HomeA la unePr CHRISTIAN NAPON, NEUROLOGUE « Dormir sur un matelas avec des creux favorise des problèmes liés au nerf sciatique »

Pr CHRISTIAN NAPON, NEUROLOGUE « Dormir sur un matelas avec des creux favorise des problèmes liés au nerf sciatique »


 

 

La neurologie est la spécialité qui s’occupe des pathologies liées au système nerveux. Pr Christian Napon nous en parle. Il est maître de conférence agrégé en neurologie et exerce à l’hôpital du District de Bogodogo. Pr Christian Napon enseigne également à l’Unité de formation et de recherche en Science de la santé (UFR/SDS) à l’Université Ouaga I, Pr Joseph Ki Zerbo à Ouagadougou. Dans cet entretien, il éclaire notre lanterne sur les pathologies nerveuses.

« Le Pays » : En quoi consiste le travail d’un neurologue ?

 

Pr Christian Napon : Le Neurologue est un spécialiste. Il étudie tout ce qui est maladie neurologique et étudie tout ce qui concerne les sciences neurologiques. C’est-à-dire tout ce qui concerne le système nerveux, à savoir le cerveau, le tronc cérébral, la moelle épinière et les nerfs périphériques.

 

Dans quels cas consulte-t-on en neurologie ?

 

On consulte un neurologue lorsqu’on a une maladie qui touche le cerveau, la moelle épinière ou les nerfs périphériques. Par exemple, quand on a des maux de tête ou des douleurs au niveau des membres ou une paralysie ou des difficultés à marcher, on peut consulter le neurologue. C’est un système qui va de la tête aux pieds.

 

Quelles sont les maladies dont s’occupent les neurologues ?

 

 

Il y a plusieurs types de maladies. Il y a l’épilepsie, les maladies vasculaires telles que les maladies vasculaires cérébrales. Il y a la maladie de Parkingston qui va être à l’origine d’un ralentissement de la motricité. La personne devient lente et tremble. On a la maladie d’halzeimer qui va toucher la mémoire et cela va confiner la personne dans un état grabataire. Il y a la méningite, les abcès du cerveau, les myélites.

 

Quel est le rôle du nerf dans le corps humain ?

 

Le cerveau à lui seul comporte des milliards de nerfs. C’est le système nerveux qui commande notre vie de tous les jours. Lorsqu’on décide de planifier quelque chose, c’est grâce au système nerveux. Volontairement, vous faites des gestes ; c’est grâce au système nerveux. Quand on mange, la digestion est assurée par le système nerveux. Le système nerveux est vraiment au centre de tout.

Qu’est-ce qui provoque les maladies liées aux nerfs ?

 

Il y a plusieurs rubriques. Il y a des maladies liées aux infections. Par exemple, il y a la méningite, les infections du cerveau appelées abcès. Lorsque vous avez des problèmes d’hypertension artérielle, cela va retentir sur le cerveau.  Il y a également des maladies dites inflammatoires, dues à un conflit entre antigènes et anticorps. Cela peut  donner des retentissements au niveau des nerfs. Il y a aussi des carences alimentaires, des carences en vitamines. Le cas des femmes enceintes qui ont souvent des vomissements et qui vont développer des carences. Il y a aussi les tumeurs. Il y en a aussi où c’est dégénératif. C’est-à-dire un vieillissement anormal des cellules. Comme exemple, il y a la maladie d’Alzheimer.

Quand on parle de problèmes de nerf sciatique, de quoi s’agit-il exactement ?

 

C’est une pathologie qui est fréquente et qui est due au fait que le nerf sciatique est situé au niveau de la partie basse de la colonne vertébrale. Il prend son origine là-bas et descend au niveau de la fesse, de la cuisse, de la jambe pour aller jusqu’au niveau du pied et des orteils. Lorsqu’il y a un conflit, c’est-à-dire que le disque qui est normalement situé entre deux vertèbres se déplace vers l’arrière, il peut aller coincer le nerf sciatique et provoquer la douleur sciatique. Vous avez aussi l’arthrose qui peut créer une situation propice à la survenue de ces atteintes sciatiques.

Qu’est-ce qui favorise ce problème ?

