HomeA la unePHILIPPE KAHOUN A PROPOS DE L’AVENEMENT DE LA TNT AU BURKINA:« Il n’y a pas matière à panique »

PHILIPPE KAHOUN A PROPOS DE L’AVENEMENT DE LA TNT AU BURKINA:« Il n’y a pas matière à panique »


Le Burkina Faso ambitionne de passer de la télévision analogique à la Télévision numérique de terre (TNT). Prévu pour l’horizon 2015, ce passage n’est pas sans susciter l’inquiétude des citoyens, notamment les utilisateurs, les vendeurs de postes téléviseurs et même les professionnels de l’audiovisuel. Pour lever cette inquiétude, nous avons rencontré, le 14 août 2014, l’ingénieur des techniques radio-communication et télévision, membre du comité de coordination de la TNT du Burkina, Philippe Kahoun. Avec lui, nous avons abordé les conséquences positives de cette technologie moderne , les adaptations qu’elle suscitera, les mesures prises par l’Etat pour faciliter son avènement et l’accompagnement prévu en termes d’accès et de fiscalité à tous ceux qui veulent l’utiliser. Après avoir apporté des éléments de réponse à ces différentes préoccupations, le Directeur de la prospective à la RTB (Radiodiffusion et télévision du Burkina) a rassuré qu’outre les télévisions en noir et blanc, celles en couleurs seront convertibles à la TNT et qu’il n’y a pas lieu de paniquer.  

 

« Le Pays » : A quelle réalité concrète renvoie l’avènement de la Télévision numérique de terre (TNT) ?

Philippe Z. Kahoun : Ce qu’il faut comprendre dans ce passage à la télévision numérique, est que toute communication se fait sur la base d’un support appelé fréquence. Ces fréquences existent dans l’univers et sont réparties par zones continentales et par groupes de pays. Chaque pays est aussi réparti en régions. De nos jours, ces fréquences sont en train de finir, elles sont en train de se limiter. Alors, il a fallu penser à une autre technologie qui va préconiser justement l’utilisation de ces fréquences. C’est ce qui explique le passage de l’analogique au numérique.

Quelles conséquences bénéfiques l’avènement de la Télévision numérique de terre apporte-t-elle ou est-ce seulement un effet de mode ?

Ce n’est pas un effet de mode, mais une réalité technologique face à laquelle nous nous trouvons. L’objectif est de trouver une technologie nouvelle, pour faire de la télévision. De nos jours, avec l’analogique, chaque télévision diffuse sur une seule fréquence, ce qui veut dire : un émetteur et un seul programme pour chaque télévision.

Avec la TNT, on pourra diffuser 20 programmes ou 20 télévisions sur une seule fréquence

Cependant, la télévision numérique permet de libérer les fréquences occupées actuellement par les télévisions analogiques. Avec cette nouvelle technologie, on pourra diffuser 20 programmes ou 20 télévisions sur une seule fréquence selon le format de l’image. En libérant ces 19 fréquences, on va vers le dividende numérique qui va consister à réutiliser ces fréquences libérées à d’autres fins car, toute communication se fait sur la base d’une fréquence. Actuellement, beaucoup de personnes se plaignent naturellement des réseaux mobiles de télécommunication parce que les lignes ne sont pas stables, le débit d’accès à Internet n’est pas fluide, l’imagerie dans les hôpitaux n’est pas bonne, etc. Et les fréquences libérées permettront de développer d’autres applications telles que la e-gouvernance, la e-santé, l’Internet à haut débit. On va aller vers la 3G+ ou la 4G+. Donc, cela va profiter énormément aux acteurs, pris individuellement, et aux Etats membres des pays qui vont passer à la télévision numérique. Ce qu’il faut savoir est que le numérique ne date pas d’aujourd’hui.

Donc, si on comprend bien, l’avènement de la TNT ne va pas apporter des changements uniquement au niveau de la télévision mais aussi dans d’autres domaines. 

