HomeA la unePRESIDENTIELLE FRANÇAISE : Et si l’Afrique s’en inspirait ?!  

PRESIDENTIELLE FRANÇAISE : Et si l’Afrique s’en inspirait ?!  


Les Français de l’extérieur et de la Métropole étaient appelés aux urnes hier, 23 avril 2017, pour le premier tour de l’élection présidentielle afin de choisir celui qui remplacera le président François Hollande au palais de l’Elysée. Il se profile un second tour qui opposera l’ex-ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, à la candidate du Front national, Marine Le Pen, le 7 mai prochain. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette présidentielle française est celle de toutes les incertitudes, pour ne pas dire de toutes les inquiétudes en raison d’un environnement sécuritaire rythmé par des attaques et attentats terroristes, par des scandales ayant éclaboussé des candidats et non des moindres, et par une fulgurante montée en puissance de l’extrême droite qui fait trembler les fondements même de la République bâtie sur des valeurs comme la tolérance et la cohésion sociale. Qu’à cela ne tienne, les Français sont allés, comme à leurs habitudes, accomplir leur devoir civique le plus calmement du monde, et même la qualification tant redoutée mais pourtant prévisible de l’extrême droite pour le second tour, n’a donné lieu à aucun débordement, en dehors des diatribes et autres propos particulièrement acerbes des partis rivaux contre Marine Le Pen, assortis d’appels au sursaut et à l’union sacrée autour de son challenger  Emmanuel Macron.

En France, la politique est un sacerdoce

Que cela se passe ainsi dans une démocratie plusieurs fois centenaire, n’a rien d’extraordinaire, car les mécanismes et les rouages pour y parvenir sont bien rôdés. En France et plus globalement dans cette partie du monde, la politique est un sacerdoce, et œuvrer pour le bien commun est, à quelques rares exceptions près, un serment inviolable pour ceux qui aspirent à diriger les autres. En un mot comme en mille, c’est une magistrale leçon d’humilité et de maturité politique que les Français ont encore une fois administrée au reste du monde, et particulièrement aux Africains, toujours à la traîne quand il s’agit d’appliquer les principes même les plus élémentaires de la démocratie, c’est-à-dire conquérir démocratiquement le pouvoir et le gérer dans l’intérêt du peuple. D’ailleurs, comment peut-il en être autrement dans ce continent gangréné par la pauvreté et la corruption, où n’importe quel margoulin se croit digne de commander aux autres, alors qu’il est incapable de se commander lui-même pour être digne. Avec la pléthore de candidats et les grands enjeux de ce scrutin où, chose inédite, le président sortant s’est lui-même sorti de la compétition, on pouvait s’attendre à des contestations puériles des résultats, à des recours en cascades, et à des auto- proclamations pleines de risques pour la paix sociale. De tout cela, il n’y a évidemment rien eu, puisque nous sommes en France où les hommes politiques tiennent plus à leur honneur qu’à leurs intérêts tube-digestivistes, et où les mécanismes de dévolution du pouvoir soigneusement mis en place, ne laissent aucune chance aux velléités frauduleuses ou contestataires de prospérer. Chapeau bas donc aux Nathalie Arthaud, Jean Luc Mélenchon, Benoit Hamon, François Fillon et à tous les autres qui ont respecté la tradition en reconnaissant illico presto leur défaite.

Les frontières de la bouffonnerie et de la « démocrature » sont en train de reculer

Nous, Africains, sommes d’autant plus admiratifs de cette hauteur d’esprit et de cette culture démocratique que chez nous, des roitelets bornés, qu’ils soient en treillis ou en jaquette, et même des ministres qui doivent leurs portefeuilles plus à leur aptitude à la reptation et à leur larbinisme qu’à leurs compétences à gérer le destin d’un peuple, auraient séquestré les candidats favoris, intimidé les membres de la commission électorale, tripatouillé à ciel ouvert les résultats sortis des urnes, avant de mettre fin au hold-up électoral en proférant des menaces contre les observateurs clairvoyants et avisés. Mais bonnes gens, essayons de comprendre ces parvenus qui ternissent un peu plus l’image du continent, sans pour autant les absoudre, car beaucoup d’entre eux sont arrivés aux affaires avec des revenus de misère et sur la base de promesses irréalistes et donc fallacieuses, tant et si bien qu’ils considèrent le pouvoir qu’ils sont censés avoir conquis grâce au peuple et dans l’intérêt du peuple, comme l’escabeau de leur grandeur et de leur mégalomanie. Conséquences, des guerres fratricides et des pillages systématiques des maigres ressources des pays africains, et ce sont toujours les pauvres populations qui trinquent, à cause justement de l’inconséquence et de l’irresponsabilité de certains de leurs fils. Heureusement qu’avec le réveil des sociétés civiles et la prise de conscience de la jeunesse africaine, les frontières de la bouffonnerie et de la « démocrature » sont en train de reculer et on espère bien que les pays africains atteindront un jour le niveau de démocratie que nous envions tous aujourd’hui, et que les Français ont construit, « année par année, anneau par anneau », pour reprendre le mot de Wilberforce. Espérons que le second tour sera une autre source d’inspiration pour nos hommes politiques, afin qu’élections ne riment plus jamais avec violences et déchirure sociale, comme cela est de coutume partout en Afrique, à l’exception notable du Botswana, du Ghana, du Cap vert et dans une certaine mesure, du Liberia.

« Le Pays »


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