HomeA la unePISSYAMBA OUEDRAOGO, SG du SYNTSHA, A PROPOS DE LEUR LUTTE SYNDICALE : « Ce que nous réclamons, c’est ce que les prédateurs ont emporté»

PISSYAMBA OUEDRAOGO, SG du SYNTSHA, A PROPOS DE LEUR LUTTE SYNDICALE : « Ce que nous réclamons, c’est ce que les prédateurs ont emporté»


 

 

Il est le Secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA). Pissyamba Ouédraogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a, lors d’une interview qu’il a bien voulu nous accorder le 7 novembre 2016, à notre Rédaction, fait cas des différentes  luttes syndicales que sa structure mène pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs de la santé humaine et animale. A travers cet entretien, il donne son opinion sur l’application de la  mesure de gratuité des soins et le système sanitaire en général. Lisez plutôt !

 

Depuis votre dernière grève le 27 octobre, où en êtes-vous avec votre plateforme revendicative ?

 

Suite au traitement insatisfaisant de notre plateforme revendicative déposée le 12 octobre 2016, nous avons  été obligés d’observer un mot d’ordre d’avertissement de grève de 48 heures les 27 et 28 octobre, qui a connu un très grand succès en termes de participation. Nous pensons qu’au niveau des travailleurs, ce que l’on peut faire comme situation, c’est que la mobilisation demeure constante et les travailleurs sont déterminés à poursuivre la lutte. Pour ce qui est de la suite, on peut dire que la plateforme demeure en l’état d’avant la grève. Cependant, nous avons reçu une lettre d’invitation de concertation avec le gouvernement, le 8 novembre 2016.

 

Que compte faire le syndicat dans les jours à venir ?

 

Ce que nous comptons faire dans les jours à venir, ce sera d’abord de maintenir la mobilisation ; ce qui veut dire qu’il faut que l’on tire les leçons et les enseignements de la grève passée et que l’on puisse renforcer la détermination des militants pour poursuivre la recherche de solutions. Nous comptons aussi, en termes d’actions, partager le bilan partiel de la lutte avec l’opinion. C’est pourquoi nous avons prévu une conférence de presse le 7 novembre pour communiquer tout le bilan et signifier notre détermination à poursuivre la lutte. Ce sont les quelques actions qu’il y a dans l’immédiat.

 

Que pense le SYNTSHA de la mesure de gratuité des soins chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes ?

 

Avant de donner notre position claire, il faut rappeler que depuis 1997 au moins, notre syndicat reclame et continue de réclamer la gratuité de la prise en charge des soins en urgence médicale, chirurgicale et obstétricale. Au début de la soumission de cette revendication au gouvernement, on  nous avait traités de populistes et de rêveurs, parce que c’est une chose à laquelle il faudrait penser. Mais face à la réalité, le gouvernement a pu instaurer la prise en charge des urgences en prépaiement. En troisième lieu, toutes nos plateformes sont axées sur le fait et le souci du syndicat de favoriser l’accès des populations aux soins de qualité. Et cet accès doit se baser sur l’aspect géographique et financier. Or, de son point de vue, considérant la façon dont la mesure a été prise en Conseil des ministres, il n’y a pas eu de réflexion préalable. Donc la mesure n’a pas été préparée, et nous n’avons pas manqué non plus, à chaque fois que l’occasion nous est donnée, de souligner cela. Pour que cette mesure soit bénéfique aux populations, il faut des mesures d’accompagnement. Donc, nous y sommes favorables, mais nous disons qu’appliquer dans les conditions actuelles, la gratuité des soins ne peut pas effectivement aboutir à des soins de qualité.

 

De quels genres de mesures d’accompagnement   parlez-vous ?

