HomeA la unePRESIDENTIELLE TOGOLAISE : Faure entendra-t-il l’appel d’Amnesty international ?

PRESIDENTIELLE TOGOLAISE : Faure entendra-t-il l’appel d’Amnesty international ?


Dans deux jours, plus exactement le samedi prochain, les Togolais se rendront aux urnes pour élire leur président. Mais avant que les cinq candidats en lice ne se lancent dans l’arène pour le premier et unique round, le scrutin étant à un seul tour, de gros nuages s’amoncèlent dans le ciel togolais. En effet, le président Faure Gnassingbé a récemment averti l’opposition qu’il ne tolérerait pas la pagaille, à l’issue du scrutin. Or, cette dernière ne fait plus mystère de sa volonté de manifester contre d’éventuelles fraudes électorales. Déjà, les 4 concurrents de Faure à savoir, Jean Pierre Fabre, Mohamed Tchassona Traoré, Aimé Gogué et Gerry Komandega Taama ont contesté devant le président de la CEDEAO, John Dramani Mahama, le mode de transmission des résultats du scrutin du 25 avril. Pour éviter le grand ouragan qui s’annonce, Amnesty international a mis en garde le régime de Faure Gnassingbé contre  un éventuel usage excessif de la force contre des manifestants qui viendraient à contester les résultats des prochaines élections.  Et si elle éprouve la nécessité de tirer la sonnette d’alarme,  c’est que de récents faits de barbarie parlent contre le régime togolais. En effet, dans son rapport annuel, l’organisation internationale accuse l’armée togolaise d’avoir tiré à balles réelles sur des manifestants en fin mars. Elle appelle les autorités  « à garantir le respect de la liberté de réunion et la liberté d’expression ».

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette sortie vient à point nommé. Car, faut-il le souligner, les périodes électorales ont toujours constitué des moments de grande tension au Togo. Et comme l’adage le dit, « mieux vaut prévenir que guérir ».

En interpellant le pouvoir Gnassingbé, Amnesty international fait dans la prévention. Et cela est à son honneur. Face à un pouvoir qui s’est souvent illustré par l’argument de la force plutôt que par la force de l’argument, il vaut mieux agir pendant qu’il est encore temps. On se souvient de la présidentielle de 2005, qui a été émaillée de graves violations des droits de l’Homme. Comme l’adage le dit, « chassez le naturel, il revient au galop ».

Il est temps que la classe politique togolaise travaille à vaincre le signe indien

Amnesty international vient donc de donner de la voix. Pour autant, Faure entendra-t-il son appel ?  Il faut l’espérer.  Jusque-là, en tout cas, la campagne présidentielle s’est déroulée dans un climat apaisé. Les candidats ont relativement fait preuve de sagesse en évitant de tenir des propos haineux, xénophobes et autres diatribes de nature à mettre le pays en péril. Cette ambiance doit être maintenue.  Et puis,  le président Faure a-t-il vraiment besoin de bander les muscles contre ses challengers qui lui ont ouvert un boulevard en allant à cette élection en rangs dispersés ?  L’opposition n’ayant pas pu désigner un seul candidat pour l’affronter, Faure est  quasi assuré de remporter ce scrutin.

En travaillant à réveiller de vieux démons de la violence qui mettraient le Togo sens dessus dessous, le président sortant ternirait une victoire qui lui sourit déjà.

Il n’empêche, il devrait prêter une oreille attentive à la sortie d’Amnesty international. Et surtout donner des gages. Pour ce faire, il devrait adresser un message clair et sans équivoque à tous ses partisans, aux nombreux zélateurs ainsi qu’aux forces de sécurité qui  se préparent déjà à l’usage de la force.

En attendant, croisons les doigts et prions pour que l’élection se déroule dans le calme et la quiétude. Le Togo a longtemps souffert des violences électorales et il serait dommage qu’après tant d’années, il ne puisse pas corriger les erreurs du passé. Il est temps que la classe politique togolaise, surtout le pouvoir en place, travaille à vaincre le signe indien. Le fait d’accepter de prolonger de 10 jours le délai du scrutin afin de permettre le toilettage du fichier électoral qui a longtemps fait l’objet de contestation, traduit une bonne disposition  d’esprit à rompre avec le passé. Mais ce seul fait ne saurait suffire. Le pouvoir togolais devrait montrer au reste du monde qu’il a résolument tourné le dos aux sombres pratiques du passé.

Dabadi ZOUMBARA     


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