HomeA la unePROJET DE REDUCTION DE LA DUREE DU MANDAT PRESIDENTIEL AU SENEGAL : Macky Sall, la mauvaise conscience des dictateurs africains

PROJET DE REDUCTION DE LA DUREE DU MANDAT PRESIDENTIEL AU SENEGAL : Macky Sall, la mauvaise conscience des dictateurs africains


Le président sénégalais, Macky Sall, a annoncé, le 17 mars dernier, son intention d’organiser un référendum pour réduire la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans, avec effet immédiat. Et ce, dès 2016, pour que le peuple en décide souverainement. Si cela advenait, Macky Sall qui a été élu en 2012, devrait remettre son fauteuil en jeu plus tôt que prévu, soit en 2017 au lieu de 2019, puisqu’il veut que la mesure s’applique à son mandat en cours. Pour un acte hautement patriotique et de courage, c’en est un ; et de ce fait, le président sénégalais confirme, pour ceux qui en doutaient encore, sa fibre de démocrate bon teint. En effet, s’il en était à son dernier mandat que la Constitution de son pays lui permet de briguer et que la mesure ne devait s’appliquer qu’à ses successeurs, l’on trouverait, à juste titre, à redire. Mais là, il n’en est qu’à son premier mandat, n’est pas sûr de rempiler si jamais il devait se représenter, et mieux, il applique la mesure à son mandat en cours qu’il a pourtant arraché de haute lutte contre Abdoulaye Wade. C’est pourquoi l’on peut dire que Sall est proprement démocrate.

Macky Sall est la mauvaise conscience des dictateurs africains

On peut d’autant plus l’affirmer qu’au lieu de la voie parlementaire où, avec la majorité qu’il détient, il aurait facilement pu obtenir gain de cause, il remet la question à l’arbitrage du peuple souverain, en choisissant la voie référendaire. Ainsi, il envoie un message très fort pour signifier qu’il y a une vie après le pouvoir parce que, pour lui, « il faut qu’on comprenne, en Afrique aussi, qu’on est capable de donner la leçon, et que le pouvoir n’est pas une fin en soi ».
De quoi donner de l’urticaire à certains de ses pairs, et pour cause. En tout cas, il n’est pas sûr qu’avec une telle attitude, il augmentera sa cote de sympathie auprès d’eux. Car, là où certains cherchent des lenga* à leurs risques et périls, et que d’autres n’hésitent pas à user de moyens pour embrigader des éléments de la société civile afin de les réduire au silence dans le but inavoué de tripatouiller la Constitution pour conserver leur pouvoir, Macky Sall veut modifier la loi fondamentale sénégalaise pour diminuer voire volontairement renoncer à une partie non négligeable de son mandat dont il ne viendrait à l’idée de personne, même pas ses adversaires les plus farouches, de contester la légalité.
C’est ce qui fait la différence entre les dirigeants et révèle les grands hommes : ceux qui ont de la hauteur de vue, et les dictateurs qui finissent par se croire un destin messianique, soutenus dans leur aventure mégalomaniaque par une cour de courtisans aux motivations uniquement « tube-digestivistes » et « bas-ventristes », juste pour préserver leurs privilèges et autres avantages. Reléguant les intérêts du peuple au second plan.
En cela, Macky Sall voudrait-il être la mauvaise conscience des dictateurs africains qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Au demeurant, par cette attitude, le dirigeant sénégalais renforce l’image de marque de son pays. En ce sens qu’il permet de faire l’heureux constat que le Sénégal se veut un des bastions, un des foyers incandescents de la démocratie sur le continent, à l’image de certains pays comme le Ghana, et dans une moindre mesure le Bénin voire le Niger qui tirent leur épingle du jeu, dans un environnement où la tendance est au tripatouillage des Constitutions pour se maintenir au pouvoir.

La démarche de Macky Sall est empreinte d’altruisme et de sincérité envers son peuple

Au-delà, quand on fait le constat que l’un des principaux maux dont souffre le continent africain aujourd’hui, c’est la mal-gouvernance qui tire sa source principalement de la longévité au pouvoir, l’on peut encourager les Sénégalais à aller dans le sens de leur président. Car, il est de plus en plus certain que l’alternance favorise une meilleure gouvernance, étant donné que quand on sait que l’on doit laisser la place à quelqu’un d’autre, l’on est plus porté à la rigueur, la droiture et la probité pour ne pas traîner de casseroles qui pourraient être plus tard source d’ennuis.
Par ailleurs, venant d’un pays comme le Sénégal, l’attitude de Macky Sall n’étonne pas, car, en dehors de la parenthèse d’Abdoulaye Wade qui a voulu se scotcher au fauteuil présidentiel, Macky Sall se met dans la lignée de ses prédécesseurs Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf, d’éminentes personnalités respectées du continent, qui ont respectivement quitté volontairement le pouvoir en décembre 1980 et en 2000.
Du reste, la lutte pour la question de la limitation des mandats devrait être le cheval de bataille de l’Union africaine (UA) qui dispose d’une charte de la démocratie, mais qui se soucie très peu de son application. Comment peut-il en être autrement quand on sait que les chefs d’Etat du continent ont réussi à faire de cette institution, plus un syndicat qui défend leurs intérêts que ceux des populations qui les ont portés au pouvoir ? Il faut que l’UA change son fusil d’épaule. Et il appartient à tous ces antidémocrates et autres dictateurs du continent, qui veulent ramer à contre-courant de l’histoire, de changer de comportement pour être en phase avec les aspirations de leur peuple.
En tout cas, en s’engageant sur ce chemin, Macky Sall trace la voie à suivre et c’est tout à son honneur. Car, l’on peut dire que sa démarche est empreinte d’altruisme et de sincérité envers son peuple.

« Le Pays »


Comments
  • un bon président respect donc à lui…

    20 mars 2015

Leave A Comment