HomeOmbre et lumièreOSC ET POLITIQUE : Le CRAC aurait-il la mémoire courte ?

OSC ET POLITIQUE : Le CRAC aurait-il la mémoire courte ?


Le comité de réflexion et d’action pour le renouveau du congrès pour la démocratie et le progrès (CRAC) a tenu le samedi 28 mars dernier sa 2e assemblée générale. A cette occasion, le CRAC, par la voix de son coordonnateur, Ali Badara Ouédraogo, a dénoncé l’intrusion des organisations de la société civile (OSC) dans la politique. Pour lui, les OSC doivent « seulement jouer leur rôle de veille et de force de proposition… ». Ce point de vue mérite bien un commentaire et ce, au regard du contexte politique qui est celui du Burkina Faso. En effet, par définition, les OSC sont des structures citoyennes de veille et de propositions comme l’a si bien dit le CRAC.

Elles doivent donc se garder d’être des caisses de résonance de chapelles politiques et s’interdire de se comporter comme des formations politiques dont la vocation première, on le sait, est de participer au jeu politique dans la perspective de la conquête du pouvoir d’Etat. De ce point de vu, on peut en savoir gré au CRAC de rappeler aux uns et aux autres les limites que toute OSC digne de ce nom ne doit pas franchir, au risque de faire dans la confusion des genres. Toutefois, cette mise au point venant de la part d’une structure affiliée au CDP dont l’ancien mentor, Blaise Compaoré, a été contraint à la fuite grâce essentiellement à l’investissement téméraire de la société civile, peut paraître suspecte pour les raisons suivantes.

D’abord, l’on peut se demander si le CRAC a la mémoire courte. Où étaient en effet, ces messieurs quand la fédération associative pour la paix avec Blaise Compaoré (FEDAP/BC), en dépit du fait qu’elle était juridiquement une association de la société civile, agissait de façon ostentatoire comme un véritable parti politique ? Les véritables leviers du pouvoir d’Etat, on le savait, sous Blaise Compaoré, étaient détenus par les membres de cette association indûment qualifiée à l’époque d’OSC. La conséquence a été que tous les chercheurs de postes de tous les horizons y ont accouru dare dare pour prendre leur carte de membre. In fine, c’est le CDP lui même qui a été vidé de toute sa substance au profit de la « chose » de François Compaoré. Et cette « chose » a tellement sévi au Burkina Faso que ses stigmates mettront beaucoup de temps à s’effacer.

Ensuite, quand le CRAC martèle que les OSC doivent « seulement jouer leur rôle de veille et de force de proposition », l’on peut avoir envie de lui demander ce qu’il entend par « seulement jouer leur rôle de veille ». En effet, cette clarification vaut son pesant d’or. Car, au temps fort de la polémique autour de l’article 37, l’on a entendu des gens faire le reproche aux OSC qui avaient pris position contre le tripatouillage de la constitution, de se mêler de questions qui ne sont pas de leur ressort. Si le « seulement » du CRAC vise à exclure la société civile de ce genre de débat politique, l’on ne doit pas craindre de dire que sa vision des OSC est arrière-gardiste. En effet, tout le monde sait que sans la contribution des OSC, notre démocratie se serait tropicalisée à outrance pour permettre à un individu qui avait déjà régné sans partage sur le pays pendant 27 ans, de modifier selon ses humeurs les textes pour perpétuer son bail à la présidence jusqu’à ce que la nature en décide autrement.

