HomeA la unePRESIDENTIELLE FRANCAISE : Les partis traditionnels victimes des aspirations au changement ?

PRESIDENTIELLE FRANCAISE : Les partis traditionnels victimes des aspirations au changement ?


A l’issue du premier tour de l’élection présidentielle française du 23 avril dernier, deux candidats sur les onze au départ, ont su tirer leur épingle du jeu. Il s’agit de Emmanuel Macron, candidat du mouvement « En Marche » qui dit ne se situer ni à gauche ni à droite, et de Marine Le Pen, l’égérie du Front national ou de l’extrême droite française. Le premier s’en est tiré avec un score de 23,75% des suffrages, pendant que la deuxième a obtenu  21,53% des votes. Le 7 mai prochain, les Français se rendront donc une fois de plus aux urnes pour départager ces deux candidats, dans un combat qui ne manquera pas de piquant, eu égard à la carrure des deux prétendants.

Ne pas vendre la peau de la candidate du FN avant de l’avoir battue dans les urnes

Si de prime abord, l’on peut être porté à croire que le pacte républicain, cette sorte d’entente tacite entre la gauche et la droite françaises en cas de second tour, risque de faire son effet en faveur de Macron, l’arrivée du FN, pour la seconde fois à l’élection présidentielle en France, recommande de ne pas vendre la peau de sa candidate avant de l’avoir battue dans les urnes, car cela est loin d’être l’effet du hasard. En effet, cela est symptomatique de la soif de changement des Français auprès de qui le discours de la vieille classe politique ne passe plus. Du reste, l’exemple de l’Oncle Sam avec la victoire inattendue de Donald Trump à la dernière présidentielle, est  suffisamment édifiant. Cela dit, le constat qui se dégage du premier tour du scrutin présidentiel français,  est l’échec des candidats des deux grandes tendances traditionnelles, la droite républicaine et la gauche socialiste qui ont rythmé la vie politique de ces cinq dernières décennies dans l’Hexagone. Benoit Hamon de la Gauche, qui a battu l’ex-Premier ministre Manuel Valls au second tour des primaires, n’a pu obtenir mieux que 6,3% des suffrages le 23 avril dernier,  et a été largement largué par ses adversaires. Le président sortant, François Hollande, qui n’a jamais été logé à bonne enseigne dans les sondages, ayant préféré jeter l’éponge en se déclarant non partant. De l’autre côté, à droite, son challenger de 2012, Nicolas Sarkozy, n’a pas eu la même sagesse et s’est fait humilier aux primaires en ne franchissant même pas le premier tour. C’est François Fillon qui damera le pion à Alain Juppé, au second tour de ces primaires, avant de voir sa campagne plombée par ses déboires judiciaires qui ont fortement entamé sa crédibilité auprès de ses compatriotes, même au sein de sa propre famille politique où des voix s’étaient élevées en vain pour lui demander de se retirer. Ses 19,9% de votes récoltés le dimanche dernier, n’ont pas été suffisants pour le propulser au second tour. C’est pourquoi il y a lieu de croire que les guéguerres au sein de ces deux grands partis ont profité à leurs adversaires. C’est certainement ce qui pourrait justifier les résultats que l’on connaît maintenant. Est-ce un signe des temps ou la fin d’une époque ?  Peut-être faudra-t-il attendre les législatives pour être davantage situé. Toutefois, cela n’empêche pas de se poser des questions sur cette perte de vitesse manifeste de ces partis politiques traditionnels, notamment pour savoir s’ils n’ont pas été victimes des aspirations au changement des Français.

La jeunesse africaine saura se fixer des repères  pour prendre ses responsabilités

Cela, on peut le croire. D’autant qu’en plus de traîner de nombreuses casseroles comme l’on a pu le découvrir avec les révélations fracassantes durant la campagne, la vieille classe politique ne semble plus avoir le discours qui rassure les Français. Et leurs modèles idéologiques, s’ils ne sont pas obsolètes, désuets, semblent avoir besoin de mieux s’adapter au contexte mondial actuel, caractérisé par une situation économique difficile et la montée en flèche de l’extrémisme religieux. En tout état de cause, que ce soit Emmanuel Macron qui semble incarner le renouveau ou Marine Le Pen dont le parti n’a jamais géré le pouvoir d’Etat, ce sont deux visions en rupture avec les idéaux de ces partis traditionnels, même si les socialistes se reconnaissent peu ou prou dans le candidat de « En Marche ». Et s’il s’avérait que cette recomposition de la scène politique française était la résultante de la soif de changement des Français, cela devrait inspirer l’Afrique où de vieux partis politiques, comme le PCT (Parti congolais du travail) de Denis Sassou Nguesso au Congo, le RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) de Paul Biya au Cameroun ou encore le MPLA (Mouvement populaire de libération de l’Angola) de José Eduardo dos Santos pour ne citer que ceux-là, ont confisqué le pouvoir depuis des décennies, prenant pratiquement en otage la vie politique nationale sans aucune perspective crédible d’avenir pour la jeunesse. Et l’on espère que, tirant leçon de cette élection présidentielle française, la jeunesse africaine saura se fixer des repères  pour prendre ses responsabilités. Car, tout comme la France, l’Afrique a aussi besoin d’hommes neufs, tant les vieux dinosaures ont suffisamment prouvé qu’ils ont les mains sales et qu’à ce titre, ils ne sauraient répondre aux fortes aspirations des peuples, encore moins être la solution aux maux qui minent le continent. Le changement est donc possible,  il suffit d’y croire.

« Le Pays »


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