HomeOmbre et lumièrePRESIDENITELLE ET LEGISLATIVES : Le tout n’est pas de signer un Pacte

PRESIDENITELLE ET LEGISLATIVES : Le tout n’est pas de signer un Pacte


Le 21 août 2015 dernier, acteurs politiques, Organisations de la société civiles (OSC) et le Conseil supérieur de la communication (CSC) ont procédé à la signature d’un pacte de bonne conduite dans la perspective d’une campagne électorale apaisée. Cet engagement solennel, pris devant le peuple burkinabè et devant l’histoire, est un référentiel de bonnes pratiques pour tous les Burkinabè en général et pour tous les acteurs intervenant dans le processus électoral en particulier. Tous doivent désormais en faire leur bréviaire pour éviter à notre pays de vivre ce que d’autres pays ont déjà vécu de fâcheux, et ce, en raison du mauvais comportement de certains acteurs politiques. La présence du président de la Transition, président du Faso, Michel Kafando, à la signature du Pacte, illustre à souhait ce que représente cet acte pour la Nation dont il est l’incarnation.

C’est pourquoi l’on peut déjà saluer cette volonté commune de faire en sorte que la présidentielle et les législatives du 11 octobre prochain, soient des moments citoyens et civilisés avec lesquels les uns et les autres vont vendre leurs programmes politiques aux Burkinabè, en ayant à l’esprit l’obligation morale et politique d’éviter dans leurs propos et actes, tout ce qui est susceptible d’exposer la Maison commune, c’est-à-dire le Burkina, aux affres de la haine et de la violence. Pour éviter cela, le tout n’est pas de signer un Pacte. En effet, que représente ce genre de document si la vision que l’on a de la politique repose sur l’idée développée par Machiavel selon laquelle la fin justifie les moyens ? Cette question est d’autant plus pertinente que la politique, sous nos tropiques, est perçue avant tout comme une activité de rente. Dès lors, l’on ne s’embarrasse pas de scrupules pour en tirer le maximum de bénéfices pour soi-même. Les armes utilisées, à cet effet, sont loin d’être conventionnelles. Elles consistent, faute de programmes politiques cohérents, à exceller dans la démagogie, la médisance, les intrigues, à boxer en dessous de la ceinture de l’adversaire perçu souvent comme un ennemi, à instrumentaliser les paisibles populations en les dressant les unes contre les autres sur des bases ethniques et religieuses. Ceux qui ont cette conception de la politique ne se sentent pas liés par un Pacte de bonne conduite, même si au bas du document, ils ont apposé de manière ostentatoire leur signature. Les exemples qui illustrent cela sont légion en Afrique.

On peut s’attendre à ce que la campagne à venir ait du piquant

Malheureusement, l’on pourrait compter parmi les signataires du présent pacte, et nous souhaitons être démentis par les faits, des gens qui pourraient être tentés de réunir le bois afin d’en constituer un bûcher pour brûler le pays. Et pour cause. Certains acteurs politiques donnent l’impression, par leurs propos tenus récemment, qu’ils n’ont pas encore digéré le fait qu’on a arraché le pain de leur bouche, à la faveur des événements des 30 et 31 octobre 2014. De ce fait, ils ont la rancune tenace et le ressentiment difficilement dissimulable. Cela transparaît de temps à autre dans les mots et le ton de leurs discours et harangues politiques. Dans ces conditions, l’on peut craindre que la campagne électorale à venir soit mise à profit pour en découdre avec certains adversaires politiques censés être à l’origine de tous leurs malheurs. Le contexte politique du Burkina, marqué, on le sait, par la mise en place de certaines mesures allant dans le sens de la moralisation de la chose politique, peut conduire à être circonspect quant à la traduction dans les actes, des dispositions contenues dans la Pacte de bonne conduite de la part de tous les acteurs politiques. Ce scepticisme est d’autant plus fondé que le document signé n’a pas force de loi. Il reste à compter sur le sens de responsabilité de tous. Ce qui n’est pas la chose la plus partagée sous nos tropiques. Déjà, certains propos laissent entrevoir des signes d’inquiétude. C’est pourquoi il n’est pas superflu de rappeler aux uns et aux autres que le peuple burkinabè et le monde entier les observent comme du lait sur le feu. Certes, l’on peut s’attendre à ce que la campagne à venir ait du piquant en raison des enjeux qui y sont liés, mais de là à en profiter pour faire de l’arène politique un espace de règlement de comptes au point de mettre en péril l’existence même du Burkina, il y a un pas que personne n’a intérêt à franchir au risque d’en répondre devant l’Histoire.

Le premier test qui va nous édifier sur l’état d’esprit actuel de tous les acteurs politiques est, de toute évidence, le verdict que les juges constitutionnels vont donner à propos de la validité ou non des candidatures des uns et des autres à la présidentielle et aux législatives. Attendons donc de voir et vivement que ce verdict se fasse conformément au droit.

Sidzabda


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