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POLEMIQUE AUTOUR DE LA COMPOSITION DE LA CEI


 La Côte d’Ivoire danse au bord du précipice

La réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) vire de plus en plus à la crise politique en Côte d’Ivoire. Du moins, tous les éléments d’un gbangban  sont en train d’être réunis. En effet,  des jeunes turcs, au sein du PDCI/RDA, poussent le duc de Daoukro, Henri Konan Bédié, à conditionner la participation du parti aux prochaines municipales et régionales, à une réforme, hic et nunc, de la Commission électorale. « Le PDCI (…) ne peut pas participer à des élections organisées par une Commission électorale dont tout le monde, et le président de la République en premier, reconnait qu’elle est illégale et illégitime », soutiennent plusieurs cadres de l’ex-parti au pouvoir, plaidant au passage pour un boycott des élections au cas où le président Alassane Ouattara n’accéderait pas à leur requête. Or, Alassane Dramane Ouattara (ADO) n’est pas disposé à contenter ses anciens alliés. Car, après avoir annoncé, en début août dernier, un réexamen de la composition de l’organe électoral, il vient de préciser que cette réforme ne concernait que l’élection présidentielle de 2020. C’est donc, dans ses vieux vêtements maculés de déchets, que la CEI va piloter les opérations des scrutins du 13 octobre au grand dam de l’opposition et d’une partie de la société civile qui ruent dans les brancards.

Pour un pays qui revient de loin et qui n’a pas encore fini de panser ses plaies, la Côte d’Ivoire devrait se garder de cultiver les germes d’une autre crise postélectorale. ADO, qui a promis le toilettage de la CEI dont l’opportunité et la nécessité sont reconnues de tous, a toutes les raisons de tenir sa promesse. Primo, l’on a assisté depuis quelques années à une nouvelle recomposition de la classe politique ivoirienne. Les règles, dans la composition de la CEI, se doivent ipso facto d’être mises à jour pour  tenir compte des différentes tendances politiques actuelles. Car, la composition de la CEI est déséquilibrée dans sa mouture actuelle.

La classe politique ivoirienne a intérêt à ne pas trop tirer sur la corde

Secundo, pour prévenir certains procès en sorcellerie, le président ivoirien a besoin d’agir selon la demande de son opposition. En effet, en faisant preuve de résistance face aux exigences du PDCI et du FPI, ADO voudrait garantir le succès de son futur candidat à l’élection présidentielle de 2020 qu’il ne s’y prendrait pas autrement.

D’autre part, le PDCI  serait mal inspiré de boycotter les prochains scrutins. Car, en tant que parti ayant assumé les fonctions suprêmes de l’Etat, Bédié et ses hommes sont très bien placés pour savoir que la politique de la chaise vide n’est pas payante, en Afrique. Autrement dit, ce serait tomber dans un piège que de refuser de participer aux élections qui, de surcroit, constituent un grand test en prélude à 2020.

L’un dans l’autre, la classe politique ivoirienne, à commencer par le régime en place, a intérêt à ne pas trop tirer sur la corde. En fait, si les cloisons deviennent trop étanches, le pays de Houphouët Boigny court, encore une fois, un grand risque en termes de destruction de la cohésion sociale. Et à ce moment, ADO sera seul face à un camp monolithique et menaçant, constitué du PDCI et du FPI. Ce n’est pas encore d’actualité, mais on peut considérer que la Côte d’Ivoire est en train de danser au bord du précipice. On comprend d’ailleurs la gène du sphinx de Daoukro,  muré pour le moment dans un silence, malgré la pression de ses militants dont certains ont les dents très longues.

Michel NANA


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