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PRESIDENTIELLE MALGACHE


 Vers un renouveau démocratique ?

Trente-cinq candidats pour un fauteuil. Telle se présente la configuration du premier tour de la présidentielle malgache de ce 7 novembre 2018, qui voit trois anciens chefs d’Etat jauger leur popularité dans les urnes aux côtés de trente-deux autres candidats dont certains sont ni plus ni moins que d’illustres inconnus du grand public. Si cette flopée de candidatures peut être vue comme un signe de vitalité démocratique, il n’en demeure pas moins que cette pléthore de postulants, à Madagascar comme partout ailleurs sous nos tropiques, fait quelque peu vilain, tant on se pose des questions sur le sérieux de certaines candidatures. Cependant, on peut tout de même saluer le déroulement de la campagne qui s’est globalement bien passée, dans la mesure où l’on n’a pratiquement pas entendu parler de scènes de violences majeures qui auraient pu faire craindre le pire pour la tenue du scrutin.

Les trois anciens chefs de l’Etat semblent être de loin les grands favoris

C’est le lieu donc d’encourager les Malgaches à faire montre du même esprit de fair-play pendant et après le scrutin, pour ne pas écorner l’image d’élégance démocratique qu’ils ont renvoyée au reste du monde suite à la démission, deux mois avant le scrutin, du président en exercice pour se mettre sur un pied d’égalité avec les autres concurrents. Cela est un exemple qui mérite de faire tache d’huile sur le continent, tant il est souvent difficile,  sous nos tropiques, de faire le distinguo entre le postulant au fauteuil présidentiel et le chef de l’Etat quand ce dernier est  candidat à sa propre succession. Un mélange de genres savamment orchestré, qui n’est rien moins qu’une prime au sortant qui ne se fait généralement pas prier pour mettre en branle les moyens humains et matériels de la machine administrative de l’Etat à son profit.

Cela dit, avec cette trentaine de candidatures et les nouvelles figures qui briguent la magistrature suprême sur la Grande île, va-t-on vers un renouveau démocratique avec un redessinement de la classe politique ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, sans vendre la peau des autres candidats avant de les avoir battus dans les urnes, de cette multitude de concurrents aux colorations différentes, les trois anciens chefs de l’Etat que sont Hery Rajao le sortant,  Andry Rajoelina dit TGV et Marc Ravalomanana, semblent être de loin les grands favoris. Et c’est en toute logique qu’ils sont aussi ceux-là qui se sont le plus investis dans la campagne. Mais il en va quelques fois en politique comme au sport où l’on n’est jamais totalement à l’abri d’une surprise. A ce propos, le cas gambien avec la victoire, à la surprise générale, de Adama Barrow sur le fantasque Yahya Jammeh à la présidentielle de décembre 2016, est assez éloquent.

Ceci étant, la grande question reste celle de l’accueil que les Malgaches vont réserver à ce scrutin et précisément celle de savoir si le taux de participation sera à la hauteur des attentes. Car, même sans le dire, il y a comme une désaffection des populations vis-à-vis de la classe politique qui a suffisamment fait la preuve de son incapacité à répondre aux aspirations du peuple malgache dont la majorité continue de croupir dans la misère.

Le peuple malgache a besoin d’un homme providentiel

Sans oublier les rivalités politiques à la limite de la haine, les lubies de certains dirigeants et autres guerres de tranchées qui ont négativement impacté la marche de la République. Et si ce sont les mêmes vieilles têtes qui reviennent avec leurs inimitiés connues, l’on en vient à se demander quel effet cela pourrait avoir sur le quotidien des Malgaches.

En tout état de cause, l’élection d’un président marque toujours un tournant dans la vie d’une nation. Et il est temps, pour les hommes politiques de la Grande île, de penser véritablement au peuple et de songer à faire sortir le pays du cercle vicieux des crises à répétition pour penser développement. C’est pourquoi, plus qu’une simple formalité constitutionnelle, ce choix du futur guide de la nation est crucial. Car, si Madagascar a visiblement besoin de sang neuf, d’une nouvelle classe politique, tout porte à croire que le peuple malgache, lui, a besoin d’un homme providentiel. Cet homme sortira-t-il des urnes à l’issue du scrutin de ce 7 novembre ? On attend de voir. Mais d’ores et déjà, il faut souhaiter que cette consultation populaire se déroule dans le calme. Car la Grande île a plus d’une fois montré à la face du monde,  qu’elle est un pays où les violences politiques  ont pignon sur rue, avec une Grande muette qui s’invite régulièrement au débat politique mais qui a souvent eu du mal à rester dans son rôle d’arbitre. C’est pourquoi il faut souhaiter que la commission électorale s’entoure de toutes les précautions de transparence pour que les résultats soient acceptés de tous. Car, cela n’est pas gagné d’avance, dans un scrutin où rivalise une triplette d’anciens chefs d’Etat qui croient tous en leurs chances de revenir au devant de la scène, qui plus est, avec l’onction de leurs compatriotes. En tous les cas, Madagascar n’a pas besoin d’une crise postélectorale supplémentaire.

 « Le Pays » 


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