 

Il s’agit des mesures d’accompagnement qui, du reste, sont déjà  déclinées dans notre plateforme. C’est d’abord la disponibilité des ressources humaines. Lorsque vous allez dans une formation sanitaire, il y a une très grande affluence et les gens peuvent rester du matin jusqu’à 13h et même parfois plus, juste pour avoir accès à la salle de consultation. Parce qu’en termes d’infrastructures, on a beaucoup de formations sanitaires où il n’y a qu’une seule salle de consultation et tout le monde est obligé de s’aligner là-bas. Ensuite, il y a la question des médicaments. Lorsque nous avons souligné au départ qu’il fallait mettre à disposition de façon permanente les médicaments, cela n’était pas forcément bien compris. Mais aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire qu’il y a des ruptures. Donc, une des mesures d’accompagnement importante, c’est de disposer des médicaments, mais il ne s’agit pas de dire aux gens que c’est gratuit et une fois en pharmacie, il n’y a rien à leur donner. Ce qui signifie en réalité que la gratuité n’existe pas. Il y a aussi la communication. Car il faut que les patients soient informés sur les actes qui sont gratuits, et il faut aussi que le gouvernement, dans cette communication, se porte garant des disfonctionnements parce que souvent, il y a de petites mésententes entre le personnel et les usagers car on pense que c’est le personnel qui est, selon le ministre de la Santé, de mauvaise foi. Pour certains, il  fait disparaître les médicaments ou ne les utilise pas, préférant donner des ordonnances. Voilà pourquoi nous avons dit qu’il faut qu’il y ait des mesures d’accompagnement parmi lesquelles il y a même les questions d’organisation. Il faut organiser les formations sanitaires pour faire face à cette donne.

 

Ne pensez-vous pas qu’il y a des agents indélicats qui ont fait de cette mesure de gratuité des soins leur choux gras?

 

Les agents indélicats existaient bien avant la mise en œuvre de cette mesure et la position de notre syndicat à ce sujet est bien connue. Nous avons toujours dit qu’aucun agent ne peut se prévaloir de la défense d’un syndicat pour commettre des actes indélicats en pensant être à l’abri. Et cela est connu. Ce n’est pas à cause de la gratuité des soins aujourd’hui, que cela changera car le rôle du syndicat reste le même. Il s’agit de la défense des intérêts matériels et moraux, et de faire en sorte qu’il y ait des soins de qualité au profit des populations. Mais dans le cadre de l’éducation morale et civique des militants, nous défendons la probité, l’honnêteté et la compétence au sein des services. Nous n’avons jamais dérogé à cette mission. La nuance que je voudrais relever est qu’il ne faudrait pas que les gens veuillent que le syndicat joue le rôle du gouvernement. Il faut qu’on sache que dans la corruption, il y a un corrupteur et un corrompu. Mais pourquoi des gens veulent-ils que le syndicat soit le seul à pouvoir régler cette question ? C’est une  question d’envergure nationale et tant qu’elle doit être résolue, il faut savoir que nous jouerons notre partition et nous vous rassurons que nous n’allons pas y déroger.

 

« Nous avons enregistré une perte  d’au moins 178 millions de F CFA »

 

Quelle lecture faites-vous de la crise qui sévit au sein de la CAMEG ?

 

Avant de répondre à cette question, il faut  d’abord dire que pour nous, la CAMEG est une structure centrale dans le système de santé de notre pays parce que quel que soit le diagnostic que vous posez, si vous n’êtes pas en mesure de traiter une maladie, votre objectif ne sera pas atteint. Ce qui veut dire pour nous, que la CAMEG ne peut pas et ne doit pas être négligée dans le système de santé. C’est pourquoi quand la crise est survenue en 2014, d’abord avec la nomination du docteur Compaoré, nous avons eu une position claire, ce d’autant plus que cet élément était connu pour un certain nombre d’actes qu’il a posés contre la promotion de la CAMEG et il ne devrait pas effectivement être Directeur général de cette structure et nous y avons contribué.

 

Que pensez-vous de la décision qui a été rendue ?

 