Naturellement, le premier objectif de cette TNT est de permettre de libérer les fréquences qu’occupaient les télévisions analogiques. Une fois que ces fréquences seront libérées, elles pourront être utilisées pour développer beaucoup d’autres secteurs, dans le domaine des technologies de la télécommunication et de l’information. Ce qu’il faut savoir ici, est que le numérique ne date pas d’aujourd’hui mais c’est son application à la télévision qui est une nouveauté. Cette nouvelle technologie va permettre de développer d’autres applications qui sont bloquées de nos jours, car nous sommes dans un monde où la Technologie de la communication et de l’information est en plein essor. S’il n’y a pas de fréquences, elle ne peut pas se développer. C’est pourquoi il a été décidé, à Genève depuis 2006, lors de l’accord de la GE 6 par les pays membres du monde de la technologie et de l’information, du passage de la télévision analogique à la télévision numérique. Le Burkina Faso, faisant partie de ces pays membres, ne peut pas se démarquer de cette décision. Outre cela, on ne peut pas faire autrement, car les Occidentaux qui fabriquent les télévisions ont arrêté la fabrication des équipements analogiques. Donc, un pays pris isolément, ne peut se résoudre à vouloir faire chemin seul. D’ailleurs, en Afrique, nous ne sommes pas seuls, nous sommes avec les autres pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de l’Union africaine (UA).

La TNT est-elle adaptée à l’environnement du Burkina Faso où on a beaucoup de poussière?

Le passage au numérique va être une opportunité d’améliorer la qualité des images. Avec la TNT, la qualité des images que vous recevrez sur les écrans de vos téléviseurs sera pareille à celle que vous recevez avec les décodeurs à travers les satellites. Mieux, cette opportunité va permettre de couvrir à 98%, le territoire national. Ce qui n’est pas le cas de nos jours car nous sommes autour de 50% à 53% de couverture nationale, pour ce qui est de la Télévision nationale burkinabè (TNB), n’en parlons pas des chaînes privées qui sont, pour la plupart, basées uniquement à Ouagadougou et quelques unes qui tentent de se déployer un peu dans les régions.

Justement, quelles sont les adaptations que l’avènement de la TNT pourrait susciter ?

Nous sommes en train de communiquer avec la population, pour qu’elle comprenne qu’il n’y a pas matière à panique dans ce sens-là. Certes, il y a un changement dans le mode de réception et ce changement va consister à adapter les téléviseurs actuels, qu’ils soient avec écran bombé, plat, LCD ou plasma, au nouveau mode de réception du numérique, car ils ne sont pas automatiquement prédisposées pour recevoir la TNT. C’est pourquoi il y aura un décodeur TNT, qui est en cours de construction dans l’espace CEDEAO. Les utilisateurs vont acquérir ce décodeur pour pouvoir adapter leurs téléviseurs. C’est ce décodeur ou adaptateur qui va convertir les images pour pouvoir les adapter aux téléviseurs analogiques. Pour des catégories sociales plus évoluées, celles-ci pourront directement aller vers des téléviseurs avec l’adaptateur directement intégré dans la conception du poste téléviseur.

« Les téléviseurs en noir et blanc ne seront pas adaptables »

Donc, elles n’auront pas besoin d’avoir un adaptateur avec cette solution, puisque le décodeur est incorporé dans le poste téléviseur. Pour les autres, nous leur recommandons de garder leur calme parce que, le moment venu, ils pourront adapter leurs téléviseurs. Quand nous serons en numérique, la réception des images sera un peu exigeante en ce sens qu’il faudra avoir une antenne bien dirigée car, de nos jours, beaucoup ont des antennes mais ne savent par où les diriger pour pouvoir avoir de bonnes images, puisqu’il y a plusieurs émetteurs. En TNT, ce ne sera plus le cas. Il y n’aura qu’un seul émetteur pour la ville de Ouagadougou et tout le monde va orienter son antenne vers cet émetteur qui sera installé à Kamboinsin.

Y aura-t-il tout de même des téléviseurs qui seront abandonnés parce qu’on les trouverait désuèts ou dépassés ?

