HomeA la unePROCES EN DIFFAMATION DU JOURNAL LE SPHINX AU MALI : Trois mois de prison requis avec sursis  

PROCES EN DIFFAMATION DU JOURNAL LE SPHINX AU MALI : Trois mois de prison requis avec sursis  


 

Après une première audience, le 30 mai dernier, le tribunal de grande instance de la commune III de Bamako a ouvert, hier mercredi 14 juin, le procès en diffamation intenté par le député malien Karim Kéïta, fils du président Ibrahim Boubacar Kéïta, contre l’hebdomadaire d’investigation Le Sphinx. A l’ouverture dudit procès, les avocats de la défense ont demandé la nullité de la poursuite en soulevant des exceptions sur le délai de poursuite. Le tribunal est passé outre et a décidé d’aller dans le fond du dossier. Toute chose qui a amené les défenseurs d’Adama Dramé, directeur de publication du journal, à claquer la porte. Le prévenu a dû assurer, seul, sa propre défense. Le procureur de la République a demandé aux juges de maintenir le journaliste dans les liens de  la prévention tout en requérant trois mois de prison avec sursis. Le plaignant, quant à lui, réclame 4 milliards de FCFA. Le verdict a été mis en délibéré pour le mardi 20 juin 2017. Il faut rappeler que le journaliste est poursuivi pour son article intitulé : « Les Hirondelles, rebaptisé hôtel Sefeto, vient d’être acheté par le nouveau nabab de Bamako, Karim Kéïta, à 4 milliards de francs CFA ».

Un honneur à laver qui coûte 4 milliards de F CFA

Sans prendre parti pour le confrère, l’on ne peut qu’être indigné par le caractère astronomique que le plaignant réclame pour laver son honneur. Car, non seulement on lit l’appétit financier gargantuesque du fils du président, mais aussi et surtout son intention à peine voilée de faire disparaître le journal du paysage médiatique malien. En effet, s’il n’avait voulu que laver son honneur, il se serait juste contenté de demander un franc symbolique ; toute chose qui l’aurait grandi aux yeux de l’opinion. Au-delà de Le Sphinx, c’est un avertissement qu’envoie le fils du président à tous les autres journaux de la place, qui seraient tentés par le malin plaisir de fouiner leur nez dans les affaires de la famille présidentielle, souvent évoquée dans les sales draps de la République. En attendant le verdict de ce procès qui devrait être sans surprise au Gondwana où la justice obéit aux ordres des princes, l’on peut déjà établir deux constats qui ne plaident pas en faveur du fils d’IBK.  Le premier est que déjà, de forts soupçons pesaient sur lui en sa qualité de président de la Commission Défense de l’Assemblée nationale, dans l’affaire des équipements de l’armée. Le second porte sur l’immixtion de la famille des présidents africains dans les affaires publiques. Karim Keïta aurait été un  citoyen Tartempion que l’opinion ne se serait point emballée de cette accusation de trafic d’influence et d’achat d’un immeuble à Bamako qui fait l’objet du procès. Même si l’on ne peut le tenir pour coupable, cette affaire vient rappeler les frasques des fils et frères de nombreux chefs d’Etats du continent impliqués dans des malversations financières. Pourvu que le droit soit dit.

Le Pays


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