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PENURIE D’EAU A FADA N’GOURMA : Un véritable calvaire pour la population


Alors qu’il ne peut produire que 2 020 m3 par jour, l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) doit répondre à une demande moyenne quotidienne d’eau de 2 700 m3, qui cumule à 3 240 m3/j en période chaude. Ainsi, la Nationale des eaux doit combler un déficit journalier de 1 200 m3 au risque de voir ses robinets susciter critiques et colère de la part de la population de Fada.

 

Le problème d’eau à Fada est un véritable casse-tête pour les populations. En effet, au secteur 2 de Fada, des bornes fontaines sont à sec depuis deux ans. Aux secteur 1, 6 sud et 12, bref dans la plupart des secteurs de la ville, les robinets crachent beaucoup plus de colère que d’eau et alimentent une psychose pour les prochains mois chauds d’avril à juin.

Lasses d’attendre que leurs robinets redeviennent féconds, les femmes du secteur 2 prennent d’assaut les bornes fontaines du secteur 5 au centre-ville pour s’approvisionner, et ce avec un peu de chance et durant une demi-journée de patience. Ailleurs, au secteur 1, il faut attendre l’eau entre minuit et 5h du matin. Selon une ménagère, cette situation est un calvaire pour tous. « Tout le monde souffre. La nuit, les gens ne dorment pas. Dans la cour où je loge, on peut faire deux semaines sans qu’une goutte d’eau ne sorte de notre robinet. On est réduit à acheter quelque fois des sachets d’eau pour cuisiner. Au mieux, nous avons de l’eau deux fois dans le mois, entre minuit et le petit matin. Il faut commander une barrique à 500 voire 600 F CFA, et tu passes ta commande le lundi pour être servi le vendredi. Ça aussi, il faut aller à la fontaine pour confirmer ta commande en harcelant le charretier. Eux-mêmes s’alignent et ne gagnent pas facilement l’eau. Il faut que l’ONEA grouille pour soulager notre souffrance », a-t-elle confié. La sécheresse des robinets est devenue le sujet de prédilection dans les grins et le refrain est : « il faut veiller et laisser le robinet ouvert pour attendre l’eau ». Selon des jeunes, pour se convaincre de la crise de l’eau, « il faut faire un tour dans les concessions ; il n’y a pas une seule cour qui ne soit encombrée de bidons jaunes, quand bien même un robinet trône dans un coin de la maison. Vous êtes obligés de vous munir de bidons pour aller faire le pied de grue à la borne-fontaine ». Une situation qui ne fait qu’augmenter la colère des abonnés : « on a un robinet chez soi et on est obligé d’aller chercher l’eau dans un autre secteur, de dépenser de l’énergie, de l’argent et du temps. Le comble est qu’en milieu de mois, une facture tombe. Il faut la payer à l’ONEA ». Des abonnés qui soutiennent ne rien comprendre aux explications des techniciens de l’ONEA. « On nous a toujours donné une explication tellement technique qu’on n’a jamais comprise. D’ailleurs, ce ne sont pas des explications que nous voulons, nous voulons de l’eau, point barre », a lâché un abonné.

Des perspectives en vue

Nana Salfo, le chef de centre de l’ONEA pour Fada N’Gourma, Bogandé, Gayeri, Diapaga, Pama et Kompienga a dit être très préoccupé par la situation. « Le centre de Fada a été créé en 1982 et inauguré avec déjà des problèmes d’eau. Au cours des années, nous avons entrepris un certain nombre d’actions pour renforcer la ressource en eau. En 2000, nous avons réalisé près de 60 forages, malheureusement, le taux d’échec a été très élevé. Tout récemment en avril 2003, nous avons ré-opté pour l’eau de surface et alimenté Fada à partir du barrage de Tandiari dont la capacité de production est de 80 m3/heure. Nous avons réussi à résoudre le problème pendant un certain nombre d’années. Malheureusement, avec la pression démographique croissante et l’extension continue de la ville, toutes ces interventions sont un peu dépassées », a-t-il expliqué avant d’ajouter : « à l’heure actuelle, nous produisons près de 2 020 m3 par jour, mais les besoins en eau de la population de la ville de Fada sont estimés à 2 700 m3/J en temps normal, et 3 240 m3/j en période chaude ; ce qui nous donne un déficit de près de 1 200 m3/j ». Pour lui, ce déficit qui est vraiment énorme, est la raison fondamentale du problème d’eau à Fada. Comme ressources, outre le barrage de Tandiari, l’ONEA ne compte en ce moment que 6 forages d’un débit cumulé de 35 m3/h. Toutefois, Salfo Nana se veut optimiste. « Je puis rassurer que nous sommes en train de prendre des dispositions pour pallier la situation. Nous avons mis en place des mesures d’urgence qui vont consister, en un premier temps, à la réalisation de 3 nouveaux forages – en espérant un bon débit – et l’augmentation de la capacité de traitement par une remise à niveau des équipements, tant au niveau du barrage de Tandiari que des forages. Nous comptons également reprendre l’exploitation de 4 anciens forages, quand bien même ils sont de moindre importance », a-t-il rassuré. « Nous comptons optimiser la distribution à travers un programme de rationnement afin de permettre à ceux qui n’ont pas d’eau depuis près de 2 ans d’en avoir au moins de façon périodique dans la journée. Nous pourrons ainsi satisfaire, un tant soit peu, les zones difficiles, notamment les secteurs 1 et 2, le secteur 6 sud ». Et de suggérer : « malgré ce programme, il se pourrait que des zones ne soient pas couvertes et nous demandons à ceux qui seront dans cette situation de toucher l’ONEA afin que nous voyions ensemble dans quelle mesure nous pourrons les satisfaire ». Tout en affirmant comprendre la situation, Salfo Nana a demandé l’indulgence de la population en attendant des mesures plus appropriées. « Dans un proche avenir, en 2016, nous comptons réaliser près de 10 forages pour une production de près de 600 m3/j qui nous permettra de combler le déficit pour près de 50 à 60%. La solution définitive va consister à pouvoir alimenter la ville de Fada à partir d’un grand ouvrage, soit un grand barrage autre que celui de Tandiari qui a une capacité de 3 millions de m3, son niveau d’eau a baissé et il n’est plus une solution ». Selon lui, le besoin individuel en eau de la population est estimé à « 46 litres par jour et par habitant, et cette consommation peut augmenter de 1,2 fois en période chaude et passer à un besoin de plus de 50 litres par jour ». En attendant une solution définitive, il a invité la population à une discipline individuelle dans la consommation, au respect de l’eau.

Guy-Michel Bolouvi

(Correspondant)

 


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