HomeA la unePOLEMIQUE AUTOUR DE LA FUTURE CONSTITUTION IVOIRIENNE : Attention à ne pas réveiller les vieux démons !

POLEMIQUE AUTOUR DE LA FUTURE CONSTITUTION IVOIRIENNE : Attention à ne pas réveiller les vieux démons !


 

Depuis quelque temps, la polémique enfle autour de la future Constitution ivoirienne dont l’adoption est prévue pour être soumise à référendum le 30 octobre prochain. L’opposition réunie au sein du « Front de refus », qui ne cache pas son désaccord avec le texte et qui n’a rien pu faire pour en empêcher l’adoption au parlement le 11 octobre dernier, se mobilise sur le terrain pour se faire entendre. C’est dans ce cadre qu’elle a prévu une marche de protestation le 20 octobre, pour exiger le retrait pur et simple dudit projet. En attendant de savoir le sort qui sera celui de cette manifestation, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce projet de révision constitutionnelle ne fait pas l’unanimité et continue de faire des gorges chaudes sur les bords de la lagune Ebrié. Aussi, pour un texte qui était censé marquer une rupture avec l’ordre ancien et réconcilier les Ivoiriens après la douloureuse parenthèse de la crise de 2010, l’on peut dire que c’est plutôt mal parti. Car, avec toutes ces agitations et manifestations à gauche comme à droite, le constat que l’on peut faire est que le texte est plutôt en train de diviser les Ivoiriens. Et quand on voit comment les blessures de la crise de 2010 peinent véritablement à se cicatriser, l’on peut craindre que cette nouvelle Constitution ne vienne plutôt jeter de l’huile sur le feu, en dressant encore les Ivoiriens les uns contre les autres. Le référendum annoncé se passera-t-il dans la sérénité ou bien sera-t-il émaillé de violences ? Bien malin qui saura répondre à cette question. D’autant plus que les positions des uns et des autres semblent tranchées. En effet, du côté du pouvoir, l’on semble avancer avec des œillères et jouer à la sourde oreille pour ne pas voir ni entendre les récriminations de l’opposition, donnant le sentiment de vouloir opérer un passage en force. Du côté de l’opposition, tout porte à croire que, pour l’occasion, les points de dissensions ont été mis en veilleuse pour faire front, dans une certaine union retrouvée, face au projet de texte controversé. Tant et si bien que l’on n’est pas loin de se retrouver dans le scénario des deux camps antagoniques de la crise passée. Attention donc à ne pas réveiller les vieux démons !

Il serait dommage que ADO  manque l’occasion de fédérer les Ivoiriens autour de la nouvelle Constitution

Car, il n’est jamais facile de remettre les djinns dans leur bouteille, une fois qu’ils s’en sont échappés. Et ce qui se passe en Côte d’Ivoire avec ce projet de nouvelle Constitution fortement contesté, n’est pas sans rappeler, dans une certaine mesure, ce qui s’est passé au Burkina Faso en 2014, avec Blaise Compaoré. Et le pouvoir d’Alassane Dramane Ouattara (ADO) aurait tort de minimiser les récriminations de l’opposition. Cela dit, le processus d’adoption de la nouvelle Constitution ayant été lancé, l’on peut s’interroger aussi sur la stratégie que l’opposition compte adopter pour la campagne qui est prévue pour s’ouvrir le 22 octobre. Appellera-t-elle à voter pour le « Non » ou bien choisira-t-elle plutôt d’aller au boycott ? La deuxième hypothèse semble la plus probable. Car, pour des gens qui ne manquent pas une seule occasion de dénoncer un processus dont ils ont le sentiment d’avoir été tenus à l’écart, il serait étonnant qu’ils acceptent de boire le calice de la défaite jusqu’à la lie, face à une machine rodée comme celle du RHDP qui a déjà fait ses preuves sur le terrain. En tout état de cause, c’est aux Ivoiriens seuls de décider de leur avenir. Mais il ne faudrait pas perdre de vue que la Constitution d’un pays représente tout de même sa Loi fondamentale. De ce fait, il est important qu’elle requiert un certain consensus. C’est pourquoi il serait dommage que le président ADO, qui a suscité tant d’espoirs, manque l’occasion de fédérer les Ivoiriens autour de cette nouvelle Constitution, après tous les déchirements que le pays a connus. En tout cas, s’il parvenait à doter la Côte d’Ivoire d’une Constitution unanimement acceptée, ce serait l’un des meilleurs héritages qu’il laisserait à la postérité, après ce qu’il a personnellement vécu et la Côte d’Ivoire avec.

Outélé KEITA


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