HomeA la uneNOUVELLE LIGNE POLITIQUE D’ENNAHDA : La clarification s’imposait

NOUVELLE LIGNE POLITIQUE D’ENNAHDA : La clarification s’imposait


 

Le parti islamiste tunisien Ennahda a officialisé, hier, 22 mai 2016, la séparation entre ses activités politiques et  religieuses. Cette décision historique a été prise au terme d’un congrès qui aura duré trois jours. C’est assez inédit pour être souligné. En effet, aucune formation politique d’envergure dans cette partie de l’Afrique, n’avait réussi à opérer une telle mue. En se démarquant de sa filiation originelle avec la confrérie des Frères musulmans et la mouvance salafiste, Ennahda aura pris une décision courageuse et judicieuse. Car, il est évident que cette nouvelle ligne politique ne fait pas l’affaire de certains militants, notamment les takfiris. Et Dieu seul sait si ces derniers sont nombreux. Mais le jeu en valait la chandelle. Car, la confusion des genres dans ce domaine hautement sensible est source de dangers. Elle peut, non seulement altérer la foi de certains musulmans mais surtout conduire à de graves drames. Pour une sourate mal comprise, on oppose musulmans et Occidentaux. A dire vrai, cette décision de Ennahda est la bienvenue, surtout en cette période où l’on ne tarde pas à faire l’amalgame entre terrorisme et islam. Du reste, les Frères musulmans d’Egypte auront prouvé que la politique et la religion surtout musulmane, ne font pas bon ménage. Et l’on peut dire sans se tromper que la décision de Ennahda est la preuve de l’échec de l’islamisme politique. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette clarification de la part de Ennahda s’imposait pour la paix et la stabilité en Tunisie et dans une certaine mesure dans le monde si elle fait tache d’huile. Car, faut-il le rappeler, la confusion a engendré de grandes tragédies à travers le monde musulman. Malgré sa victoire aux élections communales et législatives en Algérie en 1991, le Front islamique du salut (FIS), pour ne citer que ce seul exemple, avait été sévèrement réprimé par le pouvoir. Cela dit, c’est un grand tournant politique qu’Ennahda vient d’opérer à travers cette décision.

En cherchant à élargir sa base par d’autres voies, Ennahda donne la preuve qu’il a compris le danger qui le guettait

Et c’est heureux pour la Tunisie qui a beaucoup tangué ces dernières années avant de retrouver la rive. L’on pourrait dire que cette décision d’Ennahda n’est ni plus ni moins que le retour au bourguibisme.  Faut-il le rappeler, Habib Bourguiba a été le premier dirigeant du Maghreb à laïciser son pays. Et Beji Caïd Essebsi qui est un pur produit du bourguibisme ne pouvait que travailler à promouvoir les valeurs défendues par ce système politique. Peut-être que le chef de l’Etat a-t-il influencé la décision de Ennadha d’autant plus que ce parti siège à l’Assemblée nationale aux côtés de Nidaa Tounes et participe au gouvernement de ce parti laïc. On aura constaté que cette mutation majeure d’Ennadha intervient quelques jours après le congrès sur le soufisme dont le but était de couper le lien que cherchent à établir les djihadistes entre l’islam et le terrorisme. Il faut donc espérer que ces efforts combinés contribueront à repousser loin les frontières de l’obscurantisme dans lequel les ingénieurs du mal veulent à tout prix installer le Maghreb et le Moyen Orient. L’on pourrait dire qu’en cherchant à élargir sa base par d’autres voies que celles religieuses, Ennahda donne la preuve qu’il a compris le danger qui le guettait. Et l’exemple des Frères musulmans en Egypte l’aura suffisamment inspiré. C’est tout à son honneur. Il aura ainsi eu le mérite d’avoir montré la voie à suivre.

Dabadi ZOUMBARA


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