HomeA la unePROCES DE SIMONE GBAGBO : Baptême de feu pour la Justice ivoirienne

PROCES DE SIMONE GBAGBO : Baptême de feu pour la Justice ivoirienne


Après plus de deux mois de retard sur la date initialement prévue, le procès de Simone Gbagbo et son octantaine de co-accusés s’est officiellement ouvert le vendredi 26 décembre 2014, et s’est poursuivi  les 29 et 30 décembre derniers. Pour un procès attendu, c’en est un, au regard de la mobilisation de certains partisans de l’ex-première dame, venus au tribunal pour lui apporter leur soutien et de celle des proches de victimes qui se réjouissent de la voir à la barre, mais qui ne décolèrent pas que la question de « l’atteinte à la sûreté de l’Etat » ait été privilégiée dans la préséance des poursuites, au détriment des autres charges réduites de facto au second plan.

En refusant de transférer Simone Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI) qui veut la juger pour  « crimes contre l’humanité », les autorités ivoiriennes, qui jurent la main sur le cœur qu’elles peuvent la juger de façon équitable sur leur sol, seraient plus cohérentes si elles engageaient  au moins des poursuites de même nature contre elle. En tout cas, l’on se pose la question de savoir si l’option de « l’atteinte à la sûreté de l’état », qui est plus politique, n’est pas  une stratégie pour ne pas tout simplement charger lourdement Simone Gbabgo. Ce, d’autant plus qu’il était possible  de coupler les charges et d’engager une procédure unique contre la prévenue.

Quoi  qu’il en soit, après les procédures liminaires, l’on peut dire que c’est maintenant que les choses sérieuses commencent avec l’audition des premiers accusés. Et bien malin qui saurait prédire l’issue de ce procès qui est très attendu non seulement par les Ivoiriens, mais aussi par la communauté internationale. Car d’une certaine façon, ce procès est le prolongement de la profonde crise qui divise les Ivoiriens depuis plusieurs années maintenant, eux qui peinent à se réconcilier avec eux-mêmes et à tourner définitivement la douloureuse page de leur histoire récente.

La Justice ivoirienne n’a pas droit à l’erreur

Nul ne souhaite le retour des vieux démons en Eburnie. Et c’est en cela que ce procès est une grande épreuve pour la Justice ivoirienne. Plus que sa crédibilité, plus que la crédibilité et la dignité des autorités d’Abidjan, c’est la cohésion sociale et la stabilité même du pays, de façon durable, qui se joue. Car, quel que soit le verdict, il aura immanquablement des conséquences pour le pays. En effet, une relaxe de « la dame de fer » pourrait être vue comme une volonté politique de décrispation de la situation nationale, en même temps qu’elle irritera certainement bien des familles de victimes qui ne comprendront pas que justice ne leur soit pas rendue. Sans oublier l’effet psychologique du fait de la non prise en compte des autres chefs d’inculpation.

En tout cas, la justice ivoirienne joue gros. Et vu la cacophonie du départ, l’on se demande si elle était vraiment prête à ouvrir ce dossier, ou si elle l’a fait dans la précipitation et sous la pression, face à la CPI qui est en embuscade et sous le regard pesant des détracteurs. Si tel est le cas, ne risque-t-elle pas  de se faire piéger en cours de route? En tout état de cause, la Justice ivoirienne n’a pas droit à l’erreur. Aussi est-il impératif que ce procès réunisse toutes les conditions de transparence et d’équité et qu’il soit suivi convenablement par tous les Ivoiriens.

Au demeurant, les autorités auraient tort de ne pas communiquer suffisamment sur cette affaire, car ce procès intéresse au plus haut point les Ivoiriens, mais aussi la Communauté internationale. En manquant de le faire, elles pourraient le payer au prix fort. Elles seraient très mal inspirées de laisser le champ libre à l’adversaire sur ce plan communicationnel, lui qui ne manque aucune occasion de communiquer.  A l’épreuve du terrain, la justice ivoirienne qui connaît là son baptême de feu, sera-t-elle à la hauteur de son véritable premier défi  de l’ère ADO ? La balle est dans son camp.

 

Outélé KEITA


Comments
  • La justice ivoirienne a mal fait de ne pas transfere la dame de fer á la Haye car qelle que la decision elle serra contester

    31 décembre 2014

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