HomeA la unePROCES DU PUTSCH MANQUE : La petite colère du caporal Seydou Lankoandé

PROCES DU PUTSCH MANQUE : La petite colère du caporal Seydou Lankoandé


La Chambre de première instance du Tribunal militaire de Ouagadougou continue d’entendre les présumés auteurs ou complices du coup d’Etat manqué de septembre 2015 au Burkina.   Le soldat de 1re  classe Placide Sow et le caporal Seydou Lankoandé étaient à leur tour, à la barre, le 20 août 2018.   Ils ont choisi de plaider non coupables. Ils estiment qu’ils ont tous exécuté des ordres militaires.

 

Le soldat de 1re  classe  Placide Sow et le caporal Seydou Lankoandé ont été entendus le 20 août 2018 à la salle des Banquets de Ouaga 2000, dans le cadre du putsch manqué de septembre 2015. Après les observations de l’avocat du soldat de 1re  classe, Placide Sow, Maître Orokia Ouattara, c’était au tour du caporal Seydou Lankoandé de s’expliquer devant la Chambre de première instance du Tribunal militaire de Ouagadougou. Il lui est reproché d’avoir aidé le Général Gilbert Diendéré pour la réussite de coups de force perpétré contre les autorités de la Transition en 2015, de s’être rendu coupable de meurtre et de coups et blessures volontaires.  L’intéressé a nié les faits. D’ailleurs, il a piqué une colère qui a amené le président de la Chambre de première instance du Tribunal militaire de Ouagadougou, Seidou Ouédraogo, à suspendre la séance afin de permettre à l’avocat de l’accusé de s’entretenir avec son client.     Dans la matinée du 16 septembre 2015, se souvient le Caporal Seydou Lankoandé, comme d’habitude, j’étais au camp à la séance de sport. « Cette présence est obligatoire parce que je suis un moniteur de sport », précise-t-il. Dans l’après-midi, à 15h, a poursuivi l’ex-soldat du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), il était toujours au camp parce qu’il devait préparer un match de volleyball.  Au moment où il tenait ses balles d’entraînement, son supérieur hiérarchique lui a intimé l’ordre d’aller se mettre en tenue militaire parce qu’il y avait un rassemblement. Ce qu’il a fait. Une fois au rassemblement, il apprendra par la suite que le quartier est consigné.   Le lendemain, soit le 17 septembre 2015, il a encore pris part au rassemblement à 7h avant d’aller rester devant son bureau. Là, le sergent Martial Zoubelé   Ouédraogo lui a demandé de l’accompagner en ville à moto.  Avant d’y aller, le soldat dit avoir demandé l’autorisation à son supérieur qui n’a pas trouvé d’inconvénient si toutefois le soldat lui-même le voulait. C’est ainsi que les militaires ont enfourché la moto pour se rendre ville. Arrivés à  la place  de la Nation, ils ont vu des véhicules appartenant au RSP.  Sans s’arrêter, ils ont fait le tour de cette mythique place avant de se diriger vers le lycée Marien N’Gouabi. Là, ils ont vu une foule hostile qui lançait des   pierres dans leur direction. Pour les disperser, il a fouetté l’un des manifestants qui voulait traverser la route. «Je reconnais que je l’ai frappé involontairement», a-t-il dit.  « C’est tout ce que vous avez fait ce jour-là ? », interroge le Juge Seidou Ouédraogo. Dans l’après-midi, à l’issue du rassemblement, lui et certains de ses frères d’armes ont été désignés pour une mission. Pour y aller, ils ont tous été invités à porter la tenue militaire   terre du Burkina, en lieu et place de la tenue léopard du RSP.  Comme je n’avais pas la tenue terre du Burkina, je suis allé  en demander à un ami.  « Quelle direction aviez-vous  prise ? », a demandé le président de la Chambre de première instance du Tribunal militaire de Ouagadougou, Seidou Ouédraogo. « Nous sommes allés à Cinkansé, à la frontière entre le Burkina et le Togo ». «Quand nous sommes revenus, le chef de mission a dit : vous êtes libres d’aller vous débarbouiller».   Je suis allé à la maison pour juste me laver et revenir.   « Avez-vous traversé la frontière ? », a repris le juge Seidou Ouédraogo.  « Non », répond le Caporal. « Qui était votre chef  de mission ? » « Le lieutenant Boureima Zagré. » Après les questions du tribunal, ce fut au tour du parquet d’interroger le prévenu. « A quel moment avez-vous appris que les autorités de la Transition étaient arrêtées ? », interroge le Parquet. A la télévision, confie le caporal Seydou Lankoandé. « Pourquoi le quartier était-il consigné ? », reprit le parquet militaire. « Les chefs peuvent préciser. Le sergent est venu me dire de l’accompagner en ville. Je suis allé, j’ai posé des actes. Jugez-moi pour cela », s’est indigné le caporal Seydou Lankoandé. Ayant senti que les multiples questions du Parquet ont mis le caporal hors de lui, le président de la chambre de première instance du Tribunal militaire de Ouagadougou, Seidou Ouédraogo, a suspendu l’audience afin que l’avocat de la défense s’entretienne avec son client. Quelques minutes plus tard, l’audience a repris avec encore les questions du Parquet militaire. Passé cette étape, ce fut au tour des avocats de la partie civile de faire des observations. Dans ce sens, Me Séraphin Somé a fait noter que contrairement à ses activités habituelles, le caporal Lankoandé s’est rendu à la place de la Nation pas pour le sport, mais pour réprimer les manifestants. Après la place de la Nation, il a encore exécuté une autre mission qui a consisté à se rendre au Togo pour  prendre du matériel de maintien d’ordre. Il n’est donc pas question pour lui de nier son implication dans le coup d’Etat manqué.

Issa SIGUIRE

 

 

 

 

 

 


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