HomeBaromètrePRESIDENTIELLE 2015 : « La conquête du saint Graal ne doit pas autoriser les politiciens à poser des actes immoraux »

PRESIDENTIELLE 2015 : « La conquête du saint Graal ne doit pas autoriser les politiciens à poser des actes immoraux »


L’auteur du point de vue ci-dessous se prononce sur la présidentielle d’octobre prochain. Pour lui, il faut nécessairement bannir les relents ethniques et religieux, si l’on veut un scrutin apaisé. Lisez !

 

Qui sera le président du Faso à l’issue de l’élection présidentielle d’octobre prochain ? Nul ne peut le prédire avec certitude. Malgré les déclarations de confiance des différents partis, l’on s’accorde tous à reconnaître que cette présidentielle sera la plus ouverte et la plus disputée de l’histoire politique du Burkina. Après le régime Compaoré où le Président était connu avant même la compétition électorale, après cette insurrection populaire qui a presque remis les compteurs à zéro pour les forces politiques, les Burkinabè peuvent désormais expérimenter le nectar de la démocratie au sens premier du terme, c’est-à-dire, le pouvoir du peuple. Pour y parvenir, tout le monde doit jouer son rôle.

D’abord les citoyens

Les insurgés des 30 et 31 octobre 2014 doivent parachever la révolution en s’inscrivant sur les listes électorales (pour ceux qui avaient perdu l’espoir de tout changement sous Blaise Compaoré parce que les dés étaient pipés) et en allant effectivement voter le 11 octobre prochain. Il n’y a pratiquement plus d’excuses à approuver un programme ou à sanctionner un parti. C’est l’occasion d’imposer désormais aux leaders politiques la redevabilité, puisque la confiance du peuple devra se mériter. Il faut donc que les Burkinabè fassent « parler » les urnes et prennent véritablement conscience de leur importance dans le jeu démocratique.

Ensuite les leaders politiques.

Il est dit dans la Constitution que les partis politiques doivent participer à l’animation de la vie politique nationale. Mais, ils doivent savoir qu’ils sont les premiers bénéficiaires des suffrages des électeurs. C’est pourquoi, ils doivent sensibiliser les Burkinabè pour qu’ils prennent leurs cartes d’électeurs et aillent voter effectivement en octobre prochain. Dans ce sens, et au regard de la nature de cette présidentielle où les jeux sont ouverts, les leaders politiques doivent élever le niveau de la campagne électorale afin qu’elle soit la plus républicaine possible. Dans ce Burkina post-insurrectionnel à l’équilibre fragile, la responsabilité des leaders politiques est fortement engagée. Le Faso, qui a toujours su garder jalousement son unité nationale et magnifier la tolérance religieuse, ne doit pas échouer cette fois-ci. Oui, la conquête du « Saint GRAAL » ne doit pas autoriser les politiciens à poser des actes immoraux, susceptibles d’opposer les Burkinabè entre eux en utilisant des références ethniques ou confessionnelles. Et c’est le moment d’attirer l’attention de tous les partis politiques avant que les choses sérieuses ne commencent, même si la précampagne est déjà là. Ils doivent donner l’exemple pour que sur le terrain, leurs lieutenants puissent véhiculer des discours de paix et de cohésion tout en acceptant la différence dans un esprit républicain. Dans ce sens, il faut féliciter le premier vice-président du MPP, Salif Diallo qui, lors de sa dernière tournée à l’Ouest, a confié aux militants de Bobo ceci : « Si quelqu’un vient dire de voter le MPP parce que je suis Yadéga ou musulman, chassez-le de la ville ». L’idéal aurait été un engagement solennel des leaders politiques à préserver l’unité nationale et à respecter les résultats des urnes. Mais, gageons que tous sauront raison garder…

 

Belko Kaboré


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