Si vous consultez bien les documents de l’époque, il était bien clair qu’il n’avait pas du tout été parmi ceux qui défendaient de façon déterminée la promotion et le renforcement de la CAMEG. Cela a été dit et on a des documents là-dessus. Pour revenir à votre question sur la lecture que nous faisons de la décision rendue, si  la CAMEG a cette importance dans le système de santé à nos yeux, c’est donc normal que quand cette question est intervenue au cours du mois de juillet, nous prenions position et cela, plusieurs occasions nous ont été données pour le faire connaître. La première, c’est à l’occasion du courrier que le ministre de la Santé a adressé à la CGT-B et ensemble, le bureau national du SYNTSHA et le bureau national confédéral de la CGT-B ont reçu ce courrier. On a mûri la réflexion dessus et une réponse a été faite, suite à laquelle le ministre de la santé a reçu une délégation du bureau national confédéral de la CGT-B et celui du SYNTSHA. Notre position, quels que soient les arguments développés par le ministre de la Santé pour décrire la crise, nous avons dit que nous avons trois préoccupations : primo, il ne faut pas que cette crise porte atteinte aux intérêts des travailleurs. Secundo, nous avons enregistré une perte  d’au moins 178 millions de F CFA suite au départ des trois DG précédents dont les contrats ont été interrompus de façon cavalière. Nous avons donc dit qu’il ne faut plus qu’une situation de ce genre se répète. Et tertio, nous avons décidé qu’il est d’ailleurs important qu’il y ait une relecture des statuts de la CAMEG pour en faire une société d’Etat, parce que pour nous, la CAMEG est une question de souveraineté.  On ne peut pas, aujourd’hui, avoir un système de santé public sans qu’il n’y ait une disposition qui approvisionne ce système en médicaments. Du reste, ce n’est pas une invention. Quand on était jeune, il y avait l’office national d’approvisionnement pharmaceutique (ONAP) qui s’est réformé pour donner naissance à la Société nationale de pharmacie. Donc, c’est avec l’entrée de notre pays dans les PAS, que la CAMEG a été créée autour des années 1990. Ce sont donc ces réformes structurelles qui ont conduit à la situation de  la CAMEG tantôt société d’Etat, tantôt association. Mais nous sommes opposés à ce que la CAMEG soit une association ou dans les mains du privé. Il faut que le système de santé publique soit approvisionné par une structure publique. C’est l’épouvantail qu’on avait soulevé pour nous effrayer en 1990. Quand on privatisait les sociétés, c’était pareil et on disait même que si l’Etat restait à la BND-B, il n’aurait pas de fonds. C’est le même épouvantail qu’on soulève pour effrayer ceux qui ne sont pas convaincus des choses. Parce qu’en réalité, la CAMEG et le système  d’approvisionnement sont dans les domaines du commerce ! Quel est le fournisseur qui rechignerait à prendre notre argent parce que ça vient d’une société d’Etat ? Ce que nous demandons, c’est que l’Etat prenne ses responsabilités. Mais pourquoi devons-nous toujours compter sur d’éventuels bailleurs de fonds ? Le jour où ils changent de cap, comment allons-nous nous débrouiller ? C’est ce que nous refusons justement.

 

Comment expliquez-vous le manque de réactifs pour le dépistage de la dengue dans les hôpitaux ?

 

En ce qui concerne les ruptures de toutes sortes, nous avons l’habitude de dire que lorsque la gestion du système de santé, comme les autres systèmes dans les départements ministériels, est insuffisamment planifiée, il est tout à fait normal que l’on soit exposé à des risques de ruptures. Du reste, il n’y a pas de période. Vous pouvez consulter les rapports annuels et vous verrez que périodiquement, il y a des ruptures. Le ministre de la Santé ne se gêne pas d’ailleurs de dire que les ruptures que l’on connaît dans la gratuité  ne sont pas une nouvelle chose, mais qu’elles existaient bien avant. Donc, en réalité, le gouvernement est bien conscient qu’il n’a pas pris suffisamment de dispositions pour effectivement mettre à disposition  les réactifs au profit des formations sanitaires. Pour nous, cela relève de la gouvernance actuelle qui est seulement improvisée.

 

« Le SYNTSHA est né en 1965 de la fusion de plusieurs syndicats et cette naissance n’était pas acceptée par tous »

 

Y a-t-il une bonne collaboration entre les travailleurs de la santé humaine et ceux de la santé animale, quand on sait qu’autrefois, on les appelait « chien et chat » ?

 

Cette appellation, nous l’avons entendue quand nous étions jeunes. Mais bien sûr, lorsque le SYNTSHA est né en 1965 de la fusion de plusieurs syndicats et cette naissance n’était pas acceptée par tous, il y avait des détracteurs et cette thèse faisait partie des manœuvres de ceux qui étaient opposés à l’unité naissante entre les travailleurs de la santé humaine et ceux de la santé animale. Mais aujourd’hui, la question ne se pose plus. Donc, c’est pour dire qu’il n’y a pas un problème au niveau des travailleurs de la santé humaine et ceux de la santé animale. Mais ce que nous pouvons dire, c’est qu’il y a une différence de niveau de mobilisation entre les deux secteurs, et cela est une réalité que nous décrivons en parlant syndicalement.

