HomeA la unePOLEMIQUE AUTOUR DE L’ELABORATION D’UNE NOUVELLE CONSTITUTION EN RCI : ADO osera-t-il franchir le Rubicon ?

POLEMIQUE AUTOUR DE L’ELABORATION D’UNE NOUVELLE CONSTITUTION EN RCI : ADO osera-t-il franchir le Rubicon ?


 

En Côte d’Ivoire, on le sait, le chantier de la rédaction d’une nouvelle Constitution a été lancé par le président Alassane Ouattara. Un comité d’experts, constitué par l’Enfant de Kong, est déjà sur la brèche, à cet effet. Le texte devrait être remis fin août pour ensuite être soumis à référendum, lequel est censé se tenir fin octobre prochain. La méthodologie employée, on se rappelle, avait suscité l’ire de l’opposition. Pendant que certains partis de cette obédience y voient une manière pour Ouattara de manœuvrer en faveur de sa formation politique voire de sa personne, d’autres vont jusqu’à marteler, à qui veut les entendre, qu’ils ne perçoivent pas la nécessité de doter la Côte d’Ivoire d’une nouvelle Constitution. Venant de la part de l’opposition, l’on peut dire que ces réactions s’inscrivent dans l’ordre normal des choses dans une démocratie. Mais là où l’on peut perdre son latin, c’est quand on voit la coalition majoritaire du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix) faire dans la cacophonie à propos des termes à utiliser pour qualifier le projet de leur mentor.

Il n’est pas exclu que derrière la cacophonie au sujet des mots à utiliser, se cache une guerre qui ne  dit  pas son nom

En effet, alors que les uns parlent de projet d’élaboration d’une nouvelle loi fondamentale, les autres évoquent une révision constitutionnelle. L’on n’a pas besoin d’être un spécialiste de la sémantique ou encore un constitutionnaliste de haut vol, pour savoir que les deux expressions ne sont pas des synonymes. Pour mettre fin à la confusion, le premier responsable du RHDP, Amadou Soumahoro, a dû réunir les 120 membres du directoire de cette coalition pour procéder à un exercice de clarification de concepts. Pour lui, les choses ne doivent souffrir d’aucune ambiguïté et il l’a dit en ces termes : « Nous indiquons à tous les cadres du RHDP, qu’à partir de maintenant, pour éviter la cacophonie dans le message, il s’agit de l’élaboration d’une nouvelle Constitution ». Cette clarification conceptuelle suffira-t-elle pour amener tous les Houphouëtistes à regarder désormais dans la même direction ? L’on peut en douter. En effet, il n’est pas exclu que derrière cette cacophonie au sujet des mots à utiliser, se cache une guerre qui ne  dit  pas son nom, sur des questions de fond au sein de la grande famille des Houphouëtistes. Le premier camp pourrait être celui de ceux qui militent pour la mise en place d’une nouvelle Constitution avec l’intention, dissimulée pour le moment, de remettre les compteurs à zéro à l’effet de permettre à l’Enfant de Kong, de rebeloter au terme de son deuxième mandat. Il faut rappeler que, conformément à la Constitution actuellement en vigueur en RCI, le deuxième mandat d’ADO devrait être le dernier. Bien sûr, certains lieutenants du principal concerné, s’en défendent, jurant la main sur le cœur qu’il n’en est rien. Ce genre de discours, on l’a déjà entendu ailleurs sur le continent. Mais cela n’a pas empêché certains présidents en fin de mandat, de recourir à des subterfuges pour confisquer le pouvoir. Un de ces subterfuges justement, consiste à mettre en place une nouvelle Constitution. Ce procédé a l’avantage machiavélique de remettre  les pendules à l’heure. Derrière donc l’élaboration d’une nouvelle Constitution, en RCI, pourrait se cacher cette stratégie. A l’appui de cette hypothèse, l’on peut dire ceci : il y a 4 façons de faire manger le piment au chat : premièrement, l’on peut lui donner sans détour le piment. Deuxièmement, l’on peut cacher le piment dans de la viande. Troisièmement, l’on peut ouvrir sa gueule par la force et y introduire le piment. Quatrièmement, l’on peut frotter son postérieur avec le piment en sachant qu’il sera obligé de le lécher. De ce qui précède, l’on peut deviner laquelle des 4 possibilités pourrait coller à la situation ivoirienne. De toute évidence, c’est la deuxième, c’est-à-dire cacher le piment dans de la viande. Autrement dit, ADO sait que, par ces temps qui courent, la chose la plus suicidaire pour un président (et ce n’est pas son hôte, Blaise Compaoré qui lui dirait le contraire) est de tricher avec la Constitution de son pays pour s’accrocher au pouvoir. De ce point de vue, il peut avoir choisi de passer par la ruse et l’art du camouflage pour parvenir à ses fins. Déjà, les chefs coutumiers se sont illustrés comme des partisans d’un troisième mandat pour ADO, au motif qu’il est le seul homme de la situation. Cette sortie des têtes couronnées, peut-on se risquer à dire, pourrait avoir été suscitée par le pouvoir en guise de ballon d’essai. Au sein donc du RHDP, la probabilité est grande qu’il y ait des Raspoutine pour encourager ADO à s’accrocher au pouvoir par le truchement d’une nouvelle Constitution qui remettrait les compteurs à zéro.

