HomeGrand angleNOUVELLE LIBERATION DE PRO-GBAGBO ET BOYCOTT DU RECENSEMENT A quand s’arrêtera la surenchère du FPI ?

NOUVELLE LIBERATION DE PRO-GBAGBO ET BOYCOTT DU RECENSEMENT A quand s’arrêtera la surenchère du FPI ?


En Côte d’ivoire, le régime d’ADO n’arrête pas de faire les yeux doux au Front populaire ivoirien (FPI). En effet, après la libération d’Affi N’guessan et de ses camarades, puis le retour d’exil d’un millier de partisans du FPI, invités à regagner la patrie avec promesse de ne pas être jugés, ADO vient de rendre la liberté provisoire à une cinquantaine de détenus, tous proches de l’ancien président Laurent Gbagbo. Parmi ces détenus qui viennent de bénéficier  de la bienveillance du président, figure Jean-Yves Dipodieu, l’ex-secrétaire général de la Fédération estudiantine de la Côte d’Ivoire (FESCI), le fameux syndicat des étudiants, qui relayait les mots d’ordre du régime Gbagbo au sein des campus universitaires.

 

La multiplication des gestes de bonne volonté ne semble pas encore produire les effets attendus  par le président ADO

 

A l’origine de cette largesse du président, que beaucoup de personnes commencent d’ailleurs à critiquer, le recensement de la population, en vue de l’élection présidentielle de 2015. On se rappelle  à ce sujet, que le parti de l’ancien président a appelé les populations ivoiriennes à boycotter ledit recensement, tant que ses revendications n’auront pas été satisfaites. L’une des principales revendications étant la libération des militants du FPI retenus dans les geôles du régime depuis les violences post-électorales de 2011. Malheureusement, le moins que l’on puisse dire, c’est que jusqu’à présent, cette multiplication de gestes de bonne volonté ne semble pas encore produire les effets attendus  par le président ADO.  En effet, les dirigeants du FPI campent toujours sur leur logique du « c’est bien mais ce n’est pas arrivé, » et maintiennent leur mot d’ordre de boycott du recensement. Le régime d’ADO proclame sur tous les toits avoir accompli sa part de chemin pour dégeler le climat politique. Mais, dans le camp d’en face, on préfère faire d’abord le point des militants du parti encore en détention. Un responsable du parti affirme même que « la levée ou non du mot d’ordre de boycott du recensement de la population fera l’objet d’une réunion extraordinaire dans les jours à venir »

Jusqu’où ira le FPI dans sa surenchère ? Car cette attitude fait dire qu’ADO est pris à son propre jeu. En effet, en lâchant très tôt du lest, ADO croyait sans doute couper l’herbe sous les pieds des dirigeants du FPI, qui ne pourraient plus mettre en doute sa volonté de réconcilier tous les Ivoiriens. Mais c’était sans compter avec la capacité d’Affi N’guessan et compagnie à retourner les résultats des gestes présidentiels en  leur faveur en les présentant non pas comme des fruits de la magnanimité du président, mais plutôt comme des acquis qu’eux auraient arrachés de haute lutte pour ramener la paix en Côte d’Ivoire.

 

ADO peut encore reprendre les choses en main

 

Par ailleurs, ADO semble avoir sous-estimé la capacité de nuisance des éléments du FPI qui, à chaque geste du président, exigent toujours davantage de lui. Il faut le dire, ADO prête le flanc et le FPI ne se prive pas du plaisir de lui asséner les coups les plus vilains qui soient.

Tout se passe comme si ADO ne connaissait pas encore la vraie nature des pro-Gbagbo. On a l’impression qu’il ignore qu’à l’image de leur mentor, les dirigeants actuels du FPI sont des hommes qui font beaucoup plus dans le populisme que dans l’élitisme. ADO table sur ses grands chantiers d’infrastructures immobilières et les constructions de voies de désenclavement, pour convaincre les Ivoiriens de renouveler son contrat de bail au palais de Cocody. Ce qu’il oublie, c’est qu’en dépit de ces réalisations pharaoniques, et des indicateurs économiques au vert, le panier de la ménagère n’a pas connu une véritable amélioration. C’est la faille qu’exploitent ses adversaires qui n’hésitent pas à aller au contact des populations du pays profond pour les convaincre avec des arguments adaptés à leur réalité quotidienne. Cette politique élitiste qui remporte un franc succès auprès des populations des villes et des bailleurs de fonds, est loin d’être d’une efficacité absolue. Ainsi, la stratégie des grandes réalisations, des libérations de détenus et surtout sa volonté de paraître « propre » aux yeux de l’Occident, est un jeu dangereux qui est en train de se refermer sur lui. Ce qui manque à ADO, c’est cette dimension de l’animal politique. Affi N’Guessan et ses camarades ont trouvé le filon, et entendent l’exploiter jusqu’au bout. Cela dit, rien n’est complètement joué. Et ADO peut encore reprendre les choses en main. Il faut toutefois, pour cela, qu’il fasse preuve de plus de réalisme et davantage de fermeté face à la surenchère politique du FPI.

 

Dieudonné MAKIENI

 


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