HomeA la unePDCI/RDR : L’impossible mariage ?  

PDCI/RDR : L’impossible mariage ?  


La toute première session ordinaire de l’Assemblée nationale ivoirienne sous la IIIe République s’est ouverte, hier lundi 3 avril 2017. En effet, cette rentrée parlementaire, dans un contexte institutionnel nouveau, s’est déroulée sur fond de brouille au sein de la majorité présidentielle. En effet, les élus des deux mégas partis, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Rassemblement des républicains (RDR), n’ont pas voulu de cette union pour constituer un groupe parlementaire du RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix). Alors que c’était le vœu de leurs deux grands mentors, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. En décidant de faire chambre à part, la question que l’on peut se poser, est de savoir s’il s’agit pour ces deux formations politiques, qui ne filent pas tellement le parfait amour, d’être beaucoup plus représentatifs dans les différentes commissions et autres. D’autant que, par ailleurs, la Constitution d’un groupe parlementaire procure tellement d’avantages matériels et financiers qu’il faut bien ne pas s’en priver. Ou s’agit-il d’un pas vers le divorce ? Pour la seconde hypothèse qui semble assez plausible, il faut dire que la Côte d’Ivoire court un gros risque, avec cette guéguerre de clans au sein du RHDP.  Et ce qu’il faut craindre dans tout ça, c’est  l’accord de Daoukro qui a prévalu à la création de cette famille houphouëtiste. Le principe dudit accord étant que les candidatures à la présidence de la République soient tournantes, il y a risque que les bisbilles au sein du RHDP ne s’arrêtent pas à temps.

Cette première législature de la IIIe République  ivoirienne ne va pas manquer de prendre les allures d’une véritable foire d’empoigne

Dans sa profession de foi servant de discours inaugural de cette rentrée parlementaire, du haut de l’estrade de l’hémicycle, le maître des lieux, Guillaume Soro, tout en insistant sur les vertus du pardon et de la réconciliation nationale et sur la nécessité pour l’Assemblée nationale de travailler au renforcement de la cohésion sociale, n’a pas, pour autant, manqué de faire un clin d’œil  à ses pairs. En effet, il les exhorte à travailler dans un climat de convivialité et de confiance, rien que dans l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire. A première vue, cet appel ne sort pas de l’ordinaire. Mais, au regard des circonstances qui ont amené à tuer dans l’œuf la création d’un groupe parlementaire RHDP, on peut être amené à se demander s’il ne s’agit pas d’un signe prémonitoire de ce que sera l’ambiance au sein de cette institution qui est le lieu privilégié de la vie politique. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette première législature de la IIIe République  ivoirienne ne va pas manquer de prendre les allures d’une véritable foire d’empoigne, avec en ligne de mire la succession de Alassane Ouattara. Cela dit, si le RHDP a été pour beaucoup dans l’élection du président Ouattara et la stabilisation de son régime, ce n’est pas évident que les prétendants au palais de Cocody s’accommodent de cette entité qui risque de ne même pas survivre à l’après-Ouattara. Et que dire de l’actuelle Assemblée nationale qui compte environ 75 députés indépendants ? Il ne faut donc pas écarter cette éventualité de voir des “présidentiables”, sûrs de leur force de frappe politique et qui ne se verraient pas dans les bonnes grâces des deux pères fondateurs du RHDP, se servir de ce précédent pour tenter de voler de leurs propres ailes. A moins que Ouattara et Bédié, au regard des difficultés qui sont les leurs à imposer la discipline dans la famille houphouëtiste, décident de mettre leurs dauphins dans le grand bain, au grand jour. Ce serait un scénario plutôt catastrophe.

Drissa Traoré


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