HomeA la unePROCES DE SIMONE GBAGBO ET COMPAGNIE :Les embarras de ADO

PROCES DE SIMONE GBAGBO ET COMPAGNIE :Les embarras de ADO


Le moins que l’on puisse dire, c’est que Simone Gbagbo semble une prisonnière bien embarrassante pour le régime d’Alassane Ouattara (ADO), qui rechigne à la livrer à la Cour pénale internationale (CPI) où croupit déjà son mari, mais qui, dans le même temps, peine à ouvrir son procès en Côte d’Ivoire.  Pourtant, la date du 22 octobre avait initialement été donnée par les autorités d’Abidjan, pour l’ouverture du procès, avant d’être reportée sine die.

 

Du reste, l’on a de la peine à comprendre qu’Abidjan ait pu annoncer la date de ce procès tant attendu, sans avoir vérifié au préalable l’état d’avancement du dossier au niveau de la Justice ivoirienne, pour avoir la certitude de sa tenue.  Même si l’on pourrait y voir une démarche visant à montrer  l’indépendance de la Justice, le pouvoir d’Abidjan aurait tort de ne pas regarder de près ce dossier qui s’avère des plus délicats pour lui. Car, assurément, il y joue sa crédibilité. D’autant plus que l’issue de ce procès aura inéluctablement des répercussions sur le climat sociopolitique ivoirien : soit en permettant  de franchir un cap dans le sens de la  réconciliation, soit en contribuant à creuser davantage le fossé entre les Ivoiriens.  Par conséquent, cette détention prolongée sans jugement, dessert le pouvoir d’ADO et met en doute la capacité de la Côte d’Ivoire à tenir un procès équitable en Eburnie. Or, la Justice ivoirienne devrait éviter de donner raison à Fatou Bensouda, au moment où certains sont enclins à penser que les autorités ivoiriennes ont agi, juste pour couper l’herbe sous les pieds de la CPI. Si tel était le cas, l’on pourrait se demander jusqu’à quand Abidjan pourrait tenir une telle position, d’autant plus que la procureure de la Cour internationale n’a pas renoncé à ses poursuites.

En tout cas, à l’allure où vont les choses, si la CPI se manifestait à nouveau, ADO aurait du mal à avancer des arguments valables pour continuer à lui opposer son  refus du transfèrement de l’épouse de son ex-rival politique, à la Haye.

 

Le défi n’est pas seulement que l’ouverture du procès, mais plus encore, sa bonne tenue

 

Et si, au bout du compte, ADO devait se résoudre à livrer Simone Gbagbo à la CPI, soit par contrainte, soit par dépit ou pour toute autre raison, il pourrait non seulement être condamnable d’avoir retardé inutilement la procédure du tribunal international, mais aussi s’attendre à en assumer certaines conséquences qu’il pourrait redouter. Il devrait donc se préparer aussi à livrer de grosses légumes de son camp, toute chose qui pourrait pourtant le mettre bien mal à l’aise ou en délicatesse avec certains de ses partisans. D’autant plus qu’un éventuel transfèrement d’un troisième pro-Gbagbo viendrait confirmer l’argument de la « justice des vainqueurs » que son gouvernement s’emploie pourtant à battre en brèche.

En outre, même s’il le voulait, qui livrer parmi ses partisans et comment le faire sans paraître se tirer une balle dans le pied?  Là est toute la question. Aussi pourrait-on dire qu’ADO est vraiment dans l’embarras, avec ce dossier Simone Gbagbo. Si la CPI n’insistait pas tant pour entendre la prévenue, ADO aurait pu se donner tout le temps et les moyens nécessaires pour traiter ce dossier sans pression. Mais face aux appels répétés de l’institution internationale, tout porte à croire qu’il est tenu d’aménager un tout autre chronogramme. Or, visiblement, la Justice ivoirienne semble éprouver bien des  difficultés avec ce dossier, et ne semble pas véritablement prête à ouvrir le procès. Dans ces conditions, l’on peut craindre qu’en essayant  d’accélérer la procédure, la Justice ivoirienne ne court, dans la précipitation, certains risques, vu le grand nombre de prévenus. A moins que tout cela ne cache finalement une certaine crainte d’entendre de la part des prévenus, certains déballages qui pourraient gêner aux entournures les autorités actuelles.

 

En tout état de cause, après le rendez-vous manqué du 22 octobre dernier,  l’incapacité des autorités à donner une date précise pour l’ouverture du procès de Simone Gbagbo et compagnie en Côte d’Ivoire, montre à souhait toute la délicatesse de ce dossier. Pourtant, le défi n’est pas seulement que l’ouverture du procès, mais plus encore, sa bonne tenue. C’est le véritable pari qu’il faudra gagner.

 

Outélé KEITA


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