HomeA la unePRESIDENTIELLE NIGERIANE : Le Nigeria au carrefour de son destin

PRESIDENTIELLE NIGERIANE : Le Nigeria au carrefour de son destin


Initialement prévues pour le 14 février dernier, c’est, en principe, demain 28 mars 2015, qu’auront lieu la présidentielle et les législatives au Nigeria. Contexte d’insécurité oblige, le président Goodluck Jonathan a ordonné, le 23 mars dernier, la fermeture des frontières terrestres et maritimes, afin, dit-il, de « permettre le déroulement pacifique des élections ». Et ce n’est pas tout. Le chef de la police nigériane a interdit à tous les véhicules de circuler le jour des élections, et ce, entre 8h et 17h, sauf ceux qui seront utilisés pour des « missions essentielles ». « Il vaut mieux prévenir que guérir », conseille l’adage. Ce d’autant que le groupe islamiste Boko Haram, qui mène une insurrection sanglante depuis 2009 dans le Nord-Est du Nigeria, a menacé de perturber la tenue de ces élections tant attendues. Pour qui connaît la bravade dont font montre Abubakar Shekau et sa bande, une telle menace est à prendre au sérieux, tant ils sont imprévisibles et capables du pire. Ils ont  déjà annoncé la couleur il y  a dix jours de cela, en enlevant 400 femmes et enfants à Damasak, du nom de cette ville reconquise par les forces de la coalition et qui, à cause de l’inertie de l’armée nigériane, a été reprise par les islamistes. Peu avant ce rapt spectaculaire, ce sont des dizaines de civils qui y ont été massacrés. Si fait que l’on se demande si le président Goodluck Jonathan contrôle encore la situation.  Car, c’est au moment même où le chef de l’Etat tente de rassurer ses compatriotes que Boko Haram se signale, frappant comme toujours là où on l’attend le moins. En tout cas, hormis la reconquête de certaines localités par les forces tchadiennes et nigériennes, le report des élections de six semaines n’aura servi à rien.

Les populations du Nord pourraient ne pas se reconnaître en Goodluck Jonathan

D’autant que le président Goodluck Jonathan, depuis sa dernière mésaventure à Gombé, n’a pas eu l’audace de repartir dans le Nord de son pays pour battre campagne, encore moins son principal challenger, Muhammadu Buhari, qui est pourtant un natif de la zone. Cela dit, dans un pays comme le Nigeria où les antagonismes politiques confinent parfois aux rivalités ethnico-religieuses, il y a fort à parier que le président Jonathan, même ayant perdu le Nord, au propre comme au figuré, sera réélu. Même s’il reste aussi évident que ces élections connaîtront le plus grand taux d’abstention jamais enregistré dans l’histoire du Nigeria. Combien sont-ils les Nigérians qui accepteront d’aller « urner » contre leur vie, tant l’insécurité est palpable ? Qui sait de quoi sera fait demain, dans un pays où l’armée a  montré toutes ses insuffisances face à l’adversaire ? Autant de questions que l’on peut se poser et qui font craindre le pire : le risque d’une crise postélectorale. En effet, ne pouvant pas voter du fait de l’insécurité, les populations du Nord pourraient ne pas se reconnaître en Goodluck Jonathan dont la victoire paraît, pour le moins évidente.

On se rappelle d’ailleurs que sa victoire contre Buhari, en 2011, avait été vivement contestée, et avait, au bas mot, laissé près de 1000 macchabées sur le carreau. C’est dire qu’avec ces élections qui s’annoncent, le Nigeria est au carrefour de son destin. A lui donc de savoir choisir la bonne voie, s’il ne veut pas se retrouver dans un précipice affreux. Cela d’autant qu’en sa qualité de première puissance économique du continent, il se doit de donner le bon exemple.

 

Boundi OUOBA


Comments
  • webmaster et responsable de lepays, tapez: http://www.lepays.bf
    Vous verrez qu une erreur apparait. Je ne sais pas si vous etes au courant car ca dure depuis des mois.
    seul : lepays.bf permet d acceder a votre site, ce qui n est pas normal.

    29 mars 2015

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