Les téléviseurs qui ne seront pas adaptables sont ceux qui sont en train de mourir d’eux-mêmes, à savoir les téléviseurs en noir et blanc. Ces téléviseurs vont être difficilement adaptables. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle un arrêté a été lancé par le ministère de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat dans le sens de demander aux importateurs de téléviseurs, d’éviter d’importer les téléviseurs dont les normes ne sont pas conformes à celles adoptées dans le cadre de la TNT au Burkina Faso. Certes, le Burkina Faso est en train d’aller vers la TNT et les pays d’Europe l’ont déjà devancé. Ils sont déjà en TNT depuis les années 2008. Depuis que le passage à la TNT a été lancé en 2006, les pays occidentaux se sont immédiatement mis à la tâche et beaucoup ont terminé en 2008. Mais en 2008-2009, ils avaient une autre technologie de la TNT, ce qu’on appelle le DVBT tout court. En 2011-2012, une nouvelle technologie est née ; il s’agit du DVB-T2 qui est encore meilleur que le DVBT, car c’est cette technologie qui permet d’aller jusqu’à 20 chaînes. Le DVBT se limitait à 6 ou 8 chaînes, alors que notre objectif est de libérer le maximum de fréquences possibles. C’est pourquoi tout le monde a basculé aujourd’hui vers le DVB-T2 dont la compression est le MPEG 4. Ce sont les normes exigées et adoptées par les pays membres de la CEDEAO et beaucoup d’autres pays à travers le continent africain. Donc, les pays européens qui se sont lancés dans la première technologie avec le DVBT, se sont rendu comptent qu’il y a une nouvelle technologie qui est née. Ils sont maintenant en train de libérer les équipements qui ne sont pas adaptables au DVB-T2 que les gens importent en Afrique, communément appelés « France au revoir ». Les populations, n’étant pas informées, achètent ces téléviseurs qui sont moins chers par rapport à ceux qui sont fabriqués avec des normes conformes à la TNT. Donc, pour préserver et protéger les consommateurs, il y a une note qui a été diffusée, demandant, depuis le 1er juillet dernier, de ne plus importer des téléviseurs dont les normes ne sont pas conformes, parce que cela va porter un préjudice à la population. Ceux qui ont les moyens vont payer les téléviseurs incorporés de décodeur TNT, sans savoir quel type de TNT est incorporé dans le téléviseur, car le type de TNT peut être d’une norme qui n’est pas adaptée de nos jours. Donc, il faudra faire très attention, car il y a plusieurs sortes de normes de TNT qui ont été adaptées à travers le monde. Il y a la norme européenne TNT actuelle, il y a la norme américaine, la norme japonaise et brésilienne. Donc, pour éviter que les uns et les autres se jettent dans cette situation, sans aucune connaissance en la matière, nous préconisons qu’on limite l’importation parce qu’on peut prendre de la TNT, mais pas de la TNT adaptée pour le Burkina Faso.

Quelle norme le Burkina a-t-il adoptée?

Le Burkina, tout comme l’espace UEMOA et CEDEAO, a adopté la norme DVB-T2 et la norme de compression c’est le MPEG4-AVC. C’est cette norme qui a été adoptée et qui est comparable à celle qu’on avait dans l’ancien temps analogique : le SECAM, PAL et le NTSC. Aujourd’hui, ce ne sont plus ces normes mais le DVB-T2 MPEG4. Au Japon, c’est l’IS-DVBT/H264, en Corée c’est le T-DMB/H264, aux USA et Amérique latine, c’est l’ATSC/H264. Voici autant de normes TNT de nos jours. Si on ne fait pas la nuance, les gens vont payer n’importe quel téléviseur parce que les commerçants leur diront que ça fait de la TNT, mais quel type de TNT ?

Avec la TNT, une seule antenne suffit pour avoir toutes les chaînes 

Si vous avez les moyens de payer votre téléviseur, surtout celui qui est incorporé avec un décodeur, il faut vous assurer que sur le carton du téléviseur c’est écrit DVB-T2/ MPEG4 ou alors sur la notice du téléviseur. Vérifiez ainsi sur la partie caractéristique figurée sur la notice. Vous verrez bien la tension que ça prend et la norme de diffusion TNT que ça prend aussi.

Quelle différence y a –t-il entre la TNT et la télévision analogique ?

La différence est que, déjà, de nos jours, les gens sont obligés d’avoir plusieurs antennes sur le toit, pour pouvoir avoir plusieurs chaînes, puisque les fréquences des chaînes sont dispersées dans la nature. Dans cette situation, soit une seule antenne avec une seule chaîne bien reçue, parce que les autres sont mal reçues puisqu’elles ne sont pas dans le champ. Avec la TNT, toutes les chaînes vont être regroupées et il suffit donc d’avoir une seule antenne pour avoir correctement toutes les chaînes. C’est comme si on faisait des bouquets de chaînes au sol, comparativement au bouquet de chaînes satellitaires. Et ces chaînes ne sont pas naturellement payantes. On va avoir un bouquet de chaînes à production locale, c’est-à-dire toutes les chaînes nationales dont canal 3, BF1, Impact tv et TVZ qui vont être diffusées par un seul opérateur de diffusion qui est naturellement la Société burkinabè des télédiffusions, créée dans ce cadre.