 

C’est-à-dire…?

 

Cela signifie qu’en termes de détermination, le bilan que nous faisons est que le syndicat doit faire beaucoup plus d’efforts dans la mobilisation du personnel de la santé animale. Mais il n’y a pas un problème d’unité. Au niveau de nos luttes, la réaction des travailleurs est heureusement différente. On peut tenir dans nos structures une réunion de 20 personnes, mais lorsqu’il y a un mot d’ordre, la participation est différente. Ce dont j’ai parlé est une vision syndicale, puisque vous nous avez demandé si l’unité est présente. Et nous disons oui, mais nous estimons qu’il faut obtenir la même détermination des deux côtés. Sinon il n’y a pas de problème.

 

Il y a une certaine opinion qui pense que les syndicats exagèrent dans leurs revendications. Qu’en pensez-vous ?

 

Effectivement, avec ce nouveau régime, ce point de vue que nous avons déjà entendu de par le passé, est répété. Il faut rappeler ce qui a précédé et ce qui caractérise le contexte dans lequel nous sommes. Après l’insurrection, qui a porté un certain nombre de préoccupations aux populations parmi lesquelles les travailleurs, après la Transition, l’ensemble des populations, que ce soit les paysans des campagnes ou les salariés des villes, ont rappelé à travers des manifestations, des préoccupations que nous avons tous exprimées pendant l’insurrection. Il s’agissait de l’amélioration des conditions de vie et de travail, des questions de justice, de santé, d’éducation, de sécurité, etc. Ce sont ces préoccupations qui ont fait sortir l’ensemble des populations pour revendiquer. Et on se rappelle que lorsque les chauffeurs routiers et les travailleurs organisés au sein du syndicat des travailleurs des brasseries ont manifesté lors de la Transition, les mêmes thèses étaient là. Et des personnes ont signifié qu’on exagérait car la Transition venait de s’installer et qu’il n’y avait pas un bâton magique pour régler les problèmes. Après les élections de novembre 2015, le régime actuel du MPP ne fait que répéter cela. Le président a dit que les travailleurs demandent ce qu’ils n’ont pas produit. Je suis désolé, parce qu’on a jamais cessé de produire. Mais qu’est-ce que les gens font de ce que nous produisons ? Même l’ASCE-LC a dit qu’il y a eu des détournements de milliards. Les enquêtes parlementaires ont mis à nu les différents détournements dans le domaine minier et foncier. Ces milliards ne sont pas tombés du ciel, mais c’est l’œuvre de ce que nous avons produit en ville comme en campagne. Nous n’avons jamais dit qu’il allait inventer de l’argent. Ce que nous réclamons aujourd’hui, c’est ce que les prédateurs ont emporté. Donc, le rôle du pouvoir du MPP c’est de récupérer ces ressources perdues qui sont ailleurs. C’est le minimum qu’on puisse attendre d’eux. Aujourd’hui, il n’y a pas de trêve possible. Ce n’est pas parce que eux, ils ont fait dix mois au pouvoir qu’on doit cesser de manger  ou de se soigner ! Est-ce que cela est concevable ? Non ! Ce n’est pas acceptable qu’un gouvernement responsable, qui vient au pouvoir après une insurrection au cours de laquelle les populations ont clairement exprimé leurs préoccupations, parle de trêve sociale ou d’exagération. L’un de nos aînés disait que ce n’est pas parce qu’on est ministre, que du coup on se croit plus  intelligent que quelqu’un qui est dans un syndicat. Ce n’est pas parce qu’on a le statut syndical qu’on ne pouvait pas être ministre. Je veux simplement dire qu’au niveau du syndicat, on refuse de se résigner et de taire nos problèmes. C’est de la responsabilité du pouvoir de les résoudre et nous savons qu’il y a des ressources pour les résoudre. Mais si le pouvoir est en difficulté pour mettre en place la feuille de route que ses patrons lui ont donné, cela n’est pas de la responsabilité des populations ni des travailleurs, car on ne peut pas parler de réconciliation si l’on ne mange pas ou quand on a posé des revendications qui soient exagérées. Le président lui-même a dit que le problème est connu avant même qu’il n’arrive au pouvoir.

