HomeA la uneLA NOUVELLE DU VENDREDI : Une leçon de vie

LA NOUVELLE DU VENDREDI : Une leçon de vie


Depuis quelques mois, une jeune dame fréquentait mon sanctuaire de livres. Je ne sais quel mystère s’était invité dans nos rapports, mais cette bonne dame me tapait sur les nerfs.

Primo, elle avait le choix difficile.

Secundo, elle me harcelait par des ordres, par des manières de femelle compliquée.

Tertio, elle avait le sourire inexistant.

 

Dommage pour une jolie femme ! Pensais-je intérieurement.

 

Par  mon attitude souvent glaciale, elle avait vite compris mon antipathie à son égard et me le rendait bien. Assez bien même.

Lorsqu’elle arrivait, je la servais prestement pour m’en débarrasser. Elle le savait et prenait tout son temps pour m’empoisonner la vie.

 

Je ne me souviens plus comment et quand, mais un jour, les choses commencèrent à se transformer. Nous commencions par échanger quelques banalités amicales. Un après-midi, elle passa un moment en ma compagnie et nous discutâmes jovialement une trentaine de minutes. Nous nous surprenions.

 

-Vous savez, je suis très difficile mais pas mauvaise !  Ainsi me dit-elle avant de partir.

 

Pendant des mois, nous apprîmes à nous connaître. Nous nous estimions. La bonne dame à chaque fois qu’elle venait maintenant échanger ses livres, passait un agréable moment  à la librairie. Je guidais souvent ses choix, elle était ravie. Elle me dit un soir avec le sourire.

 

-Mon cher ami, moi aussi au début, vous ne me plaisiez guère ! Vous semblez trop aimer votre métier, vos livres. Cela m’exaspérait ! Je voulais qu’on me serve, sans commentaires. J’étais obligée de vous fréquenter car j’avais besoin de ma lecture. Vous possédiez ma collection favorite. Je venais malgré moi. On ne se connaissait pas. Aujourd’hui c’est bien différent !

 

Nous nous moquions de nous,  nous riions du passé. Elle s’en alla.

 

J’étais d’accord avec elle. Moi aussi je m’étais laissé berner par son apparence. Je l’avais classée trop vite dans le panier des snobs, des femmes sans éducation, des fières pleines de fric et de zèle, des emmerdeuses. Je m’étais trompé. Elle aussi !

Heureusement, nous nous sommes rachetés.

 

Je crois que si souvent, nous prenons le temps de nous écouter, de nous connaître, d’échanger profondément, nous éviterons des jugements prématurés, des conclusions hâtives qui dégénèrent fréquemment en conflits inutiles.

 

Ousseni Nikiema, langage de sourds

[email protected]

70-13-25-96

 

 

 

 

 

 


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