HomeA la unePRESIDENCE DE LA COMMISSION DE L’UA : Les raisons de la victoire du Tchadien Moussa Faki Mahamat

PRESIDENCE DE LA COMMISSION DE L’UA : Les raisons de la victoire du Tchadien Moussa Faki Mahamat


Ça y est ! L’Union africaine (UA) a un nouveau président en exercice. Il s’appelle Alpha Condé. C’est dans l’ordre normal des choses puisque suivant le principe de la rotation, c’était au tour de l’Afrique de l’Ouest de prendre le bâton de commandement de l’organisation continentale. Exit donc le président tchadien, Idriss Deby Itno, qui, en un an  au directoire de l’UA, en  aura vu des vertes et des pas mûres. En effet, du Burundi à la Gambie en passant par les deux Congo et  le Gabon, l’UA, en dehors de ses simples déclarations de principe, a souvent brillé par son impéritie voire sa veulerie, si fait que, par moments, elle s’est laissé damer le pion par la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour ce qui concerne la résolution des crises dans l’espace communautaire ouest-africain. En tout cas, osons espérer qu’avec le renouvellement des instances qui vient de s’opérer sur fond de réformes profondes, les  lignes bougeront au sein de l’UA qui, à la faveur de ce 28e sommet, dispose aussi d’un nouveau président de la Commission. Il s’agit du désormais ex-ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki Mahamat, qui l’a emporté au dernier tour face à la Kényane Amina Mohamed. C’est donc finalement le protégé de Deby qui succèdera à la Sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma qui ne fait plus mystère de sa volonté de briguer la magistrature suprême dans son pays. Pour une surprise, c’en est vraiment une puisque tous les pronostics donnaient favori le Sénégalais Abdoulaye Bathily qui, non seulement a un background politique assez parlant, mais aussi, ce n’est pas inutile de le relever, est issu d’un pays connu pour être un exemple démocratique sur le continent.

Le Tchad apparaît aujourd’hui comme un allié sûr des Occidentaux

Mais comment pouvait-il en être autrement quand on sait que le président Deby, en matière de lutte contre le terrorisme, a pour lui, ses hauts faits d’armes, au point que bien des chefs d’Etat du continent lui doivent aujourd’hui une fière chandelle ? Et ce ne sont pas les présidents Muhammadu Buhari du Nigeria, Mahamadou Isouffou du Niger, Ibrahim Boubacar Kéita du Mali et Faustin Archange-Touadéra de la RCA, qui diront le contraire ; eux qui, l’un après l’autre, ont dû courir, toutes  affaires cessantes à N’Djamena, pour solliciter les services du warrior comme on l’appelle. Et ce n’est pas tout. Le Tchad apparaît aujourd’hui comme un allié sûr des Occidentaux dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne. Toute chose qui amène certains à voir la main invisible des Occidentaux en tant que principaux bailleurs de fonds de l’UA, dans le choix du Tchadien Moussa Faki Mahamat ; histoire de récompenser Deby pour ses multiples efforts de guerre  et de sauver le soldat actuellement face à une grogne sociale qui n’en finit pas. Cela dit, quelles sont les chances de succès du nouveau président de la Commission dans un continent où les prédateurs attitrés de la démocratie ne se comptent plus ? En tout cas, tant que celui-ci sera un faire-valoir pour ne pas dire un commis expéditionnaire (c’est-à-dire cette personne-là qui, pendant la période coloniale, était chargée de recopier uniquement les actes et les états administratifs) des chefs d’Etat, il lui sera difficile d’avoir des coudées franches pour travailler. Tout au plus pourra-t-il se défouler, de temps à autre, comme le faisait souvent Alpha Omar Konaré, en titillant les cancres de la démocratie du continent qui, il faut le rappeler, n’en ont cure. Et même là, le rêve n’est pas permis puisqu’on voit mal  le successeur de Dlamini-Zuma en train de remonter les bretelles à  son mentor, Idriss Deby, dont le pays représente l’une des dictatures les plus féroces du continent. Ce serait, pour ainsi dire, « l’hôpital qui se moque de la charité ». Or, « notre monde doit passer aujourd’hui de la gestion des crises à leurs préventions. Trop souvent, nous intervenons trop tard et trop peu »,  comme l’a si bien relevé le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui s’est, par ailleurs, félicité du retour du Maroc au sein de la grande famille africaine.

Boundi OUOBA


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