 

C’est le manque d’activité physique, la prise de poids, la circulation sur des terrains très accidentés. Les chutes, les mauvaises positions, le fait de dormir sur un plan qui n’est pas dur, ferme. Il ne faut pas dormir sur des matelas avachis, avec des creux parce que cela favorise la survenue des problèmes liés au nerf sciatique. Il faut mener une activité physique, sportive. On ne vous demande pas de courir ou de faire du 100 mètres plat. Il faut simplement avoir 30 minutes de marche, deux fois par semaine. Cela suffit largement. Il faut aussi manger modérément, surtout la nuit. Le fait de manger beaucoup la nuit favorise la prise de poids. Au travail, il ne faut pas rester figé du matin au soir. Il faut de temps en temps se lever et faire des mouvements.

Quelle est l’ampleur des maladies liées aux nerfs ?

 

Dans notre contexte, on n’a pas de statistiques en population. Mais des études ont montré que dans les urgences médicales au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo  (CHU-YO), l’un des premiers motifs d’admission aux urgences, ce sont les maladies neurologiques, notamment les accidents vasculaires cérébraux. C’est dire que c’est un problème de santé publique.

Qu’est-ce qui explique cela ?

 

Pour trouver une explication, il faut identifier les facteurs de risque. Ce ne sont pas toutes les maladies liées au nerf qui sont fréquentes. Il y en a qui sont fréquentes, comme les accidents vasculaires cérébraux. Le premier facteur de risque de ces maladies, c’est l’hypertension artérielle. Il y a aussi la sédentarité. Donc, l’activité physique est un facteur protecteur. Comme facteurs de risque,  il y a la prise de contraceptifs oraux, le diabète et d’autres maladies génétiques. Mais le tabagisme multiplie par trois, le risque de ces maladies. La consommation excessive d’alcool est aussi un facteur de risque.  De plus en plus, on parle de  la pollution de l’air comme facteur de risque.  Les personnes qui travaillent dans les mines, parce que l’usage du mercure et compagnie sont des facteurs de risque pour les maladies neurologiques, notamment les neuropathies. Il y a aussi  l’utilisation du tramazol et des drogues.

 

La folie a-t-elle un lien avec les problèmes de nerfs ?

 

C’est un peu différent. Il est vrai que la neurologie et la psychiatrie sont deux spécialités qui sont proches. Jusqu’à une époque proche,

c’était la même spécialité. On parlait de neuro-psychiatrie. La différence est que la neurologie est basée sur une lésion organique que l’on peut toucher. Alors que la psychiatrie relève de l’esprit. Et la folie entre dans le cadre de ces maladies dites psychiatriques. Mais on peut avoir certaines manifestations de maladies neurologiques qui s’apparentent à la folie. C’est pourquoi si vous êtes devant un cas qui paraît être une folie, il faut toujours évoquer une éventuelle maladie neurologique, quitte à l’éliminer en faisant un certain nombre de bilans d’exploration.

Comment peut-on éviter les maladies liées aux nerfs ?

 

Il faut lutter contre les facteurs de risque. Il faut bien s’alimenter et ne pas faire d’écarts. Il ne faut pas fumer. Il faut dépister l’hypertension artérielle. Mais il y a des causes auxquelles on n’a pas forcément de moyens de prévention. Par exemple, si vous êtes dans une famille où il y a des gens qui ont fait la maladie de Parkingston ou qui sont sujets à certaines maladies dégénératives, vous êtes susceptibles de développer ces pathologies. Pour ce genre de personnes, il est difficile de prévenir les maladies neurologiques. L’âge est un facteur de risque des maladies neurologiques. On reçoit beaucoup de patients âgés, qui développent des troubles de mémoire, des patients qui dépriment. La dépression est à cheval entre la psychiatrie et la neurologie.

 

Peut-on guérir des maladies neurologiques ?

 

Tout dépend du type de maladie. Si vous prenez par exemple les infections, on a les antibiotiques qui peuvent lutter contre l’infection. Si ce sont des maladies inflammatoires, on a des anti-inflammatoires qui peuvent les guérir. Mais s’il s’agit de maladies dégénératives, un vieillissement anormal des cellules, on a très peu de chances d’en guérir.

Peut-on en guérir sans séquelles ?

 

Oui, on peut en garder des séquelles. Très souvent, des patients sont paralysés, mais on peut, avec les moyens de la rééducation, restaurer un peu une certaine mobilité des membres. Mais, parfois des patients peuvent garder des signes qui montrent qu’ils ont été victimes d’un problème neurologique. Il y a aussi des patients qui peuvent en guérir totalement.

 

Ya-t-il un rapport entre maladies liées aux nerfs et l’acupuncture ?

