HomeOmbre et lumièreLA NOUVELLE DU VENDREDI : Les deux guerriers

LA NOUVELLE DU VENDREDI : Les deux guerriers


« Une complémentarité existe entre le guerrier qui est resté dans la case paternelle au péril de sa vie pour affronter à mains nues le danger, et le combattant qui, par un repli tactique est allé à la recherche de moyens pour combattre le démon ».

Les deux valeureux fils, sans complexe, doivent s’estimer.

Aujourd’hui en Afrique noire, la question épineuse de l’immigration échauffe les esprits. Le rêve d’un monde meilleur sous des  cieux plus cléments attire la jeunesse africaine comme le pollen invite l’abeille. La fuite des cerveaux fragilise le développement, la maturité intellectuelle de nos Etats. Des bras valides, des talentueux pour des acquis meilleurs monnaient leurs talents ailleurs. Situation oblige.

Quels que soient les moyens utilisés pour atteindre l’eldorado européen, la terre promise de la patrie de l’oncle Sam, il faut oser.

Pour les uns, c’est le seul et unique moyen pour sauver la face, s’affranchir, tirer d’affaire le frère, la sœur, le père et la mère au bord du gouffre périlleux de la misère.

Ceux qui réussissent ce pari deviennent des héros, des exemples. Au péril de leur existence, ils affrontent la violence, les dangers, la solitude, l’exclusion, le racisme, l’humiliation, les péripéties climatiques à la conquête du dollar, de l’euro.

Les immigrés sont des dignes fils de la mère Afrique. Chaque jour de leurs efforts, ils apportent du pain béni à la famille affamée, démunie.

Les immigrés sont les conquérants des temps modernes.

Pour les autres, l’avenir est partout. Le ciel est uniforme. Il faut se battre. Ceux-là ont décidé de rester. Si tout le monde s’en allait, que deviendra la patrie mère ?

Ils sont restés pour défier la misère, les difficultés, la mauvaise gouvernance, le favoritisme, la corruption, l’exploitation du frère par le frère pour garder la case maternelle. Au prix de leur vie, ils ont repoussé l’envahisseur en tenant d’une main ferme l’étendard des aïeux. Ils ont préféré le pain sec à l’humiliation, l’eau boueuse de l’homme libre au pétillant champagne de l’esclave. Au prix de mille efforts ils sont parvenus à faire pousser un arbre fruitier sur le sol aride et caillouteux des pères.

Ceux qui sont restés sont des dignes défenseurs de la case sacrée.

Ce sont les valeureux résistants des temps modernes.

 

Bâtissons deux monuments symboles des deux frères guerriers. Valeureux, dignes et intègres.

Que celui qui est allé pour apporter sa pierre ne regarde pas vers le bas celui qui est resté.

Que celui qui est resté pour dompter la roche ne regarde pas vers le haut celui qui est allé.

L’avenir est partout.  Où que l’on se trouve, loyalement et dignement, il faut se battre.

 

Ousséni Nikiema, langage de sourds

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70-13-25-96


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