HomeA la unePARGUI EMILE PARE, Secrétaire à la formation politique et civique du MPP :  « La responsabilité des intellectuels se joue maintenant»

PARGUI EMILE PARE, Secrétaire à la formation politique et civique du MPP :  « La responsabilité des intellectuels se joue maintenant»


Pargui Emile Paré ou encore « Le Chat noir du Nayala » est un homme bien connu de la sphère  politique du Burkina Faso. Face à la situation qui prévaut, il a évidemment son mot à dire, notamment suite à l’adoption, en Conseil des ministres extraordinaire, du projet de loi portant modification de la Constitution. Sur le sujet, voilà ce que pense le désormais secrétaire à la formation politique et civique du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). A son avis, si le chef de l’Etat ne recule pas, le pays va connaître une crise sociale aux conséquences incalculables.

 

Propos recueillis dans les locaux des  Editions « Le Pays », le mercredi 22 octobre 2014.

 

« Le Pays » : Comment réagissez-vous à l’adoption, en Conseil des ministres, du projet de loi portant modification de la constitution ?

 

Pargui Emile Paré : Le président Blaise Compaoré et son gouvernement viennent de franchir le Rubicon. Vous vous souvenez bien que le 4 juillet dernier, l’ambassadeur des Etats-Unis avait demandé au président Compaoré et aux forces politiques de ne pas franchir le Rubicon. Le 14 juillet également, l’ambassadeur de France a invité le gouvernement et le chef de l’Etat à engager un dialogue franc avec toutes les forces politiques en vue de sortir de cette crise. Nonobstant tous ces appels de la communauté internationale, toutes les forces démocratiques et politiques sur le terrain ont été claires quant à la modification de l’article 37 et au danger que le pays va courir si cela se fait. Les forces coutumières et religieuses ont émis des réserves. La société civile, les personnalités, tous les grands constitutionnalistes ont été très clairs sur le fait que le référendum est inconstitutionnel. Malgré cela, le chef de l’Etat engage le projet de révision de l’article 37 ; nous disons donc qu’il a franchi le Rubicon. Désormais, le pays va connaître une crise sociale aux conséquences incalculables. J’ai été candidat à la présidentielle à deux reprises,  et contre notre gré, nous avons dû accepter la non rétroactivité de l’article 37 en 2005. Cette fois-ci, je ne me vois pas, en tant que candidat à l’élection, accepter ce projet de révision. J’ai eu à dire que le peuple a d’ailleurs déjà réagi ; il a donné sa réponse et nous sommes dans une situation pré-insurrectionnelle. Blaise Compaoré oblige le peuple à réaliser ce que l’on appelle une véritable révolution démocratique,  parce que toutes les forces politiques seront coalisées pour barrer la route à ce projet. Je ne vois pas la CENI en train d’organiser de telles élections, ni ce député représentatif de son électorat en train de voter pour ce référendum. Les jours à venir nous montrerons, bien entendu, de quel camp seront les rapports de force. Je connais Blaise Compaoré ; il a été un camarade de lutte sous la révolution démocratique et populaire, je l’ai affronté dans la démocratie, il aime le rapport de force. Aujourd’hui, le peuple n’a  plus d’autre choix que d’imposer le rapport de force et faire l’avènement de la révolution démocratique.

Lorsque vous parlez de crise sociale aux conséquences incalculables, doit-on s’attendre à ce qu’il y ait des affrontements ?