Quel accompagnement véritable prévoyez-vous en termes d’accès et de fiscalité à tous ceux qui veulent se convertir à la TNT ?

L’accompagnement c’est déjà la communication et la sensibilisation que nous faisons. C’est déjà d’éviter à la population de faire des investissements à perte. Aussi, le gouvernement est en train d’étudier toutes les formes d’accompagnement possibles dont la défiscalisation et la subvention. Mais cela n’est pas encore définitivement arrêté, parce que le gouvernement est en discussion avec les fabricants. Déjà, au niveau de la fabrication des décodeurs TNT, il y a une négociation qui est en cours pour en casser le prix. C’est vrai que dans l’espace CEDEAO, le marché ne sera pas fermé, mais il est demandé aux pays membres de faire en sorte que les décodeurs qui vont être importés dans la zone CEDEAO, puissent être certifiés par un des 3 laboratoires que la CEDEAO aura identifiés, et que ces décodeurs passent par la douane pour être certifiés et s’assurer qu’ils répondent aux normes de la TNT dans les pays CEDEAO. Nous travaillons avec les experts des Etats membres de la CEDEAO, pour que tout cela soit harmonisé. Donc, un importateur qui achète ses décodeurs quelque part, peut passer par un laboratoire pour qu’on puisse vérifier et lui assurer que c’est un décodeur qui répond à la norme de la TNT Burkina. Là, on n’aura pas de problème. Cependant, les populations sont libres d’aller acheter où elles veulent, mais cela comporte des risques car il y a les perturbations et les conséquences.

Quelles sont les mesures concrètes prises par l’Etat pour faciliter l’avènement de la TNT ?

La TNT est un projet et tout projet a besoin d’un cadre institutionnel. C’est dans ce sens que l’Etat a mis en place un comité national de pilotage qui est présidé par le Premier ministre lui-même, et le vice-président est le ministre de la Communication. Ensuite, il y a le Conseil supérieur de la communication (CSC), l’Autorité de régulation des télécommunications électroniques et des postes (ARCEP), il y a le ministère des Finances et celui du Commerce qui interviennent. Ce sont ceux-là qui définissent la politique d’accompagnement de la mise en œuvre de la TNT. Et derrière, il y a aussi d’autres comités qui ont été mis en place pour s’occuper du volet stratégique de la feuille de route, et un autre comité s’occupe véritablement de l’exécution de la TNT sur le terrain. Telles sont les mesures d’accompagnement du cadre institutionnel. Aussi, il y a un cadre juridique, parce qu’il faut fixer les droits et les devoirs de tout un chacun, et c’est ce qui a été fait, car une loi a été prise au niveau de l’Assemblée nationale, pour fixer les droits et les devoirs de chaque acteur du domaine de l’audiovisuel, parce que sans cela, tous se rueraient dans tous les sens. Une fois que les lois sont adoptées, cela permettra à tout un chacun de travailler en fonction de ce qui est en vigueur. Il est défini que c’est uniquement la société burkinabè des télédiffusions qui doit assurer la diffusion des chaînes de télévision sur toute l’étendue du territoire national, et les missions de celle-ci sont bien définies. Les diffuseurs de chaînes de télévisions appelés éditeurs de services en TNT, vont s’occuper du volet production, c’est-à-dire créer des émissions. Pour ce qui est du transport et de la distribution, c’est-à-dire la diffusion, c’est le plateau des télédiffusions qui s’en occupe. Voici comment les tâches ont été réparties et c’est assez clair. Dans la mise en œuvre, il y a eu un appel d’offres international qui a prévalu au choix d’une société qui va s’occuper du déploiement de cette TNT. C’est une société espagnole qui a été identifiée pour l’acquisition du matériel et le déploiement du réseau TNT.

