HomeA la unePROBABLE INTERVENTION DES OCCIDENTAUX EN LIBYE :Ne pas répéter les erreurs du passé

PROBABLE INTERVENTION DES OCCIDENTAUX EN LIBYE :Ne pas répéter les erreurs du passé


 

« Il n’est jamais tard pour bien faire », dit-on. La France a émis l’idée de revenir au chevet de la Libye. C’est une prise de conscience à saluer à sa juste valeur. Il est notoire, en effet, qu’après l’intervention militaire occidentale qui a conduit à la chute du régime de Mouammar Kadhafi, le « service après-vente », comme on le dit, n’a pas été assuré. La suite, on la connaît. La Libye aujourd’hui, n’est plus vraiment un Etat digne de ce nom. Les milices font la loi et ce qui est censé servir de gouvernement ne l’est que de nom. C’est connu. La Libye est devenue une sorte de bateau sans gouvernail. Dans ces conditions, continuer à assister à ce spectacle de désolation constitue pour tous ceux qui ont quelque moyen d’y mettre un terme ou du moins de le réduire à sa plus simple expression, une forme de non-assistance à peuple et à pays en danger.  

 

Il faut que la communauté internationale cesse de fermer les yeux sur l’hécatombe libyenne

 

Le débat de savoir s’il faut une solution militaire ou plutôt une solution politique au cas de la Libye, ne vaut pas vraiment la peine d’être mené. En effet, toutes ces deux solutions s’imposent. Aucune des deux ne saurait prospérer sans l’autre. La solution militaire est indispensable au succès de la solution politique et vice-versa. Le principal problème en ce qui concerne l’aspect politique, réside dans la difficulté pour ne pas dire l’impossibilité de faire entendre raison aux islamistes. On imagine mal les miliciens participer à un dialogue constructif et faire des concessions qui les priveraient du privilège de régner en maîtres absolus sur des zones entières du pays, et d’en exploiter les ressources naturelles à leur guise. Sans oublier le fait qu’il n’existe pas d’autorités suffisamment stables sur lesquelles s’appuyer pour organiser d’éventuels pourparlers inter-libyens. Pour contraindre les miliciens à se mettre sur la bonne voie ou les mettre hors d’état de nuire, il est évident qu’il faudra user de la force. Et à cet effet, une opération militaire internationale, avec des troupes au sol, ne serait pas de trop. Bien au contraire. En dépit des difficultés évidentes liées à l’absence d’une armée libyenne et d’un gouvernement conséquent sur lesquels s’appuyer, il y a lieu de trouver les moyens de mener cette opération.

Mais la solution militaire uniquement a aussi ses limites. Il est certes facile de bombarder, surtout aveuglément, des positions identifiées comme étant celles de groupes ennemis. Mais, cela ne suffit pas à ramener la paix. C’est du reste ce que nous enseigne la campagne militaire menée à l’époque par Sarkozy et compagnies contre le Guide et qui n’a pas été accompagnée ou suivie d’actions politiques durables, de réorganisation du pays. La Libye  a été abandonnée à elle-même par la communauté internationale, après la chute de Kadhafi. La donne doit être tout autre cette fois-ci.

Il ne faudra surtout pas répéter les erreurs du passé. Ainsi, il importe, pour commencer, que l’ « opération sauvetage » de la Libye ne soit pas l’affaire de la France seule. En effet, il faut que le reste de la communauté internationale se réveille et cesse de fermer les yeux sur l’hécatombe libyenne. Si elle laisse la France seule s’engager dans ce combat, on peut parier que ce sera plus ou moins un échec au bout et probablement la deuxième erreur des Nations unies, la première ayant été de croire que le problème libyen était réglé du fait de la seule chute du régime Kadhafi.

 

Aucun effort n’est de trop pour sortir la Libye du bourbier

 

La coalition qui s’organise contre l’Etat Islamique (EI) en Irak et probablement en Syrie, devrait donc prolonger son bras pour frapper les islamistes qui écument le territoire libyen. Sinon, les « illuminés » qui seront chassés de l’Irak et de la Syrie trouveront en cette Libye un repaire idéal. Et comme on le sait si bien, à partir de cette base libyenne, ces terroristes pourront tranquillement s’entraîner et aller à l’assaut de bien des cibles à travers le monde. Il sied donc d’intégrer la Libye dans cet agenda international de lutte sans pitié contre le jihadisme dont l’EI est devenu la figure de proue.

Aussi la communauté internationale, surtout l’Occident, doit-elle faire preuve de fermeté et de diligence pour ne pas laisser la situation pourrir davantage en Libye. Rappelons qu’en Syrie, c’est ce manque de courage et de fermeté des Occidentaux pour s’attaquer à Bachar el Assad afin de mettre fin au chaos ambiant, qui a fait traîner en longueur le conflit et créer un terreau fertile à des groupes extrémistes qui ont vite fait de damer le pion aux rebelles modérés. On peut comprendre cette attitude des Occidentaux qui a consisté à laisser pourrir la situation en Libye pour avoir l’adhésion du monde musulman à toute intervention armée, au regard des excès des islamistes et de la déliquescence subséquente de l’Etat libyen. Mais, on ne doit pas continuer à jouer ainsi avec le feu. Surtout que le chaos en Libye, comme au Moyen-Orient, met directement et immédiatement en danger bien des intérêts, surtout occidentaux dans ces zones.

En tout cas, il faudra opérer un savant dosage, une juste combinaison de la solution militaire et politique pour aider les autorités officielles de la Libye à rétablir l’Etat et à le rendre viable. Et l’ampleur du problème nécessite que tout le monde mette la main à la pâte. Il faut, par conséquent, espérer que cette fois-ci, les pays arabes, au regard de leurs connexions plus ou moins connues avec ce pays et certains des groupes qui se disputent le contrôle des richesses, seront associés comme il se doit dans cette quête de solution pérenne en Libye. En ce qui la concerne, il faudra croiser les doigts pour que l’Afrique ne se cantonne plus encore au rôle de pitoyable spectateur. Elle devra prendre une part active aux efforts de la large coalition internationale. Car, aucun effort n’est de trop pour sortir la Libye du bourbier dans lequel elle se débat et qui ne saurait manquer d’éclabousser le reste du monde.

 

« Le Pays »

 


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