HomeA la unePROCESSUS ELECTORAL AU BURUNDI : L’opposition doit continuer à ouvrir l’œil et le bon

PROCESSUS ELECTORAL AU BURUNDI : L’opposition doit continuer à ouvrir l’œil et le bon


La tension a baissé d’un cran au Burundi où l’on s’achemine vers des décisions consensuelles, à propos du processus électoral. Il aura fallu huit heures de débats à Bujumbura, entre la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et les représentants de 18 partis d’opposition. Ces derniers étaient très en colère, à cause des risques de fraudes aux prochains scrutins, dont l’élection présidentielle. Afin de parer à toute éventualité, la Céni avait préconisé des solutions. Elles n’ont pas convaincu. Son président, Pierre-Claver Ndayicariye, va devoir rouvrir partiellement l’enrôlement des électeurs. Ceci, afin de permettre aux militants de l’opposition qui n’avaient pas pu le faire, de se faire inscrire sur les listes. Il est aussi question de l’annulation du vote par procuration lors des différents scrutins de l’année prochaine. L’on espère ainsi parvenir à déjouer les  projets des électeurs qui se sont fait inscrire plus d’une fois.

Tout comme la fraude, le tripatouillage de la Constitution est devenu chose banale en Afrique

Insatisfaite, l’opposition burundaise n’avait pas moins continué à ruer dans les brancards. Elle a exigé une nouvelle réunion d’évaluation de l’enrôlement des électeurs. Mais, celle-ci ne devrait pas être dirigée par la Céni. Le « principe » d’une telle réunion a fini par être accepté. A l’opposition à présent d’être vigilante, et d’exiger que les solutions qui seront retenues fassent l’objet de consensus. Ce, d’autant que l’on sent une forme de collusion entre le pouvoir burundais et l’organisme chargé d’organiser les élections. Cela amène à se demander pourquoi organiser des élections dans certains pays africains.

L’ingénierie de la fraude prospère royalement dans nombre de pays. De l’enrôlement au dépouillement, la fraude s’opère à divers niveaux : la confection du fichier, la distribution des cartes d’électeurs et les résultats, notamment. Tout est possible en amont comme en aval. C’est déplorable. L’opposition devra batailler dur pour éviter que l’actuel chef de l’Etat n’use de voies détournées pour se livrer, comme d’autres, à un tripatouillage de la Constitution. Dans cette optique, l’autre bataille -celle à venir- pourrait constituer une grande victoire pour l’opposition et la société civile burundaises, si elles parvenaient à s’organiser beaucoup plus sérieusement. Le défi à relever est de taille, puisque tout comme la fraude, le tripatouillage de la Constitution est devenu chose banale en Afrique, particulièrement en Afrique centrale.

En effet, dans cette partie du continent, les dirigeants ont pris l’habitude de se maintenir indéfiniment au pouvoir. Ils usent, pour cela, de toutes sortes de subterfuges, y compris la répression, la mainmise sur les ressources nationales qu’ils se plaisent ensuite à dilapider. Toutefois, avec le printemps arabe et les événements survenus récemment au Burkina Faso, les choses tendent à changer. Il ne faut pas se voiler la face : les peuples africains sont mûrs. Cette maturité a été acquise dans la douleur. La jeunesse africaine, par exemple, a trop inutilement attendu des gouvernants qu’ils se préoccupent de son sort. Hélas ! La plupart n’a d’yeux que pour ses proches.

Pierre Nkurunziza voudrait bien pérenniser son assise sur le Burundi

Sans emplois et sans espoir, les jeunes se voient donc contraints de temps à autres, d’aller chercher leur pain quotidien en Occident. Pour que survienne le changement, les générations montantes n’hésitent plus à exposer leur corps aux balles assassines des pouvoirs autocratiques. Ceux qui luttent pour un monde meilleur, ont entrepris à juste raison de combattre sans répit ceux qu’ils identifient comme étant les principaux responsables de leur calvaire. Au nombre de ceux-ci, des gouvernants africains qui ont échoué après des années de gestion du pouvoir d’Etat. Ils sont loin de s’apercevoir qu’autour d’eux, le monde change jour après jour. C’est pourquoi le vent du changement emportera tôt ou tard tous ces princes qui n’ont plus rien à proposer aux générations montantes.

Certes, le pouvoir burundais a reculé facilement devant l’évidence des preuves. Mais, quelles surprises prépare-t-il ? L’opportunité est aujourd’hui donnée à l’opposition de batailler jusqu’au bout. Cette première victoire constitue une victoire d’étape. Il faut poursuivre la lutte, avec encore plus d’acharnement, afin de renforcer les acquis. Car, comme tant d’autres de ses pairs, Pierre Nkurunziza voudrait bien pérenniser son assise sur le Burundi qu’il a tôt fait d’assimiler à un royaume ! En fin de mandat – le deuxième – il donne le sentiment qu’il entend bien demeurer pour longtemps encore, à la tête de la République, sachant pertinemment que son mandat arrive à son terme!

Si l’homme est serein, c’est que ses lieutenants travaillent pour lui. Il sait que tout autour, le pouvoir absolu ne fait pas scandale. Militaire de carrière, Pierre Buyoya a donné l’exemple en cédant le fauteuil présidentiel au terme de son mandat. Pierre Nkurunziza qui est un civil doublé d’un ancien chef de guerre, devrait tirer leçon de certains événements récents sur le continent. Il faut s’en aller lorsque le mandat présidentiel arrive à son terme. Sous peine de se faire chasser comme un malpropre lorsque le peuple excédé, se décide à récupérer son dû !

 

« Le Pays »

 


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