HomeA la uneNOUVELLE CONDAMNATION DE JOURNALISTE AU PAYS DE ISSOUFOU : Le pouvoir nigérien doit revoir sa copie  

NOUVELLE CONDAMNATION DE JOURNALISTE AU PAYS DE ISSOUFOU : Le pouvoir nigérien doit revoir sa copie  


 

Décidément, il ne fait pas bon être journaliste au Niger, pays de Mahamadou Issoufou. C’est le moins que l’on puisse dire, après la condamnation  du journaliste Baba Alpha à deux ans de prison ferme, assortie d’une amende de 300 000 F CFA. En effet, arrêté au début du mois d’avril à son domicile, Baba Alpha qui travaille dans un groupe de presse appelé Bonferey, a été reconnu coupable de « faux et usage de faux en écriture publique », notamment dans l’établissement de ses pièces d’état civil nigérien, alors que lui et son père sont d’origine malienne. A priori, comme le clame le pouvoir nigérien, le journaliste a été condamné pour un délit de droit commun. Mais il pourrait avoir payé pour ses prises de position tranchées vis-à-vis du pouvoir de Mahamadou Issoufou qui, il faut le dire, se montre de plus en plus hostile à la critique. On se rappelle, en effet, que peu avant, soit en fin juin dernier, le journaliste Abdoul Ousmane Moumouni avait été condamné à 6 mois de prison avec sursis, pour avoir traité le gouvernement nigérien « d’incapable » face à la menace terroriste de Boko Haram. Le confrère dénonçait l’impéritie de l’armée nigérienne qui courbait l’échine là où réussissaient avec brio les soldats tchadiens venus en renfort. Et ce n’est pas tout. Les journalistes Ali Soumana et Moussa Dodo ont aussi écopé de trois mois de prison avec sursis, pour avoir, dit-on, publié des documents relatifs à des fraudes à un concours pour devenir fonctionnaire, impliquant de très hautes personnalités de l’Etat nigérien. Et on en oublie.

Le journalisme semble devenu un métier à risques au Niger

Ce, d’autant plus que la liste est longue. Jusqu’où pourra se dérouler le rouleau compresseur du pouvoir ? En tout cas, on a envie de se demander si le Niger n’est pas en train de se gondwaniser. Et à l’allure où vont les choses, le Niger risque de se retrouver parmi la lugubre liste des pays prédateurs de la liberté de presse. Et c’est peu dire, car le journalisme semble devenu un métier à risques au Niger. On se croirait dans un Etat policier. En tout cas, pour autant qu’il veuille préserver son image de démocrate, le pouvoir nigérien a tout intérêt à se ressaisir, car un Etat qui s’attaque à la liberté de la presse n’est ni plus ni moins qu’une dictature. Pourquoi ne pas prendre l’exemple sur d’autres pays comme le Burkina Faso ou le Sénégal par exemple, qui sont allés plus loin en dépénalisant les délits de presse ? Car, en démocratie, pour quelque raison que ce soit, on ne peut pas se réjouir de l’emprisonnement d’un journaliste, comme semble le faire le ministre nigérien de l’Intérieur, Mohamed Bazoum, qui affirmait ceci après la condamnation de Alpha Baba : « Il a fait de faux papiers. Il y a longtemps, il s’est inventé un autre lieu de naissance que le sien, dans le but d’avoir la nationalité nigérienne. Nous n’avons rien inventé ».

 

B.O


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