« Le projet de la TNT est évalué à 46 milliards de F CFA »

Par la même occasion, il y a des experts et des techniciens au Burkina Faso, mais c’est une première, et comme c’est une première, il faut se faire accompagner par des structures expérimentées, celles qui ont déjà dépassé cette étape du déploiement de la TNT. C’est pourquoi il a été fait appel aussi à une assistance en maîtrise d’ouvrage, à savoir la télé- diffusion de France, qui est un groupe assez reconnu dans ce domaine. On a demandé son service pour qu’il nous accompagne, afin que nous évitions des erreurs, parce que ce projet est un projet assez coûteux. Il est évalué, dans son ensemble, à 46 milliards de F CFA. Donc, investir une telle somme et se rendre compte après qu’on a fait des erreurs ne serait pas responsable. C’est pourquoi l’Etat a exigé à ce qu’il y ait une assistance technique pour suivre l’évolution des choses, afin qu’il n’y ait pas de dérapage. Et s’il y a un dérapage, qu’on puisse attirer l’attention des uns et des autres pour corriger cela à temps, si c’est nécessaire. Voici comment les choses ont été mises en place et comment elles évoluent.

 

Qu’est-ce que cela va apporter comme bouleversement dans les habitudes des consommateurs ?

Le consommateur sera satisfait tout simplement parce qu’aujourd’hui, il y a environ une dizaine de chaînes ; mais lorsque vous allez à Fada par exemple, vous n’avez que la RTB seulement. Si vous allez à Manga, c’est pareil. C’est la même chose un peu partout à travers toutes les régions du Burkina Faso. Donc, avec la TNT, les éditeurs de chaînes de télévisons auront la possibilité de se faire transporter par la société burkinabè de diffusion des télévisions, pour atteindre toutes les localités du territoire national. A ce moment, la RTB ne sera plus seule. Pour les populations, c’est un gain, car elles n’auront plus à suivre une seule chaîne. Elles auront droit à toutes les chaînes nationales et auront les informations de la capitale, Ouagadougou, et de tout l’ensemble du territoire national en temps réel et en image de bonne qualité. A cet effet, il faudra que celles-ci revoient le mode de réception. Il faut avoir un bon kit composé d’une antenne UHF, d’un décodeur TNT et d’une télévision qui n’est pas en noir et blanc. Les activités seront à ce moment séparées, car il y aura ceux qui vont s’occuper rien que du volet production c’est-à-dire fabrication des émissions, fabrication des programmes et c’est tout, et il y aura ceux-là qui vont s’occuper du volet transport. Par exemple, si on prend le cas isolé de la RTB, on a produit le programme, on fait appel au service de transport qui vient nous chercher pour nous déposer à Kaya, ensuite à Ouahigouya, à Fada, ainsi de suite. Donc, c’est à l’opérateur de télédiffusion de déployer un équipement nécessaire pour venir chercher les programmes produits par la RTB et de les distribuer partout là où la RTB souhaiterait être diffusée sur le plan national.

Finalement, toutes les grandes tâches seront exécutées par l’Etat ; est-ce qu’on ne va pas vers un système de monopole ?

Non, ce n’est pas un système de monopole car la question a été étudiée au niveau du gouvernement, pour voir si c’est nécessaire de l’ouvrir au privé dès le départ, pour que tout le monde puisse agir. Mais je vous ai tantôt donné le coût d’investissement de ce projet qui s’élève à 46 milliards de F CFA. Donc, du coup, il n’a pas été aisé de trouver dans l’immédiat un privé qui pouvait immédiatement s’engager pour investir 46 milliards dont le remboursement n’est pas immédiat. C’est l’Etat seul qui peut investir une telle somme et attendre. C’est pourquoi il s’est engagé à s’occuper du premier multi-duplex qui sera composé de 15 chaînes.

 La date butoir de l’entrée en vigueur de la TNT fixée au 17 juin 2015

Une fois que ce premier multi-duplex sera rempli, il envisagera un 2e multi-duplex. C’est-à-dire qu’il faut encore reconstruire les émetteurs. Ce n’est pas que l’Etat a voulu monopoliser, c’est une question d’investissement.

Quand est-ce que la décision va entrer en vigueur ?

