HomeA la unePROBLEMES DOMESTIQUES EN COTE D’IVOIRE :Que peut-on attendre de François Hollande ?

PROBLEMES DOMESTIQUES EN COTE D’IVOIRE :Que peut-on attendre de François Hollande ?


 

Les Ivoiriens ont semblé attendre beaucoup du Chef de l’Etat français qui a séjourné hier dans leur pays. Mais, François Hollande qui poursuit son voyage au Niger et au Tchad, a-t-il vraiment des solutions toutes faites à leurs problèmes ?

Les questions sécuritaires et la lutte contre le terrorisme figurent aux premiers rangs des priorités à l’origine du déplacement de François Hollande en Côte d’Ivoire, au Niger et au Tchad. Toutefois l’agenda ne saurait exclure les questions portant sur l’économie et la politique, au cœur des préoccupations en France. Paris voudrait profiter du redécollage de l’économie ivoirienne pour gagner de nouveaux marchés. D’où l’importante délégation de chefs d’entreprises qui devaient également participer à Abidjan à un forum sur la ville durable.

 

Il est possible que les échanges aient contribué à rapprocher les acteurs politiques ivoiriens

 

Outre le repositionnement des entreprises françaises en proie à une vive concurrence, il y a ce rituel adopté par le patron de l’Elysée : il échange avec le pouvoir, l’opposition et la société civile durant ses séjours en Afrique. Il l’avait fait précédemment en RD Congo. Rien d’étonnant donc si à Abidjan, chacun a cherché à « manger son piment dans sa bouche ». Il est vrai que la proximité du Parti socialiste français (PS) et du Front populaire ivoirien (FPI), pourrait aider à calmer le jeu. Malgré la brièveté du séjour, il est possible donc que les échanges avec François Hollande aient contribué à rapprocher les acteurs politiques ivoiriens. ADO pourrait alors être amené à trancher, au grand dam des faucons du camp présidentiel. Pour certains analystes, le chef de l’Etat français pourrait inciter ADO à aller dans le sens de l’assouplissement de certaines mesures. Mais il faut avancer. A Abidjan, l’on attend de l’opposition qu’elle prenne sa place dans le processus de réconciliation nationale aussi bien que dans celui de la démocratisation. La reconstruction de la Côte d’Ivoire n’attend pas.

Une fois encore, le « grand chef blanc » aura été sollicité pour la résolution de problèmes entre frères africains d’un même pays. En d’autres temps, ou sous d’autres cieux, cela aurait été interprété comme une forme d’intrusion dans les affaires intérieures d’un Etat souverain. Si naguère, cette intrusion « paternaliste » était systématiquement dénoncée, aujourd’hui, certaines élites semblent bien s’en accommoder. Pourquoi cette incapacité de nos élites à s’assumer ? Comme excédés par le manque de considération à leur endroit par les régnants, les opposants se laissent finalement prendre au jeu. Désormais, plus personne ne se surprend à les voir solliciter le toubab pour faire plier les pouvoirs sur certains sujets.

 

Le fait de consacrer une heure à l’ensemble des échanges montre qu’il a bien d’autres préoccupations

 

C’est un fait que l’ancienne puissance coloniale a de l’influence sur beaucoup de nos élites. Mais comment ne pas s’indigner ? D’une part, on verse dans la critique facile devant certains propos ou actes de l’Elysée. D’autre part, on n’hésite point à ramper vers le chef de l’exécutif français pour plaider sa cause. Serait-on devenu à ce point amnésique, ou tout simplement irresponsable ? La France politique, économique et sociale est au plus mal ces temps-ci. Son président, lui aussi, se trouve au plus bas des sondages. Tout espoir n’est peut-être pas perdu. Mais il va falloir cravacher dur, si l’actuel Chef de l’Etat français veut reconquérir les électeurs. Ses déplacements sur le continent ne s’effectuent donc pas pour les beaux yeux des Africains. François Hollande travaille pour lui-même et pour les intérêts de l’Etat français, lequel a beaucoup perdu dans ses chasses gardées. Comment donc ne pas être gêné quand des élites africaines s’agitent à l’occasion de telles visites ?

Dans le cas de la Côte d’Ivoire, certains de ses interlocuteurs ont des points d’intérêts communs : justice, droits humains et commission électorale indépendante. Jamais le manque de confiance et la mauvaise foi n’auront aidé les Ivoiriens à se retrouver .

Le fait de consacrer une heure à l’ensemble des échanges avec le pouvoir et les opposants ivoiriens par exemple, montre jusqu’à quel point l’homme d’Etat français a bien d’autres préoccupations ! N’appartient-il pas aux Africains eux-mêmes de s’efforcer à trouver des solutions à leurs propres problèmes ?

François Hollande prendra-t-il jamais ses hôtes au sérieux ? Venu pour repositionner la France et se sauver lui-même des eaux, il se voit sollicité à tout bout de champ. Comme un messie venu sauver les Africains de leurs propres turpitudes ! Est-il exagéré de dire qu’on attend un peu trop de lui ?

 

« Le Pays »

 


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