 

« Nous pensons que ce PNDES ne sera pas seulement un concept burkinabè »

 

Dans son dernier discours à la Nation, le chef de l’Etat a appelé les syndicats à la retenue. Quelle est votre réaction ?

 

On ne sait pas quel contenu il donne à ce qu’il appelle retenue. Mais s’il fait allusion à la trêve sociale, nous disons non, car il n’y a pas de trêve sociale. Le gouvernement doit prendre en compte les préoccupations exprimées par les travailleurs en ville et en campagne. La réponse qu’il donne à l’ensemble des préoccupations est de son ressort. De toutes les façons, les organisations syndicales ont toujours été disponibles pour la recherche des solutions avec le gouvernement. En ce sens que c’est lui qui joue au dilatoire ou se moque de l’intelligence des mouvements syndicaux. Or, c’est cela qui envenime les conflits. On n’ignore pas non plus les réalités du Burkina Faso en rejetant la trêve sociale, car nous savons que les problèmes qui sont posés ont des solutions, pour peu que le gouvernement soit préoccupé par le bien-être des populations de façon réelle. Il faut qu’ils arrêtent d’insulter notre intelligence, car on n’a jamais dit qu’ils ont un bâton magique pour régler les problèmes.

 

Le système de défèrement ne met-il pas en cause la question de l’accès à la santé pour tous, car un patient qui se présente dans un CMA avec son mal, est renvoyé d’abord à un CSPS ?

 

 

La référence et la contre-référence sont une procédure qui vise à assurer le fait que le système de santé filtre les patients de la base au sommet. Le système de santé étant pyramidal, les compétences vont du plus bas niveau au plus grand, en allant vers les centres universitaires de référence. Ce qui veut dire que des moyens et des dispositions devraient être pris pour qu’à n’importe quelle porte d’entrée, la prise en charge permette, de façon continue, de ne pas faire risquer un patient. L’avantage du système est que la proximité est l’un des facteurs qui intervient dans la valeur de la prise en charge en urgence. C’est pourquoi il est indiqué, dans le système, que les gens se réfèrent à la structure la plus proche qui va, devant la situation, décider de la conduite à adopter. Si cela n’est pas respecté, il arrive que les niveaux où il y a une spécialisation soient dans l’obligation de prendre des patients qui pouvaient être gérés au 1er niveau. Or, là-bas, le système est tel que s’il y a un bouchon, cela perturbe l’efficacité de la prise en charge des malades.

 

En tant qu’acteur de la santé et syndicaliste, que pensez-vous du PNDES ?

 

A l’heure actuelle, nous n’avons pas proprement analysé en profondeur  le document. Mais ce que nous entendons et savons des différents régimes, c’est qu’après l’évaluation de la SCADD qui a échoué, on pense et on est même certain que les partenaires financiers vont changer de nom. Nous pensons que ce PNDES ne sera pas seulement un concept burkinabè, mais aussi celui des bailleurs de fonds. La communication est faite autour de cela et des axes ont été déclinés. Alors que déjà, la gouvernance vertueuse qui est vantée n’est pas ce que nous vivons et je ne sais pas si les auteurs du PNDES réalisent qu’ils viennent de faire une année au pouvoir. Ils sont prévenus qu’il reste 4 ans au lieu de 5 ans comme ils le pensent. Pour nous, le PNDES est une politique dans le cadre d’un pays néocolonial. Donc, forcément, c’est une politique qui ne va pas fondamentalement résoudre les problèmes des populations. On fera des enfumages sur des aspects, des réformes par-ci par-là, mais fondamentalement, il n’y a rien pour répondre à ce qui a fait sortir les populations les 30 et 31 octobre 2014. On constate qu’il n’y a aucune disposition sérieuse dans le  cadre de la lutte contre l’impunité dans le PNDES. Pour tout dire, le PNDES est une politique imposée par les puissances impérialistes.

 

Propos recueillis et retranscrits par Valérie TIANHOUN

 

 

 


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