HomeOmbre et lumièrePLETHORE DE PARTIS POLITIQUES AU BURKINA : On a trop compris la démocratie

PLETHORE DE PARTIS POLITIQUES AU BURKINA : On a trop compris la démocratie


 

Si la qualité de la démocratie se mesurait à la quantité des partis et formations politiques légalement reconnus, le Burkina ferait partie, à coup sûr, des plus grandes nations démocratiques d’Afrique voire du monde. A la date du 23 octobre 2017, en effet, 148 partis et formations politiques ont été légalement reconnus, conformément aux dispositions de la loi N°032-2001/AN du 29 novembre 2001 portant Charte des partis et formations politiques. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Burkina est très prolifique en termes de partis politiques. A priori, ce n’est pas une mauvaise chose. Car, la démocratie s’accommode mal de la pensée unique. Mais de là à transformer un pays en fabrique de partis politiques au quotidien, il y a un pas que le Burkina a allègrement franchi depuis que l’on a adopté le principe du multipartisme intégral. Et dans cette forêt de partis politiques, ceux qui sont dignes de ce nom peuvent se compter sur les doigts d’une main. Les autres sont en réalité des regroupements d’individus qui ont choisi de faire de la politique, un moyen pour réaliser des affaires juteuses. N’allez surtout pas leur demander de décliner la ligne idéologique du parti qu’ils ont décidé, en toute conscience, de porter sur les fonts baptismaux. Ils en seront incapables. Ne leur demandez pas non plus de dérouler le fichier de leurs militants et sympathisants. Vous en serez largement ahuris, puisque dans les faits, ils n’en ont pas. Dans le meilleur des cas, ils vous ressortiront une liste chétive de noms et de prénoms qu’ils ont cooptés au lasso pour les besoins de la cause et pour sauver les apparences. Et quand on sait que tous ces pseudo-partis comptent sur la subvention de l’Etat pour exister, il y a de quoi en être révolté. Car, ils ne sont d’aucune utilité publique. Au contraire, ils encombrent le paysage politique et contribuent, de ce fait, à tirer la démocratie vers le bas. C’est pourquoi l’on peut saluer l’opération d’assainissement du fichier des partis et formations politiques, menée courant septembre et octobre 2017. Celle-ci, en effet, a permis d’épingler 38 partis politiques qui sont en situation irrégulière et quatre autres dont la situation n’est pas complètement élucidée.

C’est sous nos tropiques que la diarrhée de partis politiques peut s’observer

 

Mieux, le Conseil des ministres, en sa séance ordinaire du 22 novembre 2017, a instruit les ministres en charge du dossier de prendre les dispositions idoines pour l’application des sanctions telles que prévues à

cet effet, conformément aux lois et règlements en vigueur. Cet assainissement en valait la peine.

Car, les Burkinabè donnent l’impression d’avoir trop compris la démocratie au point que chacun, en se rasant le matin, pense à la création de son propre parti politique. Pour un pays de 20 000 000 d’habitants, il faut avoir le courage de reconnaître que l’on n’a pas besoin de 148 partis politiques pour occuper le paysage politique. A la limite, cinq à six partis politiques suffisent largement pour animer la vie politique du pays. L’on peut même ne pas atteindre ce nombre. En effet, les grandes idéologies dont peuvent se prévaloir les partis politiques dignes de ce nom, sont connues. Ici comme ailleurs, l’on peut les classifier comme suit: les partis d’obédience libérale, les partis écologiques, les partis socialistes, les partis centristes et les partis se réclamant de la faucille et du marteau, c’est-à-dire les partis communistes. L’on peut ajouter à cette taxonomie politique, les partis se réclamant ni de droite ni de gauche.

Ce sont ces grands regroupements politiques qui peuvent donner plus de tonus à la démocratie en ce sens qu’ils peuvent apporter plus de visibilité et de consistance au débat politique. Tout le reste n’est que confusion destinée à amuser la galerie et à donner à notre démocratie une mauvaise image. Là-dessus, il n’est pas permis d’en douter. Les pays qui servent aujourd’hui de référence en matière démocratique ne brillent pas par le foisonnement de leurs partis politiques. En réalité, c’est sous nos tropiques que la diarrhée de partis politiques peut s’observer. En République démocratique du Congo (RDC), on en a dénombré plus de 700. Pour autant, ce pays demeure un véritable nain politique. D’ailleurs, l’on peut dire que c’est ceci qui explique cela, car chacun préfère être tête de rat en créant sa propre formation politique que queue d’éléphant en adhérant à un parti politique d’envergure en tant que simple militant. Pendant que le Burkina est en train de mettre en place une nouvelle Constitution, il serait intéressant d’explorer la possibilité de réduire de manière significative le nombre de partis et formations politiques, même si l’on sait par avance que cela est de nature à irriter au plus haut point les individus pour lesquels créer un parti politique est d’abord et avant tout un véritable fonds de commerce.

SIDZABDA

 


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