HomeA la unePROCES DE PRO-GBAGBO POUR « ATTROUPEMENT ILLEGAL » : De quoi a peur le régime ADO?

PROCES DE PRO-GBAGBO POUR « ATTROUPEMENT ILLEGAL » : De quoi a peur le régime ADO?


 

Il s’est ouvert, hier, à Abidjan, pour «attroupement non armé qui pourrait troubler la tranquillité publique», le procès de trois militants pro-Gbagbo. Leur crime est d’avoir organisé la collecte de signatures pour une pétition aux fins d’obtenir la libération de l’ex-président Laurent Gbagbo extradé et incarcéré à la Haye pour son rôle présumé dans les violences post-électorales de 2011. Dans un Etat de droit, la liberté de manifester est encadrée par des dispositions règlementaires et l’on pourrait a priori dire que les autorités ivoiriennes sont dans leurs prérogatives de veiller à ce que force reste à la loi. On pourrait même reprocher aux mis en cause, s’il est établi qu’ils ne se sont pas conformés aux prescriptions légales, d’avoir tendu au pouvoir une verge pour se faire flageller. Les anciens prêtent à la musaraigne bien consciente de sa nauséabonde odeur, la réflexion selon laquelle, elle dit se garder de fréquenter de jour, le marché, en raison du mépris que lui portent les hommes. Sachant donc que leur initiative serait vue d’un mauvais œil par le régime, ces militants acquis à la cause de l’ex-président, auraient dû s’entourer de toutes les précautions possibles. Cela dit, il est difficile de ne pas voir dans la présentation des trois activistes pro-Gbagbo devant le juge, un procès en sorcellerie. D’abord, parce que c’est un faux procès que l’on fait à ces jeunes qui ne sont que les exécutants d’un concept né de l’initiative de Bernard B. Dadié. Mais Dadié, dans les geôles d’Abidjan, serait un détenu bien encombrant pour le régime, non seulement en raison de son âge très avancé, mais aussi à cause de son statut qui en ferait de fait un prisonnier politique et d’opinion. Toute chose qui constituerait une mauvaise publicité pour le régime d’Alassane Dramane Ouattara (ADO) qui a déjà la sulfureuse réputation de procéder à une justice des vainqueurs. A défaut donc du géniteur de l’idée de la pétition, on fait payer ceux qui lui donnent forme.

Il faut craindre que le procès ne vienne dérailler le train de la réconciliation nationale

Ensuite, parce que ce procès paraît abusif et excessif de la part des autorités dans un Etat de droit où la liberté de manifester est garantie. L’Etat devrait plus que toute autre chose, se soucier d’encadrer ce mouvement pour éviter tout débordement préjudiciable à l’ordre public et laisser la Justice ivoirienne concentrer ses énergies sur les lourds dossiers sous lesquels elle croule. De quoi donc a peur le régime ADO? En réalité, le pouvoir d’ADO cache mal sa frilosité dans une atmosphère sociopolitique nationale délétère.  Cette frilosité qui occasionne de la publicité gratuite pour les pro-Gbagbo, peut être bien dommageable car, au-delà de la dérive répressive que prend le régime, les risques d’explosion violente s’accroissent du fait du cumul de la haine à force de musèlement  des populations. Il faut donc craindre que ce procès ne vienne augmenter la foultitude des obstacles qui peuvent faire dérailler le train de la réconciliation nationale. Et ADO devrait faire attention à ne pas offrir à l’opposition l’opportunité, par ce procès inutile, de récupérer le malaise social que traverse le pays en ce moment. Car, faut-il le rappeler, Yopougon où ont eu lieu les arrestations, est non seulement le fief de l’ex-président, mais aussi le foyer incandescent de toutes les revendications politiques et sociales de la Côte d’Ivoire.

SAHO


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