HomeA la unePOURPARLERS DE PAIX SUR LA RCA A KARTHOUM: Qui pour résoudre l’équation centrafricaine ?

POURPARLERS DE PAIX SUR LA RCA A KARTHOUM: Qui pour résoudre l’équation centrafricaine ?


Les délégations de chefs de quatorze groupes armés et les représentants du gouvernement centrafricain sont, depuis le 22 janvier dernier, à Khartoum, au Soudan, où s’ouvre, aujourd’hui, 24 janvier, le grand dialogue national sur la République centrafricaine (RCA), sous l’égide de l’Union africaine (UA). Ils seraient nombreux à avoir répondu à l’appel de Khartoum, même si, au moment où ces lignes étaient tracées, existaient encore des inconnues quant à la présence de certains leaders de poids à ce forum. Ces derniers se résoudront-ils finalement à faire le déplacement de Khartoum ? Cette question n’est pas sans intérêt d’autant que l’absence de certains seigneurs de guerre pourrait constituer une menace sérieuse pour l’avancée du processus de paix entamé avec ces groupes armés. Gageons donc que les différents protagonistes finiront par s’asseoir autour de la table de négociations et montreront surtout une réelle volonté de faire la paix. Mais le tout, évidemment, n’est pas de relever le défi de la participation. Car, un autre danger plane sur le succès de ce forum : le choix du pays pour abriter ces assises. En effet, les protagonistes de la crise en quête réelle ou supposée de paix, se déportent sur un territoire qui a lui-même mal à sa paix et à sa stabilité. Dans le contexte qui est le sien en ce moment, que peut apporter le Soudan dans la résolution de l’équation centrafricaine alors que l’équation de ses propres problèmes domestiques, est loin d’avoir été résolue ? Hier instable, aujourd’hui en feu, et quasiment jamais en paix, le Soudan est-il bien placé pour offrir ses bons offices dans ces négociations ? Peut-il accourir au chevet de la crise centrafricaine alors que lui-même est empêtré dans une profonde crise ? C’est « l’hôpital qui se moque de la charité ». Face à la lame de fond protestataire qui continue à déferler sur son pouvoir de plus en plus menacé, le dirigeant soudanais, Omar El-Béchir, n’a certainement pas vraiment la tête à résoudre les problèmes de son voisin centrafricain alors qu’il n’en a pas encore fini avec les siens.

La paix sera l’objet d’un long cheminement en RCA

Et c’est pourquoi l’on peut se demander s’il n’aurait pas mieux valu, pour l’UA, délocaliser cette réunion. L’Afrique est trop grande pour manquer de pays pour abriter ce dialogue. A moins que le choix de Khartoum ne soit celui de protagonistes, dicté par l’assurance de ne pas être inquiétés en terre soudanaise où ils ne courraient aucun risque d’être alpagués par la CPI, par solidarité avec l’illustre wanted soudanais contre qui un mandat d’arrêt international a été émis. Cela dit, on peut saluer l’initiative de l’UA qui montre à travers son égide, qu’elle est en quête inlassable d’une paix durable en RCA. Dans cet Etat où les bandes armées continuent à sévir et à se nourrir de rapines, l’option de l’arbre à palabres peut valoir son pesant de stabilité. Mais attention de ne pas faire de ces pourparlers, qui ne sont pas les premiers du genre, ni les derniers, des raouts interminables et sans résultats palpables. Aux paroles et autres engagements et professions de foi des frères ennemis, doivent surtout être joints des actes concrets. Et à ce propos, la RCA gagnerait au plus vite à travailler à la reconstruction de son armée. C’est, en tout cas, un passage obligé si elle veut mettre fin au règne des bandes armées qui écument 80% de son territoire ; toute chose qui continue de constituer de sérieuses menaces pour sa paix et sa stabilité. Il urge de mettre un terme à cette engeance qui se comporte en véritables armées mexicaines face auxquelles il n’y a pas d’interlocuteurs crédibles. Mais il est vrai que le cas centrafricain paraît plus compliqué qu’il n’en a l’air. Surtout depuis la fin de l’opération Sangaris en fin 2016, qui aura, quelque part, laissé par la suite l’impression d’une RCA orpheline de la communauté internationale. Une impression davantage ressentie après l’arrivée de la Russie dans l’ancienne Oubangui-Chari. Cette intrusion n’a certainement pas été du goût des capitales occidentales qui semblent avoir pris leurs distances vis-à-vis du grand malade centrafricain. En tous les cas, on peut être sûr d’une chose : la paix sera l’objet d’un long cheminement en RCA, ce pays ayant, hélas, le malheur d’avoir d’énormes richesses convoitées de toutes parts. Qui, pour résoudre l’équation centrafricaine ? Le pari de la paix est tenable. Mais encore faut-il que les différents protagonistes soient de bonne foi et manifestent une réelle volonté de remettre le pays sur les rails. Et leurs parrains ne doivent pas être en reste ni être laissés en plan. Ils ont également un important rôle à jouer dans ce combat pour le renouveau de la RCA. Présents ou pas à ce dialogue national, ils doivent travailler dans l’intérêt de la Centrafrique et s’interdire de regarder par le petit bout de la lorgnette de leurs seuls intérêts.

« Le Pays »


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