HomeA la unePASCAL AFFI N’GUESSAN, Président du Front populaire ivoirien (FPI) : « Le peuple nigérien a été sensible à l’immense travail abattu par le président Mahamadou Issoufou »

PASCAL AFFI N’GUESSAN, Président du Front populaire ivoirien (FPI) : « Le peuple nigérien a été sensible à l’immense travail abattu par le président Mahamadou Issoufou »


Il a été aperçu aux côtés du président sortant et candidat à sa propre succession, Mahamadou Issoufou, au stade Général Seyni Kountché à Niamey, le 18 février dernier, à l’occasion du dernier grand meeting du parti au pouvoir, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS)-Tarraya. A ce sujet, il dit dans le présent entretien, que « c’est un soutien que nous sommes venus apporter non seulement à un ami avec qui nous cheminons depuis plusieurs années, mais aussi et surtout à un camarade de lutte ». Dans le hall d’un grand hôtel de Niamey où Pascal Affi N’Guessan, Président du Front populaire ivoirien (FPI), avait installé ses pénates, nous lui avons tendu notre micro. Ce fut in extremis, puisqu’il venait juste de faire son check-out, direction, la Côte d’Ivoire. « Il y a eu changement de programme, il faudra qu’on y aille vite », nous a-t-il lancé. Il a, en effet, de peu failli nous poser un lapin, après un rendez-vous pris la veille. Et pour cause : les nombreux étrangers que le Niger a accueillis sont bien angoissés, une grève affectant en ce moment le secteur du transport aérien. Vols annulés, nous dit-on. Le gouvernement travaillerait à trouver une solution à l’amiable. L’interview réalisée avec Pascal Affi N’Guessan, le 23 février 2016, a porté, entre autres, sur ses rapports avec Mahamadou Issoufou, ses impressions sur le peuple nigérien et le Niger, la vie de son parti, la récente extradition d’ex-putschistes burkinabè de la Côte d’Ivoire vers le Burkina, la réconciliation en Côte d’Ivoire, etc.

« Le Pays » : Dès l’entame de son intervention à l’occasion de son meeting du 18 février dernier au Stage Général Seyni Kountché, le président sortant, Mahamadou Issoufou, et candidat à sa propre succession, a souligné et salué votre présence à ses côtés. C’est un soutien que vous êtes venu apporter à un ami ?

Pascal Affi N’Guessan : Effectivement, c’est un soutien que nous sommes venus apporter non seulement à un ami avec qui nous cheminons depuis plusieurs années, mais aussi et surtout à un camarade de lutte, au président d’un parti membre de l’International socialiste, avec lequel nous partageons beaucoup de choses. Ce parti a réalisé un important travail, au Niger, qui nous honore tous. Il était important que nous soyons là pour témoigner notre solidarité à ce parti, le PNDS (Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme)-Tarraya.

Au terme de votre séjour, qu’est-ce que vous retenez du peuple nigérien ainsi que du Niger ?

Nous retenons que le Niger poursuit sa marche en avant, en termes notamment de construction de la démocratie. Et nous nous félicitons du dynamisme de cette démocratie nigérienne à travers les différentes candidatures aux élections, à travers la mobilisation des Nigériens pour la présidentielle et les législatives. A travers aussi l’esprit de paix, de tolérance qui a prévalu au cours de la campagne électorale et même du déroulement du scrutin. Donc, nous observons que, progressivement, les Nigériens consolident les bases démocratiques de leur pays. Pour ce qui concerne le Niger, nous avons observé une ville en chantier.

« L’extradition des présumés ex-putschistes burkinabè de la Côte d’Ivoire vers le Burkina est une très bonne chose. Nous espérons que ce premier pas sera suivi d’autres »

A travers la mobilisation autour de la campagne du président, nous avons noté que le peuple nigérien a été sensible à l’immense travail abattu par le président Mahamadou Issoufou. Ce qui veut dire que progressivement, les questions de développement, de promotion de certaines valeurs, sont en train de s’imposer, de prendre le dessus sur toute autre considération et de déterminer le choix des populations. Je crois que c’est une très bonne chose pour la démocratie. Et c’est comme cela que nous pourrons faire de la démocratie, le pilier de la stabilité politique et de la construction nationale.

