HomeOmbre et lumièreLA NOUVELLE DU VENDREDI : Le premier malade de Dunia

LA NOUVELLE DU VENDREDI : Le premier malade de Dunia


 

 

C’était encore au temps où les hommes de la grande savane de Dunia vivaient heureux et insouciants. La lèpre, la peste, la rougeole …, disons tous ces maux qui rongent le corps et détruisent l’esprit,  étaient inconnus.

Les hommes naissaient, grandissaient et vieillissaient en parfaite santé. Atteints par la limite d’âge, les anciens, pour rejoindre le royaume béni des ancêtres, se faisaient surprendre. Sans cri ni douleur, dame trépas passait par un doux sommeil peuplé de rêves ensoleillés pour   emporter docilement et affectueusement les âmes dans un monde encore plus beau et plus merveilleux.

Longtemps, les choses de la vie se passèrent ainsi.

Longtemps, les habitants de la savane vécurent heureux.

La beauté sans fard de l’existence allait continuer et aujourd’hui, nous aurions hérité de cet âge d’or si l’homme, par sagesse, était resté en parfaite harmonie avec la nature.

« La plupart de nos misères prennent leur source dans notre violation incontrôlée de l’environnement ».

En ce temps très reculé, à l’aube de l’humanité où l’homme vivait heureux sans maladie, se passa l’histoire suivante. Un événement lourd de conséquences qui allait bouleverser l’ordre des choses.

Le jeune Koudbila allait souvent chasser dans la brousse. Le gibier, comme la cueillette, très florissant, assurait à tout le village une existence paisible.

Un jour, pour faire sortir un animal de son terrier, le jeune chasseur alluma le feu. Son coup réussit, mais par imprudence ou inadvertance, Koudbila oublia d’éteindre à l’eau les braises moribondes. Après son départ, l’harmattan, vent chaud et sec, par son souffle, ralluma le feu. Des heures plus tard, avant que les habitants du village alertés par les flammes et la fumée ne se mobilisent avec des branches et des canaris d’eau pour combattre le sinistre, une grande partie de la brousse était partie en fumée.Le spectacle était désolant ; çà et là gisaient des animaux sans vie, des racines vidées de  leur sève, de la cendre à perte de vue, une odeur repoussante de calciné, des feuilles laides, jaunies et fanées qui annonçaient la fin probable des arbustes… le décor était cruel et révoltant.Après la victoire tardive sur le feu, les villageois rentrèrent chez eux, le cœur lourd et meurtri par cette affreuse vision. Nombreux, cette nuit là, furent ceux qui se couchèrent sans dîner.Le plus abattu était incontestablement Koudbila, le responsable de cette lamentable bavure. Après avoir ardemment combattu les flammes, il était rentré chez lui la tête basse, l’âme en deuil. En proie au remords et à l’indignation, il avait versé des larmes sur sa natte toute une partie de la nuit. Il sombra ensuite dans un sommeil agité. A l’aube, il se réveilla avec le premier mal de l’histoire de l’humanité. Il fut malade et garda la case aussi longtemps que mit la nature à se recomposer, aidée par le temps cicatrisant des peines, soignée surtout par Saaga, la pluie bienfaitrice.  Depuis cette histoire dans la grande savane de Dunia, les criminels responsables de feux de brousse sont sévèrement punis.Ceux qui parviennent à échapper aux vivants ne peuvent se soustraire à la malédiction des ancêtres.  Une fois de plus, cette histoire puisée dans la profondeur du grenier ancestral du Mogho nous interpelle : aimons, entretenons et protégeons la nature.

« Nous ne l’avons pas héritée de nos parents,

Nous l’avons empruntée à nos enfants », ainsi nous conseillait  le sage. 

Extrait du livre «  les contes de Duna 3 »

 

Ousseni Nikiéma

Tél. :  70-13-25-96

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