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POUVOIR/OPPOSITION AU TOGO


Le jeu du chat et de la souris

L’opposition togolaise appelle de nouveau ses militants et sympathisants à descendre dans la rue pour réclamer l’alternance. La nouveauté dans ce pays dont le rythme de vie est désormais marqué par les marches et contre-marches, est que les manifestations annoncées ne devraient plus se faire au cœur de la capitale, Lomé, mais en périphérie. De quoi rendre furieuse cette opposition qui n’entend pas se plier à l’itinéraire imposé par les autorités. Pour elle, en l’obligeant à aller manifester loin du centre-ville, le pouvoir veut endiguer la contestation populaire. Du coup, on assiste désormais à une guerre des itinéraires entre les deux parties. C’est dire que celles-ci sont à nouveau à couteaux tirés au Togo où le dialogue politique peine visiblement à connaître des avancées significatives. Alors que la mayonnaise de la médiation, sous les auspices de la communauté sous- régionale, tarde à prendre, renforçant ainsi la « surdité » du dialogue entre les différents protagonistes de cette crise politique. En attendant donc que les médiateurs de la CEDEAO se remettent au travail, toute chose qui pourrait servir d’adjuvant à l’opposition togolaise tout en lui évitant de s’essouffler eu égard au rythme des marches, elle est contrainte par le régime d’aller manifester à la périphérie de Lomé pour ne pas que ses cris de protestation, de colère voire de détresse contre la prise en otage de l’alternance démocratique, ne puissent casser les tympans au locataire de Lomé II, Faure Gnassingbé. Et aussi pour éviter que ces marches ne portent un coup sérieux au tissu économique.

Un dialogue de sourds qui dure depuis plusieurs mois

Alors que si l’opposition tient à marcher dans le centre-ville de la capitale, c’est bien pour, en creux, non seulement se faire entendre par les tenants du régime, mais aussi pour affecter le secteur économique et plus généralement tailler des croupières au pouvoir en place en vue de l’affaiblir. C’est dire si cette guerre des itinéraires ressemble au jeu du chat et de la souris entre le pouvoir et l’opposition qui, comme la souris, risque d’être perdante si elle n’y prend sérieusement garde.
Au stade actuel de la crise, il faut dire qu’autant traînera la prise en main du dialogue par les médiateurs, autant sera long le chemin de croix de l’opposition. Et c’est le pouvoir qui en tirera profit avec ses stratégies de contournement ou de louvoiement pour gagner l’opposition à l’usure.
Rappelons-le, le fond du problème de cette crise togolaise, et tout le monde le sait, est la question du sort du chef de l’Etat au-delà de 2020. Pendant que l’opposition compte sur le rétablissement de la Constitution de 1992 pour espérer voir l’alternance se réaliser enfin au pays des Gnassingbé, les soutiens du président Faure n’ont d’autres ambitions que de voir ce dernier prolonger son bail au palais de Lomé II. Et le comble est que chacun est campé sur sa position. D’où ce dialogue de sourds qui dure maintenant depuis plusieurs mois et qui semble se prolonger avec la volonté de l’opposition de renouer avec les manifestations de rue, pour remettre la pression sur le pouvoir.

Drissa TRAORE


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