La mise en place d’une nouvelle Constitution peut contrarier les ambitions présidentielles de certains membres du RHDP

Dans cette hypothèse, l’on peut se demander si ADO osera franchir le Rubicon. C’est peut-être pour contrer cette entourloupe qu’au sein du même RHDP, il y a des gens qui ne veulent pas entendre parler de mise en place d’une nouvelle Constitution, préférant, en lieu et place, une simple révision constitutionnelle. Ce scénario offre la possibilité d’expurger la Constitution en vigueur, en la débarrassant de toutes ses dispositions confligènes. Par cette voie l’on ne voit pas comment l’on peut s’y prendre pour faire sauter la clause qui limite le mandat présidentiel à 2. Car au nombre des articles confligènes en Côte d’Ivoire, l’on ne peut pas ne pas citer l’article 35. Parmi les tenants de la révision constitutionnelle, l’on pourrait avoir 2 catégories. La première pourrait être celle  des jeunes loups aux dents acérées du RDR (Rassemblement des Républicains) qui piaffent d’impatience de déposer leur valise au palais de Cocody. La deuxième catégorie pourrait être celle de certains cadres du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) qui, au nom du pacte passé entre Bédié et Ouattara, s’attendent à ce que le président à venir sorte de leurs rangs. Or, la mise en place d’une nouvelle Constitution, avec le risque que cela représente de faire table rase des 2 mandats d’ADO pour qu’il rebelote en 2020, peut contrarier les ambitions présidentielles de certains membres et pas des moindres du RHDP.  En tout état de cause, il faut dire que Alassane Ouattara est face à son destin. Il lui revient de faire en sorte que celui-ci ait la configuration d’un homme qui a su se rendre utile à la Côte d’Ivoire au plus haut niveau, sans pour autant laisser croire qu’en dehors de lui, il n’y a personne en Eburnie qui puisse chausser ses bottes.

« Le Pays »    


Comments
  • J’espere qu’ ADO n’ osera pas tpoujours a “l’ Article 37” ivoirien. Pour une fois, il est bon d’ etre superstitieux.

    19 août 2016
  • Vraiment, il est très souhaitable qu’après ses deux mandats bien remplis, sur les plans économique, social et une résolution des contentieux judiciaires concernant son prédécesseur avec une pacification des rapports entre les ivoiriens; Alassane Dramane Ouattara se décide de donner un exemple d’une alternance réussie et pacifique à la Cote D’Ivoire et à toute l’Afrique. En tout cas, c’est le souhait des vrais démocrates africains. Nul ici bas n’est indispensable et les cimetières regorgent de grands hommes “indispensables” Salut !

    27 août 2016

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