 

C’est évident parce qu’aujourd’hui, le peuple est dos au mur ; il n’a pas d’autre choix. Si Blaise Compaoré contraint le peuple à réagir, je crois que, de façon démocratique, toutes les voies sont ouvertes à ce dernier pour  prendre le pouvoir. Il n’y a pas autre voie aujourd’hui que celle de la désobéissance civile, c’est-à-dire que nous allons refuser l’Etat de droit dans sa forme actuelle. Il y aura des manifestations telles que le boycott de l’administration, des villes mortes, des marches-meetings dans tout le pays ; chaque fraction du peuple s’exprimera, chacune à sa manière, pour dire « Non » au référendum. Blaise Compaoré met le pays dans une situation exactement similaire à celle du Sénégal de Wade qui a voulu faire un ticket pour faire de son fils son dauphin. Vous vous souvenez, le peuple sénégalais dans sa masse, a marché sur l’Assemblée nationale et Wade, en grand démocrate, a compris l’appel du peuple et a reculé. Pour cela, il faut le féliciter. Blaise Compaoré est dans la même situation aujourd’hui ; s’il fait comme Wade, il n’y a pas de problème mais s’il persiste, il entrera dans l’histoire de façon triste. Nous sommes dans une situation insurrectionnelle ; une situation où nous sommes obligés de faire de la désobéissance civile face à ce projet de loi. Il y a aussi la responsabilité des intellectuels qui doit se jouer maintenant. Chaque intellectuel doit prendre ses responsabilités. C’est nous qui tirons la société, qui écrivons les textes et vous verrez dans les jours à venir comment chaque fraction du peuple va se positionner par rapport à ce projet de loi.

Au stade actuel, avez-vous un appel à lancer au président du Faso ?

 

Je suis en train de lui écrire une lettre ouverte que je vais publier dans les jours à venir. Je lui envoie cette lettre à double titre ; en ma qualité de camarade du président, compagnon de lutte depuis le CNR jusqu’au Front populaire et en ma qualité de démocrate qui a affronté les élections avec lui durant deux mandats. L’appel que je vais lui lancer, c’est de retirer ce projet de loi au plus vite. Ce n’est pas la peine de mettre les députés dans des difficultés inexplicables, de plonger le pays dans une crise aux conséquences incalculables. Qu’il soit à l’écoute de la communauté internationale. Toutes les forces coutumières, religieuses se sont prononcées sur la question et Blaise Compaoré a encore le temps de reculer. C’est cet appel que j’ai à lui lancer et s’il persiste, il entrera tristement dans l’histoire et les générations futures lui donneront une sépulture digne de son inculture.

 

Propos recueillis par S.C.


Comments
  • Blaise est un individu qui n’a jamais eu le courage d’assumer ses choix et ses actes. Il les laisse toujours porter par des “portes serviettes” et ou des “affamés” qui ne reculent pas devant ce qui est indigne.
    Je me demande comment il a pu infiltrer l’armée de la Haute Volta, usurpé le grade qui a fait de lui un officier de l’armée voltaïque. Parce que la suite de son existence n’est que tissu de forfaiture : immolation horrible de Sankara, qualifié de “traître à la révolution”, pour son simple désir de pouvoir (il fait porter le chapeau aux exécutants), exécution sommaire de Henri Zongo, Boukari Lingani (il laisse la salle besogne à Gilbert Diendéré), explosion à la grenade de Oumarou Clément Ouédraogo (il fait de la diversion avec la mise en place d’une commission d’enquête dont le rapport reste toujours secret), puis il y a eu tous les autres (militaires comme civiles). La main de Blaise est en arrière plan à chaque fois, mais il n’a jamais eu le courage d’assumer. Le burkina Faso ne mérite pas un président qui n’a cessé de démontrer son incapacité à comprendre ce qu’est l’intégrité. Blaise est advenu par la forfaiture il s’est imposé par l’usurpation, il partira par la révolution populaire. La vrai, celle de tout le peuple éclairé.

    23 octobre 2014
  • mon frère,je me demande aussi comment son ami et camarade et tout les autres leaders de la révolution ont pu tous ensemble se tromper aussi lourdement sur le personnage????je ne comprends pas!!!!enfin si nous avons longue vie l’histoire nous dira certainement ce qui s’est passé

    23 octobre 2014
  • Nous avons demandé à DIEU DE VENIR EN AIDE AU PEUPLE DU BURKINA. Blaise a remué l ‘essaim d’ abeilles .Attendons le plan de Dieu l’ impénétrable.

    23 octobre 2014
  • soyons donc
    responsables

    9 février 2015

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