Les OSC qui ont œuvré pour le départ de Blaise Compaoré doivent se convaincre qu’elles sont dans le collimateur de tous les prédateurs de la démocratie

De ce point de vue, tous les patriotes de ce pays, tous les démocrates sincères doivent rendre un hommage appuyé aux organisations de la société civile qui ont brandi un carton rouge à Blaise Compaoré. Sans elles, ni les urnes ni les partis politiques de l’opposition encore moins la communauté internationale n’auraient pu venir à bout de la boulimie du pouvoir de Blaise Compaoré. Et ce ne sont pas les jérémiades du CRAC qui peuvent convaincre le peuple burkinabè du contraire. D’ailleurs, tous les bonds qualitatifs opérés par le Burkina dans le domaine de la politique et dans celui de la protection des droits humains l’ont toujours été grâce à la mobilisation citoyenne, dans le cadre de la société civile. Le 3 janvier 1966, ce sont les syndicats qui ont su apporter la réplique qu’il fallait à Maurice Yaméogo, dans ses dérives de dépenses somptueuses.

En 1998, suite à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, l’on a vu la forte mobilisation de la société civile pour réclamer justice pour les suppliciés de Sapouy. C’est cette longue tradition de lutte citoyenne dont le Burkina, en plus du Sénégal, semble avoir le secret en Afrique de l’Ouest, qui a permis à notre pays de se débarrasser de tous ceux qui voulaient le ramener à l’âge d’or de la dictature.

Les 30 et 31 octobre derniers s’inscrivent dans cette dynamique. Et là aussi, ce sont les organisations de la société civile qui étaient à l’avant-garde. Mais l’on peut comprendre l’attitude du CRAC. Car, depuis quand a-t-on vu une mère dire du bien de la sorcière qui a tué son enfant ? Et la sorcière dans le cas d’espèce est la société civile. Elle ne doit donc pas s’attendre aux compliments des orphelins de Blaise Compaoré.

Au-delà des frontières du Burkina, les OSC qui ont œuvré pour le départ de Blaise Compaoré doivent se convaincre qu’elles sont dans le collimateur de tous les prédateurs de la démocratie, camouflés ou connus. C’est pourquoi, elles doivent travailler à se rendre davantage crédibles aux yeux des populations, par des prises de positions plus hardies dans le sens de l’intérêt général. Pour cela, les bons grains doivent être séparés en leur sein de l’ivraie. Et l’ivraie, ce sont toutes ces organisations de la société civile qui roulent pour des chapelles politiques et qui, de ce fait, sont incapables de toute réflexion et analyse désintéressée, susceptible de tirer la démocratie vers le haut.

L’ivraie, c’est aussi toutes ces organisations qui ont fait du militantisme citoyen un fonds de commerce et un emploi.

Sidzabda


Comments
  • Laissez cet Ali Badra OUEDRAOGo tergiverser. Il a la mémoire courte et surtout ne sait pas où il va. On s’est connu à l’Université de Ouagadougou où tu t’es fait remarqué par tes nombreuses traitrises de tes camarades.
    Tu as poursuivi ta forfaiture avec François COMPAORe et aujourd’hui tu veux jouer au donneur de leçon. Crois-moi cher Ami, ce n’est pas fini la révolution. Tu verras bientôt.

    31 mars 2015
  • BONJOUR A TOUS

    Que le CRAC craque. la démocratie sous les ospices de la société civile et du peuple du pays réel ne s’en offisquera jamais et ca au grand jamais, La patrie ou la mort nous vaincrons. Aawotoo .

    31 mars 2015
  • Voyez-vous, il y a des petites gens qui ne seront jamais rien d’autres que de grands escrocs politico-associatifs. Tout est bon pour eux pour se faire voir afin d’avoir quelques billets avec leurs employeurs. c’est ce que j’appelle les rentiers de la politique. Ils ne vivent que de ça. Ils construisent des villas avec, achètent des grosses cylindrées avec, mangent avec, et finissent toujours dans le déshonneur. Je dis bravo aux OSC sans lesquelles Blaise aurait réussi sa forfaiture. Aucun militant sérieux de la société civile, la vraie, ne sera laissera distraire par des rentiers de la politique.

    31 mars 2015
  • CRAC = opportuniste. Mais on ne craque pas 2 fois. Vous êtes déjà broyés.

    31 mars 2015

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