HomeA la unePRESIDENTIELLE AU PAYS DE KEREKOU : Le Bénin n’a pas droit à l’erreur  

PRESIDENTIELLE AU PAYS DE KEREKOU : Le Bénin n’a pas droit à l’erreur  


 

Trente-trois mousquetaires pour un fauteuil, ainsi peut-on dire de la présidentielle au pays de Mathieu Kérékou.  En effet, 33, c’est le nombre de candidats à la conquête du fauteuil présidentiel dans ce pays. Les Béninois devront choisir qui de ces prétendants, les aura séduits le plus avec son projet de société. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a du nouveau dans l’establishment politique béninois avec l’arrivée en force d’un nouveau personnel politique. Cette présidentielle est ouverte dans la mesure où le président sortant, Boni Yayi, entre-temps soupçonné de vouloir s’accrocher au pouvoir, n’est finalement pas candidat à sa propre succession. Certes, il soutient son Premier ministre, Lionnel Zinsou, candidat du camp présidentiel à ce scrutin. Mais le simple fait qu’il ne soit pas lui-même candidat, laisse plus de place au suspense.

Cette élection ne manque pas d’enjeux

Son poulain, Lionnel Zinsou, est l’un des favoris, même si sa candidature ne fait pas l’unanimité au sein de la majorité présidentielle. En effet, certains le considèrent comme un candidat parachuté, un candidat de la France. Mais le camp présidentiel a choisi de miser sur lui. Pour Boni Yayi et ses partisans, c’est assurément l’homme de la situation. Boni Yayi soutient cette candidature parce qu’il craint peut-être une éventuelle revanche de l’Homme d’affaires, Patrice Talon, autre candidat sérieux à ce scrutin. En effet, on sait que Patrice Talon a eu maille à partir avec le régime de Boni Yayi et a dû prendre la route de l’exil pour échapper à la fureur du pouvoir en place. Les choses se sont certes calmées depuis lors, mais il n’est pas exclu que Boni Yayi craigne le retour du bâton si d’aventure Talon qui « talonne » sérieusement, accède au pouvoir à la faveur de cette présidentielle. Pour Patrice Talon en particulier et, pour les opposants, en général, il est temps de tourner définitivement la page Boni Yayi. Ce qui ne saurait se faire, selon eux, avec l’accession au pouvoir du protégé de Boni Yayi qu’est Lionnel Zinsou. C’est dire que cette élection ne manque pas d’enjeux. Rien de plus normal. Les ténors de chaque camp y jouent au minimum la garantie de leur quiétude. Mais, l’essentiel est qu’il n’y ait pas de coups en dessous de la ceinture. Il faut qu’il y ait de la responsabilité et de la hauteur d’esprit. Il ne doit y avoir aucune place à la vengeance ni à la persécution, quel que soit le vainqueur du scrutin de dimanche prochain. A un tour ou à deux, pourvu que le choix des Béninois soit respecté. Cela dit, on peut déplorer la pléthore de candidats et les dysfonctionnements dans la distribution des cartes d’électeurs. Cette profusion de candidatures  est signe de la vitalité de la démocratie béninoise, certes. Mais, on a envie de se demander s’il peut y avoir autant de projets de société crédibles et différents que de candidats. La vérité, c’est que dans ce genre de situations, on se retrouve généralement avec des candidatures fantaisistes. Certains n’auraient-ils pas  été bien inspirés de se joindre à d’autres candidats ? En tout cas, la pratique des primaires comme ce qui se passe au Ghana et aux Etats-Unis d’Amérique, pour ne citer que ces exemples, doit inspirer les élites politiques des pays africains. Les retards dans la distribution des cartes d’électeurs aussi sont de nature à priver des citoyens de leur droit de vote et cela est une insuffisance du travail de la Commission électorale du Bénin.

La bonne réputation du Bénin, de pays démocratique est un label qui se doit d’être défendu

Mis à part ces quelques écueils, les Béninois ont de réels motifs d’être fiers de leur processus électoral en général et de leur démocratie en particulier. Le Bénin, c’est connu, a une belle réputation en matière de démocratie. Il a une tradition en matière d’organisation d’élections transparentes et calmes. Les lendemains d’élections sont généralement sans casses au pays de Kérékou, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays africains. Les institutions béninoises sont des plus solides. L’attitude de la Cour constitutionnelle qui a consisté à requérir l’expertise d’un conseil de médecins pour certifier l’exactitude de l’état de santé des candidats, là où dans d’autres pays, c’est une simple formalité, en dit long sur le sérieux qui anime les institutions de ce pays dans leur rôle de gardien de la démocratie et de l’Etat de droit. Comme le dit en substance une sagesse de chez nous, « la beauté d’une fête à venir se mesure à la qualité de ses préparatifs ». La campagne électorale s’étant globalement déroulée dans la paix, il y a de fortes chances que le scrutin se termine en beauté. En tout cas, le Bénin n’a pas droit à l’erreur. Sa bonne réputation de pays démocratique est un label qui se doit d’être défendu au-delà de toutes considérations égoïstes. Les candidats, leurs militants et sympathisants ne devront rien faire de nature à porter atteinte à cette renommée. Bien au contraire, ils doivent faire preuve d’élégance jusqu’au bout et se dire que quel que soit le vainqueur au sortir des urnes, c’est le Bénin qui gagne. Les institutions comme la Commission électorale et la Cour constitutionnelle également, doivent maintenir le cap. C’est, en tout cas, ce que les démocrates  sincères du continent attendent du Bénin dans cette élection présidentielle.

« Le Pays »


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