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POURPARLERS INTER MALIENS D’ALGER :Vers l’impasse


 

Depuis mardi dernier à Alger, mouvements armés du Nord-Mali et autorités de Bamako s’attèlent à amender le texte de l’accord de paix rédigé par les médiateurs. Un moment d’incertitude a régné, tant les frères ennemis avaient du mal à accorder leurs violons. Les différents représentants de la communauté internationale ont dû insister sur la nécessité de signer un accord rapidement.

 

On reproche aux groupes armés de ne pas vouloir collaborer

 

En fait, comme toujours, ces pourparlers intermaliens achoppent sur l’épineuse question de « l’indépendance de l’Azawad ».   Après tant d’années d’efforts déployés par la médiation, les rebelles se disent toujours insatisfaits. A un moment donné, on avait espéré que la partie algérienne parviendrait à concilier les deux camps. Hélas ! Aujourd’hui, l’impression dominante est qu’on vogue  vers une reprise des hostilités. Bien avant, on avait enregistré de mauvais signaux : les délégations étaient tendues, et jamais on n’avait eu l’impression que ceux qui venaient discuter étaient réellement animés de bonne foi. Pendant ce temps le drapeau rebelle n’a pas arrêté de flotter dans le ciel de Kidal. Les attaques meurtrières et les provocations intempestives  sont là pour témoigner que ce n’est pas demain la veille que la rébellion du Nord-Mali va faire ses valises et rentrer dans les rangs à…Bamako.

Les tenants de l’indépendance restent toujours fidèles à leur quête. Ce que désapprouve, bien entendu, la délégation venue de Bamako. Chacun campe sur ses positions d’avant.   Des incompréhensions entre deux mondes qui ont toujours cohabité, mais qui n’ont pas suffisamment puisé dans le substrat culturel qui les réunit, pour avancer ensemble dans la même direction. Pendant longtemps, on aura tourné en rond, donnant même l’impression qu’une solution raisonnable n’est pas pour demain.   

Pour Arnauld Akodjenou, le représentant de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali), le texte soumis est acceptable par toutes les parties. C’est donc confiant qu’il leur a signifié que : «Vous avez entre vos mains des éléments d’un contrat social entre les Maliens. » Toutefois, dans le camp de la rébellion, certains mouvements se sont montrés inquiets à propos des arrestations et des affrontements dont leurs membres seraient victimes. Par conséquent, ils ont demandé des garanties à la communauté internationale. Ce sont notamment les membres du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), du HCUA (Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad), du MAA (Mouvement arabe de l’Azawad) et de la CPA (Coalition du peuple pour l’Azawad). «De quelle autorité dispose la communauté internationale pour imposer équitablement et correctement le respect des dispositions convenues entre les deux parties en belligérance ?», a demandé Amberry Ag Rhissa, membre du MNLA, pendant la réunion.

Du côté des mouvements armés proches de Bamako, comme le Gatia, on reproche aux groupes armés de Kidal, de ne pas vouloir collaborer avec la Minusma. On estime, par ailleurs, que la signature d’un accord de paix est un préalable indispensable à toute coopération militaire entre mouvements et Minusma. Selon un membre de l’organisation, il n’est pas possible de donner à un mouvement armé, les prérogatives d’un Etat.  

 

Les protagonistes  doivent se donner de nouvelles chances de se retrouver

 

La situation sécuritaire se détériore dans le Nord, et les pays voisins du Mali (Algérie, Burkina Faso, Niger) voudraient vite trouver solution aux litiges, afin de barrer la route aux organisations terroristes. Celles-ci ont récemment intensifié les attaques, comme pour exprimer leur emprise sur le terrain, et leur hostilité à la communauté internationale venue au chevet de belligérants qui   gagneraient à accorder leurs violons.

 L’indépendance de l’Azawad  est un rêve difficilement réalisable. Parce qu’il se heurte aux principes et valeurs défendus par l’Union africaine (UA), de la CEDEAO, etc. De plus, quel que soit le pouvoir en place à Bamako, celui-ci n’osera pas se renier en prenant le risque de reconsidérer les frontières héritées de la colonisation ! Du reste, en guise de soutien aux pourparlers intermaliens d’Alger, la communauté malienne du Gabon a organisé lundi dernier à Libreville, une marche pacifique. Celle-ci a été suivie de la remise d’un mémorandum dans lequel les marcheurs s’opposent à toute partition de leur pays.

Les rebelles devraient revoir leur copie pour le bien de leurs propres communautés, comme celui de toute l’Afrique de l’Ouest. En faisant preuve de flexibilité dans les négociations, ils permettront à tous, à leurs communautés en premier lieu, de vivre une ère nouvelle.

Dans l’histoire de ce continent, la capitale algérienne a plusieurs fois servi de lieu de rencontres et de résolution de problèmes. Aussi, dans l’intérêt de notre sous-région, faut-il inviter les belligérants du Nord-Mali et de Bamako, à faire preuve de bonne volonté. Le risque existe toujours de cheminer vers une nouvelle impasse, alors que ces pourparlers  sont l’occasion de crever l’abcès. Les protagonistes  doivent se donner de nouvelles chances de se retrouver pour bâtir ensemble le Mali nouveau. Non poursuivre et transmettre cette haine viscérale qui ne fera jamais le bonheur des communautés.  Il est temps de convenir de quelque chose de plus concret, solide et durable. Il y va de l’intérêt des peuples concernés et de celui de toute la sous-région !  

 

« Le Pays »


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