HomeLignes de mireLE POUVOIR NIGERIAN FACE A BOKO HARAM :Une impuissance qui met en lumière la bravoure du Cameroun

LE POUVOIR NIGERIAN FACE A BOKO HARAM :Une impuissance qui met en lumière la bravoure du Cameroun


Boko Haram vient encore de se signaler en matière de prise d’otages au Nigeria. En effet, le mouvement islamiste a opéré un nouveau rapt de masse en enlevant et détenant une trentaine d’adolescents, filles et garçons. Cela consacre un peu plus l’échec des autorités nigérianes à assurer la sécurité de leurs concitoyens. Il est de notoriété publique que le Nigeria a jusque-là échoué à donner la réplique comme il se doit, aux extrémistes de Boko Haram. La secte dicte sa loi dans le Nord du pays et ne trouve quasiment pas de résistance digne de ce nom, des forces de défense et de sécurité nigérianes.  L’armée étale à longueur de journée toute son incapacité à reprendre les territoires conquis par la secte islamiste. On ne parle même pas d’anticipation de sa part.

 

L’humiliation de l’Etat nigérian par les islamistes aura trop duré

 

C’est cette indolence, ce laxisme des forces de défense et de sécurité du Nigeria qui ont permis à Boko Haram d’être maître de bien des localités, consacrant ainsi la partition de fait du Nigeria. Bien entendu, une telle démission n’est pas à l’honneur des dirigeants du pays. Il y a fort à parier, si cette situation devait perdurer, que le président Goodluck Jonathan est parti pour perdre la prochaine élection présidentielle. Pourtant, les autorités nigérianes avaient laissé entendre que sous l’égide du Tchad, elles étaient parvenues à un accord de cessez-le-feu avec Boko Haram, incluant une libération des 274 jeunes filles enlevées dans leur établissement. La nouvelle avait été accueillie avec optimisme, mais aussi avec réserve par bien des observateurs qui craignaient avoir affaire à un pétard mouillé. La suite n’a pas donné tort aux pessimistes car les filles ne sont toujours pas libérées et pire, d’autres enfants sont enlevés. C’est à se demander si  ce fameux cessez-le-feu n’était pas juste le fruit de l’imagination de l’armée et du pouvoir nigérians. Il se peut également que Boko Haram ait réellement accepté un cessez-le-feu avec le Nigeria, mais par pur calcul  stratégique.

En effet, il n’est pas exclu que cette secte islamiste ait voulu achever d’endormir la « somnolente » armée nigériane, le temps de faire face à l’armée camerounaise avant de revenir, histoire de ne pas s’épuiser à la fois sur deux fronts. Surtout que ce sont les Camerounais qui lui donnent du fil à retordre. Si cette hypothèse venait à se confirmer, Boko Haram aurait alors exploité une certaine naïveté des dirigeants nigérians. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que les islamistes n’auraient pas tenu parole, si accord il y avait. Toujours est-il que Goodluck devra rapidement revoir sa copie, car l’humiliation de l’Etat nigérian par ces islamistes aura trop duré, et il est grand temps de siffler la fin de la récréation. Il devra tout mettre en œuvre pour stopper cette déliquescence continue de l’Etat fédéral à laquelle on assiste à chaque coup de boutoir de Boko Haram. A défaut, il devra porter, avec son équipe, la responsabilité historique de cette démission face à ce qui est une menace grave sur l’intégrité territoriale du pays. 

 

Du côté camerounais, l’armée ne plaisante pas dans sa traque des terroristes

 

Et, même si comparaison n’est pas raison, il faut bien reconnaître que la ténacité dont fait preuve l’armée camerounaise face aux mêmes islamistes, au regard des résultats probants, ne fait que discréditer davantage   les autorités nigérianes dont le laxisme et l’échec dans le combat contre ce péril islamiste, sont des plus spectaculaires. La mollesse du Nigeria face à Boko Haram contraste énormément avec la fermeté dont font preuve ses voisins, surtout le Tchad et le Cameroun. Le Tchad, faut-il le rappeler, a infligé une cuisante défaite à Boko Haram lorsque ce dernier s’est hasardé à opérer à l’intérieur de son territoire. L’armée tchadienne avait mis en déroute les combattants islamistes de façon claire et nette.

Le Cameroun, de son côté, fait face, comme on le sait, à des incursions fréquentes des éléments de Boko Haram sur son territoire. Mais chaque tentative des islamistes s’est jusque-là soldée par une riposte vigoureuse de l’armée camerounaise et une débâcle pour les hommes d’Aboubacar Shekau. Dans la perspective de tenir la promesse faite par le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, de tout mettre en œuvre pour venir à bout de ces islamistes, l’armée camerounaise est ainsi sur le pied de guerre et veille au grain. D’importants moyens militaires sont déployés pour repérer, traquer et éliminer les combattants de cette nébuleuse. Ce n’est pas un hasard si Boko Haram n’est pas encore parvenue à étendre son califat au-délà du Nigeria, surtout sur le territoire camerounais. C’est que du côté camerounais, l’armée ne plaisante pas dans sa traque des terroristes. En d’autres termes, on peut dire que face à l’armée camerounaise, Boko Haram réalise qu’il a trouvé adversaire à sa taille voire celui qui peut l’anéantir s’il n’y prend garde.

Il aurait certainement fallu que le Nigeria ait la même hargne sinon plus, pour bouter ces « illuminés » hors de ses frontières. Ce n’est pas en affichant une telle incompétence qu’il saura mériter le respect et la considération des autres nations, choses non négligeables pour un pays qui a de grandes ambitions sur la scène internationale. On connaît en effet le poids démographique de ce pays et la place qu’il réclame au sein des instances internationales. Et, à moins de changer son fusil d’épaule, le Nigeria va devoir payer son manque de courage et de stabilité non seulement par l’implosion de la fédération, mais aussi par la perte de l’estime de la part des autres pays.

 

« Le Pays »


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