Nous sommes en train de travailler sur cette question et nos autorités, notamment le ministre de la Communication, nous a dit que le président du Faso et le Premier ministre nous ont toujours dit qu’ils ne veulent pas que le Burkina Faso soit en retard. Pour la date butoir qui est celle du 17 juin 2015, le gouvernement est en train de travailler pour que le déploiement puisse se faire dans ce délai, étant donné que c’est un engagement national. Il s’agit d’un projet et, naturellement, tout projet a des aléas qui peuvent être des facteurs exogènes, notamment la grève des transporteurs, la grève des aiguilleurs du ciel ou les intempéries. Ce qui peut amener à retarder le délai de livraison du matériel, puisque celui-ci ne se trouve pas ici. Voici des choses que nous ne maîtrisons pas ; mais dans l’esprit, nous sommes en train de travailler pour que d’ici au 15 juin 2015, l’on puisse déjà avoir l’image TNT, même si ce n’est pas forcément sur tout le territoire national, qu’il puisse en avoir dans certaines localités.

 

En tant que spécialiste, y a-t-il un volet que nous n’avons pas abordé et que vous aimeriez aborder ?

Ce sur quoi je voulais un peu insister, c’est demander aux téléspectateurs, aux importateurs, à la population en général de ne pas paniquer. Il s’agit d’une technologie nouvelle pour faire de la télévision. Pour ce faire, nous avons besoin de nous comprendre. Acteurs directs de l’audio-visuel, importateurs et régulateurs, il est important qu’on puisse se parler, qu’on puisse communiquer. C’est ce que nous sommes en train de faire, car le ministère de la Communication a entrepris une campagne de sensibilisation dans ce sens. Les téléviseurs non adaptables sont bien ceux qui sont en noir et blanc. Le reste des téléviseurs, qu’il soit plat ou bombé, peut être adapté avec un décodeur TNT. S’il a été voté une loi interdisant l’importation des téléviseurs aux normes non adaptées, c’est pour préserver la population des déchets électroniques venant des pays d’Europe qui ont changé de technologie TNT. Le problème qui se pose actuellement, est de savoir ce qu’on pourra faire de tous ces téléviseurs qui sont en train d’entrer et qui ne sont pas adaptés. Donc, les déchets électroniques vont envahir notre environnement. Que faire ? D’ailleurs, le problème reste toujours posé car, dans les familles, vous verrez bien que des gens vont pouvoir changer leur téléviseur et aller vers les téléviseurs dont les décodeurs TNT y sont directement incorporés. A ce moment, qu’est-ce qu’on fera des téléviseurs qui fonctionnent toujours puisqu’ils sont en bon état. Qu’est-ce qu’on fait de tous ces téléviseurs au Burkina Faso ? Qu’allons-nous faire de tous ces déchets électroniques ? Ce sont des questions qui sont pendantes, et sur lesquelles le ministère de la Communication est en train de travailler avec le ministère de l’Environnent, pour trouver une formule de recyclage ou une formule qui puisse éviter de nuire à la population, car ce sont des matériaux chimiques. Il ne serait pas normal aussi de les déposer quelque part ou dans des maisons, car ce sont des produits très toxiques qui peuvent se révéler nuisibles à la santé humaine et animale. Par ailleurs, les jeter dans la nature porterait préjudice à la protection de l’environnement. Ainsi, ce sont des difficultés qui ne seront pas présagées   et qui seront difficiles à résoudre. Donc, ces questions sont et font l’objet d’examen par le ministère de l’Environnement et du développement durable.

Interview réalisée par Dabadi ZOUMBARA et Mamouda TANKOANO

 


Comments
  • Quand vous passiez a la television par satellite combien d’ecrits, combien d’interpellation vous ont ete faites d’economiser vos sous pour une option plus rationnelle de la diffusion televisuelle. Comme pour les postes de controle de la ville de Ouaga, les oppositions ont ete taxe de “reactionnaires” alors que vous alliez les demanteler seulement quelques mois apres les avoir construits. Pas de PREVISION – la navigation a vue – et ce sont des milliards qu’on aurait pu deverser dans l’agriculture qui s’envolent en fumee au profit des cantines exportees par bateau hors du Burkina. Et ca se dit emergent : honte et tristesse.

    24 août 2014
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    9 juillet 2015
  • Bonjour et merci pour la communication; Moi particulièrement je suis bien heureux de la venu du TNT au BURKINA et on vous en remercie et que Dieu vous éclaire et vous guide. Ma question est de savoir si on a une télé dont le décodeur est incorporé à l’intérieur à ton toujours besoin d’acheté une antenne. Merci.

    21 juin 2017

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