HomeA la unePRESIDENTS GUINEEN, LIBERIEN ET SIERRA-LEONAIS A WASHINGTON : Appel à l’aide d’accord, mais bonne gouvernance d’abord

PRESIDENTS GUINEEN, LIBERIEN ET SIERRA-LEONAIS A WASHINGTON : Appel à l’aide d’accord, mais bonne gouvernance d’abord


Terrassée et agonisante, Ebola continue de faire courir les dirigeants libérien, guinéen et sierra léonais. En effet, après la Belgique où ils ont demandé de l’aide auprès de partenaires dont l’Union européenne, les présidents Alpha Condé, Ellen Johnson Sirleaf et Ernest Baï Koroma ont déposé leurs valises le 15 avril dernier à Washington. Objectif, solliciter l’aide du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) pour redresser leur économie durement éprouvée par le virus Ebola. Les trois présidents ont, du reste, été reçus par le locataire de la Maison Blanche, Barack Obama. Tout en louant les progrès enregistrés, ce dernier a lancé un appel à la vigilance et a souligné la nécessité pour la communauté internationale de poursuivre son partenariat avec les trois pays touchés, afin de vaincre définitivement la maladie. De prime abord, le combat des trois mousquetaires est salutaire car, on le sait, Ebola a ruiné humainement et économiquement leurs pays en tuant plus de 9 000 personnes. Et jusque-là, on ne peut pas dire que le mal est vaincu, car il y a toujours des poches de résistance. Pour preuve, en dehors du Libéria où on a noté 0 cas la semaine dernière, la Guinée et la Sierra-Léone ont recensé dans cette même période, un total de 40 cas. Ce qui montre que la maladie a certes perdu du terrain au grand bonheur des populations qui ne savaient plus à quel saint se vouer, mais qu’elle  peut toujours endeuiller des familles. D’ailleurs, avec la récente reprise des cours dans les établissements scolaires de certains pays touchés comme le Libéria, il y a lieu de mettre les bouchées doubles afin d’éviter une résurgence de la maladie. Pour combattre un mal aussi contagieux et ravageur qu’Ebola, il vaut mieux pécher par excès de prudence que par excès de confiance.

En Afrique, ce ne sont pas les aides qui manquent, mais plutôt la transparence dans la gestion

Du reste, Ebola a prouvé que les trois pays avaient eu tort de déclarer l’avoir vaincue. Et comme un adage le dit, un homme prévenu en vaut deux. Sans nul doute que c’est au regard de cette erreur que les présidents Condé, Koroma et Sirleaf veulent s’armer davantage afin de porter l’estocade à ce mal qui aura semé la plus grande terreur en Afrique noire, au cours des cinq dernières années.  Aller donc à la conquête des moyens pour débarrasser les populations d’une telle calamité, ne saurait être condamnable. Du reste, ce voyage de plaidoyer des trois présidents aux Etats-Unis pourrait aussi être perçu comme un témoignage de leur gratitude à l’égard de ce pays, pour les efforts qu’il a consentis dans la lutte contre Ebola. Car, faut-il le souligner, le pays de l’Oncle Sam a envoyé du matériel et ses fils et filles au Libéria dont certains ont péri les armes à la main, sur le terrain de combat, contre la fièvre rouge. Reconnaître ce sacrifice et le louer à sa juste valeur tout en demandant plus de moyens pour venir à bout d’un ennemi aussi redoutable, ne saurait être une mauvaise chose. Seulement, on se demande si l’aide éventuelle  qui viendra après ce plaidoyer sera utilisée à bon escient. En effet, l’Afrique est notoirement connue  pour être le continent où les détournements de fonds s’opèrent de jour comme de nuit, en toute impunité. Et les exemples foisonnent. Sous l’ère ATT (Amadou Toumani Touré), pour ne citer que ce seul cas, des fonds colossaux obtenus auprès des partenaires pour lutter contre le SIDA, ont plutôt servi à construire des villas cossues, à faire pousser  des bedaines et à acheter des véhicules de luxe au grand dam des malades du Sida. C’est dire qu’il y a des craintes que l’aide qui sera accordée aux trois pays soit détournée à d’autres fins. Cette crainte est d’autant plus justifiée qu’il y aura bientôt des élections dans ces pays. Et quand on sait qu’en Afrique, les dirigeants n’éprouvent aucune gêne à utiliser les moyens de l’Etat pour se faire élire, rien ne garantit que les trois présidents se comporteront autrement, si d’aventure ils obtenaient l’aide qu’ils demandent. En vérité, en Afrique, ce ne sont pas les aides qui manquent, mais plutôt la transparence dans la gestion. C’est pourquoi il est bon de rappeler aux trois chefs d’Etat qui tendent la sébile à l’Amérique, que le plus important n’est pas d’obtenir de l’aide mais de savoir la gérer. Appel à l’aide d’accord, mais bonne gouvernance d’abord. En tout cas, il faut souhaiter que l’aide qui sera obtenue serve à redresser l’économie et à améliorer les plateaux techniques de ces pays pour éradiquer définitivement Ebola.

Dabadi ZOUMBARA      


Comments
  • toujours en train de quêter de l’argent pour tout (manger, boire, dormir, se soigner, s’éduquer). On dirait des enfants à qui on donne chaque jour de l’argent pour la récréation. Soit on est un pays ou on ne l’est pas. Les pays qui ne sont pas en mesure d’assurer les besoins fondamentaux de leur population doivent être placés sous tutelle car pas encore majeur ou indépendant.

    20 avril 2015

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