HomeA la unePLATEFORME  D’ENREGISTREMENT ET DE TRAITEMENT DES PLAINTES ET SUGGESTIONS DES CITOYENS

PLATEFORME  D’ENREGISTREMENT ET DE TRAITEMENT DES PLAINTES ET SUGGESTIONS DES CITOYENS


 C’est aux résultats qu’on jugera

Le Conseil des ministres, en sa séance ordinaire du mercredi 6 février 2019, a, pour le compte du ministère de la Fonction publique, du travail et de la protection sociale, pris un décret portant adoption d’un dispositif d’enregistrement et de traitement des plaintes et des suggestions des usagers des ministères et institutions. L’objectif est d’améliorer la participation citoyenne, la transparence et la redevabilité dans les prestations des services  publics. En tout cas, l’emballage est très beau. Maintenant, la question est de savoir si le contenu va refléter la beauté de l’emballage. L’on peut avoir des raisons d’en douter. La première est que ce n’est pas la première fois que de telles mesures sont prises. Mais au finish, elles donnent l’impression de l’avoir été, juste pour amuser la galerie ou encore se forger une bonne image aux yeux de l’opinion internationale en matière de gouvernance. Et ça s’arrête là. L’on a encore en mémoire, en effet, ces fameuses boîtes à idées ou à suggestions mises en place ostensiblement devant les ministères et autres institutions pour les mêmes raisons que celles retenues par le Conseil des ministres. Cette initiative est risible, car non seulement les Burkinabè, dans leur majorité, ignoraient son existence, mais aussi ceux qui y avaient cru

en y allant de leurs idées et suggestions, ont vite déchanté du fait que l’Administration ne les a jamais prises en compte pour changer les choses. La deuxième grande raison qui peut conduire à douter de l’efficacité de la mesure, est liée à la nature de la gouvernance du président Roch Marc Christian Kaboré. En effet, l’on peut se risquer à dire que celle-ci est outrageusement marquée par la bonhomie et l’impunité. Et  ceux qui jouissent de cet état de choses, sont ceux qui sont confortablement assis aux premières loges du pouvoir. Et cette pourriture au sommet de l’Etat, a, de toute évidence, un effet d’entraînement dans les administrations et autres institutions de la République.

Les grandes nations se sont appuyées d’abord sur des administrations fortes et responsables

L’on n’a donc pas besoin de se fouler la bile pour savoir que l’Administration et les institutions d’un pays, dansent au rythme de la musique de la macrostructure que constitue le gouvernement. Il lui suffit donc que le grand chef change de musique pour exiger que l’ensemble de l’Administration change de pas de danse. Comparaison n’est pas raison, mais l’on peut se permettre d’évoquer la période de Thomas Sankara. En effet, à cette époque, les Burkinabè savaient sur quel pied danser puisque le bon exemple venait d’en haut.  De ce fait, un grand coup avait été porté contre pratiquement toutes les mauvaises manières de servir l’Etat. Et tous ceux qui ont eu la témérité de ramer à contre-courant l’ont appris à leurs dépens. Bien sûr, quelques excès ont été constatés ça et là,  mais dans l’ensemble, il faut reconnaître que Thomas Sankara a réussi le tour de force d’assainir l’administration publique et

ce, en 4 ans de règne. Après lui, tout s’est effondré avec Blaise Compaoré. Et aujourd’hui, Roch Marc Christian Kaboré semble marcher sur les traces de Blaise Compaoré, en pire, peut-on dire. Car, sous Blaise, certains agents indélicats de l’Administration se donnaient des limites parce qu’ils savaient qu’ils pouvaient subir la colère du président, par moments. Ce fut le cas de l’ex-Directeur général des Douanes. Mais aujourd’hui, cette peur a été complètement dissipée. Résultat, chacun, à son poste de travail, y va de son indélicatesse, car tout le monde est convaincu que « papa Roch » comprendra et pardonnera. Et tout cas, l’on souhaite que la suite des évènements démente tout ce qui a été dit plus haut à propos de la nature du régime Roch. Car, les grandes nations se sont appuyées d’abord sur des administrations fortes et responsables. Et les Etats forts et responsables ont toujours été portés par des hommes d’Etat, c’est-à-dire des hommes qui ont de la vision pour leur pays et qui, de ce fait, sont plus portés dans les mesures qu’ils prennent, par l’efficacité plutôt que par l’apparat.

Sidzabda 


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