malheur est bon ». En effet, la détérioration du climat sécuritaire  au Sahel avec cette nouvelle attaque à Ouagadougou et les attaques survenues à Douentza et à Tombouctou au Mali, ont contraint le Conseil de sécurité de l’ONU à se réunir en urgence. Peut-être les grandes puissances qui hésitaient à délier les cordons de la bourse pour la sécurité dans la bande sahélo-saharienne, vont-elles enfin se décider à mettre la main à la poche.

 

« Le Pays »

 


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