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PLETHORE DE CANDIDATURES A LA PRESIDENTIELLE A MADAGASCAR


 Ces candidatures fantaisistes pour citoyens en mal de publicité

La date limite des dépôts de candidature pour l’élection présidentielle prévue le 7 novembre prochain, à Madagascar, était prévue pour le 21 août dernier. En fin de journée, le décompte de la Haute cour constitutionnelle chargée de la réception des dossiers, faisait état de 46 candidatures. Finalement, 36 ont été validées. De mémoire d’Homme sur le continent, jamais une telle floraison de candidatures à la magistrature suprême, n’avait été enregistrée. Alors, quelle lecture peut-on faire de cette pléthore de candidatures  à la succession  du président Hery Rajaonarimampianina ?

De prime abord, l’on pourrait interpréter cette foultitude de candidatures comme  symptomatique de la vitalité démocratique à Madagascar, et c’est tant mieux. 

Il n’y a pas 36 projets de société différents pour la Grande Ile

Pour un pays dont l’histoire est très mouvementée, l’on pourrait penser que cette flopée de candidatures témoigne de la maturité de la classe politique qui semble résolue à résoudre ses contradictions par le débat démocratique et à faire confiance à l’arbitrage des urnes. Cette dynamique nouvelle a été encouragée par le nouveau Code électoral qui, consécutivement à la récente crise politique qu’a traversée le pays, a été expurgé de toutes les mesures exclusives que le pouvoir du président Hery Rajaonarimampiana y avaient insidieusement introduites. Mais ce serait faire preuve de myopie ou de naïveté que de s’en tenir à cette première lecture. Car, l’explosion de candidatures

à Antananarivo peut bien cacher d’autres raisons.

En effet, l’intérêt de la classe politique pour la magistrature suprême du pays, pourrait s’apparenter à l’amour du chat pour la souris. On le sait, en Afrique, le pouvoir constitue très souvent un marchepied vers les richesses de l’Etat. Cela est particulièrement vrai pour la Grande Ile où les dirigeants ont souvent fait dans la confusion des genres, arborant indistinctement et ostentatoirement les casquettes d’hommes d’Etat et d’hommes d’affaires, quand tout simplement ils ne font pas la confusion volontaire entre les caisses de l’Etat et leurs poches personnelles. A titre d’exemple, pour ne retenir que celui-là, l’on peut citer  l’emblématique cas de Marc Ravalomanana qui avait fait de  la mainmise sur l’économie nationale et de la gabegie dans la gestion des deniers publics avec pour clou l’achat d’un Boeing présidentiel et la location en bail de longue durée, de la moitié des terres cultivables à Madagascar à l’entreprise coréenne Daewoo, son label de gouvernance.

L’autre explication de la pléthore de candidatures à l’élection présidentielle de novembre, est que bon nombre d’entre elles sont suscitées par les poids lourds de la scène politique pour atomiser les voix en leur faveur. C’est une stratégie bien connue, qui fait recette sur le continent.

Cela dit, quelles que soient les motivations du regain d’intérêt du landerneau politique malgache  pour l’élection présidentielle, la multitude des candidatures ne fait pas sérieux. D’abord, parce qu’il n’y a pas 36 projets de société différents pour la Grande Ile et ensuite,

parce que certains candidats, de par leur excentricité, font la confusion, comme le disent

les Ivoiriens, entre le  fauteuil présidentiel et un banc de quartier. 

La bataille promet d’être serrée

L’on peut citer à titre d’exemples, cette candidate venue déposer son dossier à bord d’une charrette à zébus ou le cas de cet autre prétendant escorté par une vingtaine de mannequins. En tout cas, ce ne serait pas trop de dire que ce sont des candidatures fantaisistes pour citoyens en mal de publicité.  Le plus dramatique reste les risques de diversion et d’égarement des électeurs dans leur choix.

Par ailleurs, ce qui ne passe pas inaperçu à l’issue de cette dernière journée du délai prescrit pour le dépôt des candidatures pour l’élection présidentielle à Madagascar, est l’enregistrement du dossier de l’ancien président Didier Ratsiraka, une figure importante du paysage politique, qui a aujourd’hui 81 ans et qui a dirigé de 1975 à 1993, le pays d’une main de fer au motif que, comme il le dit toujours, « même sur son lit de mort, il servira toujours le pays ». La question que l’on pourrait bien se poser est de savoir ce que ce « has been » pourrait encore apporter au pays. La réponse à cette question pourrait être la même pour les deux autres figures connues de la scène politique nationale, que sont l’ex-Premier ministre, Olivier Mahafaly, qui a été le chef du gouvernement de 2016 jusqu’à juin 2018, date du dernier remaniement et Jean Max Rakotomamonjy, président actuel de l’Assemblée nationale. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que la bataille promet d’être serrée.

« Le Pays »  

   


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