 

L’acupuncture est une méthode de traitement des maladies nerveuses qui provient de la Chine. Etant de l’Ecole française occidentale, nous n’avons pas une approche de ce type, mais c’est une méthode qui produit des résultats qu’il faut respecter.

 

Au Burkina Faso, a-t-on un plateau technique qui permet de prendre convenablement en charge les pathologies nerveuses ?

 

Oui. De nos jours, on peut être fier d’avoir un certain nombre d’explorations que l’on peut faire à Ouagadougou. Nous avons la possibilité de faire le scanner, l’Imagerie par résonnance magnétique (IRM) qui nous donne la possibilité de mieux diagnostiquer les maladies liées aux nerfs. On a aussi les explorations telles que l’électro-encéphalographie, l’électromyographie qui nous permettent de mieux comprendre les maladies nerveuses.

D’aucuns disent que le traitement en neurologie est coûteux. Qu’en dites-vous ?

 

Si je prends l’exemple d’un patient qui fait un AVC, parce que c’est ce qui est le plus fréquent, d’abord pour pouvoir diagnostiquer le mal, il faut qu’il fasse au moins un scanner qui ne coûte pas moins de 40 000  F CFA et une IRM qui coûte environ 100 000  F CFA. Après le diagnostic, il y a un certain nombre de bilans que le patient doit faire. Ensuite, il faut faire plusieurs examens de sang, pour voir le niveau de cholestérol, la numération, les taux de plaquettes, les globules blancs, les globules rouges, etc. Il y a aussi d’autres échographies à faire. Et ce n’est pas encore le traitement. C’est juste les explorations pour comprendre la cause. Une fois que cela est fait, on met en route le traitement. Il y a des traitements que l’on prend tous les jours et pendant toute sa vie. Il y a aussi les médicaments contre les statines qu’il faut prendre très longtemps, sans compter le traitement contre l’hypertension artérielle qu’il faut prendre à vie. Effectivement, le traitement coûte cher. Et ce n’est pas donné au Burkinabè moyen.

Y a-t-il un moyen de faire en sorte que la prise en charge soit accessible à tous ?

C’est peut-être la mise en œuvre de l’assurance maladie qui va donner une bouffée d’oxygène aux patients.

 

Pourquoi avez-vous décidé de vous spécialiser en neurologie ?

 

Etant étudiant en médecine, j’ai été fasciné par la neurologie. A l’époque, j’ai eu des maîtres qui m’ont vraiment amené à m’intéresser à la chose. C’était à l’hôpital Yalgado où il y avait plusieurs spécialités qui étaient dans un même service, celui de la médecine interne. On était trois étudiants qui avaient été initiés par le Pr Jean  Kaboré, un neurologue. Il nous amenait à consulter avec lui, il nous donnait des ouvrages de neurologie. Et finalement, nos thèses de médecine générale ont porté sur des sujets de neurologie. De plus en plus, nous y avons pris goût. Et de façon logique, on a choisi de faire la neurologie.

Y a-t-il une possibilité de se spécialiser en neurologie au Burkina Faso ?

 

Oui. On a la possibilité de le faire et ce, depuis trois ans maintenant. A Ouagadougou, on a à peu près six neurologues. A Ouahigouya, il y en a un et à Bobo, il y en a 4. Cela fait 11 neurologues. Et il y en a qui sont en formation.

Quels conseils pour la population ?

 

Il faut vivre sainement. Manger équilibré et mener une activité physique et sportive. Avoir des loisirs sains. Et il faut, chaque année, faire un bilan de santé pour anticiper certains problèmes.

Je remercie les Editions « Le Pays » pour cette approche qui nous permet de parler de ces maladies. C’est l’occasion toute rêvée de pouvoir parler des choses qui nous concernent tous et pour lesquelles on peut agir et prévenir si l’on est informé.

Propos recueillis par Françoise DEMBELE

 

 


Comments
  • Très explicite merci professeur . Va falloir de temps en temps nouw partager vos belles expériences et nous éclairer sur notre santé. Dieu vous bénisse abondamment professeur

    5 octobre 2017
    • Bonjour docteur!
      J’ai mon frère malade de l’épilepsie ça fait 17 années maintenant. Svp comment pouvons nous vous joindre svp

      18 mai 2021
  • Très explicite vos explications!merci encore et bon vent a vous!je suis un nouveau patient et je pris Dieu vraiment pour guérir de ma maladie le plus vite possible!Dieu vous bénisse Pr

    14 janvier 2018
  • Bonjour comment vous joindre pour des soins?

    6 septembre 2018

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