Certains de vos camarades demandent votre exclusion du Front populaire ivoirien (FPI). Quelle est votre réaction ?

Ce sont des débats politiques, des débats contradictoires. Ce qui est important, c’est que la grande majorité soutienne l’action que nous menons et qu’elle comprenne que ces revendications ou prises de position qui ne sont nullement fondées, relèvent de mauvais sentiments qui n’ont pas leur place en politique. Car, aujourd’hui, pour faire la politique, il faut faire preuve de tolérance et accepter les débats contradictoires. En tout cas, les attitudes tendant à l’exclusion n’ont pas leur place en démocratie.

Que pensez-vous de la récente extradition de présumés ex-putschistes burkinabè de la Côte d’Ivoire vers le Burkina ?

Je pense que c’est une très bonne chose, car cela renforce la coopération judiciaire entre les deux pays. Nous espérons que ce premier pas sera suivi d’autres, afin que les relations entre les deux pays soient empreintes de sérénité, de confiance, parce que le Burkina et la Côte d’Ivoire sont un même peuple, pratiquement un même pays.

Comment vivez-vous le procès de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo ?

Avec beaucoup de tristesse. Nous estimons que la Côte d’Ivoire n’avait pas besoin d’un tel procès. En effet les problèmes que le pays a connus pouvaient être résolus entre Ivoiriens qui ont les capacités de traiter ces problèmes. Nous déplorons l’internationalisation de la sortie de cette crise.

« Autant nous étions d’avis qu’il faut lutter contre l’impunité, autant nous souhaitons qu’on fasse la lumière sur les assassinats des ministres Boga Doudou, Désiré Tagro et autres »

Nous estimons que cette situation va entraver le processus de réconciliation nationale ou, en tout cas, ne contribuera pas à l’accélérer. Mais en même temps, nous espérons que la vérité triomphera et que l’innocence du président Laurent Gbagbo sera reconnue par la Justice internationale qui, on l’espère, se donnera les moyens d’éviter une justice à sens unique, une justice des vainqueurs. On espère qu’elle recherchera la vérité dans tous les camps afin qu’il y ait une justice équitable.

Quel commentaire faites-vous du procès des assassins présumés du Général et ex-président ivoirien, Robert Guéi ?

Est-ce que la vérité a été dite ? Est-ce que le procès a été équitable, juste ? Ce sont des questions qui méritent d’être posées, au regard de l’environnement qui a entouré tous ces procès en Côte d’Ivoire. Autant nous sommes d’avis qu’il faut lutter contre l’impunité, autant nous souhaitons qu’on fasse la lumière sur les assassinats des ministres Boga Doudou, Désiré Tagro et autres. Nous pensons que tout doit être fait pour qu’on ne condamne pas des boucs émissaires, pour que les procès ne soient pas expéditifs. Ces procès doivent contribuer à la manifestation de la vérité, et non alourdir le climat sociopolitique ivoirien.

Peut-on au moins dire que la Côte d’Ivoire est sur la bonne voie, en termes de réconciliation nationale, au regard des différents procès ?

Non, je dirais plutôt que la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire est dans l’impasse. Justement parce que la Justice qui devait être le soubassement de la réconciliation nationale, n’est pas, à l’heure actuelle, une Justice impartiale et équitable. Elle entrave donc le processus de réconciliation et cristallise les rancœurs parce que c’est un seul camp qui est poursuivi et ce, de façon injuste. C’est un harcèlement, en définitive, dont font l’objet tous les militants et sympathisants du FPI et proches du président Laurent Gbabgo.

Propos recueillis à Niamey par Cheick Beldh’or SIGUE (envoyé spécial)

 


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